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Sup. lib. XLVI. n. 23. cons. Aquifgr. c. 115.

P. 1389.

fendoient par leur regle, qui étoit celle d'Aix-la-cha- AN. 1063. pelle, dreffée & approuvée en 816, à la poursuite de l'empereur Louis le débonnaire. Car cette regle leur permet d'avoir des biens en propre, foit de leur pa- 120. 1o. 7. conf. trimoine, foit des oblations, ou des autres revenus de l'églife. Mais Pierre Damien dit, qu'il n'aprouve cette regle, qu'entant qu'elle s'accorde avec les faints docteurs de l'églife, & que dans le refte il la rejette avec mépris. Il l'approuve en ce qu'elle dit, que les clercs doivent fe contenter de la nourriture & du vêtement: mais il la traite d'abfurde, en ce qu'elle leur accorde de plus leur part des oblations, & pretend qu'elle fe contredit, en leur donnant du fuperflu, aprés les avoir réduits au neceffaire.

Il remonte enfuite à l'origine de la vie commune, qui eft l'exemple des Chrétiens de Jerufalem rapporté dans les Actes des apôtres ; & ajoûte: Qu'un clerc qui garde fon bien, ne fuit pas le confeil de la perfection évangelique; & que fi aprés l'avoir quitté il veut profiter du bien de l'églife, ce n'est pas méprifer les richeffes, mais les chercher. Il remarque les inconveniens de la proprieté, qui rend les clercs defobéïffans à leur évêque, foumis aux feculiers, & moins propres au miniftere de la parole. Il conclut en exhortant le pape à reprimer cet abus.

32.

e. 4.

Act. IV. 31.

Luc. XII. 33.

Dés la fin du dixiéme ficcle, plufieurs chapitres de cathedrales & plufieurs abbaïes de chanoines avoient repris la vie commune par les foins de leurs évêques ; comme l'église du Pui, celle de Troïes & celle d'Apt vers 990. Mafcon en 1010. Angoulefme en 1027. Refl.1.p. 24. Aufch en 1040. Maguclone en 1054. l'abbaïe de Dorat en 987. faint Ambroife de Bourges en 1012.

Moulinet.

AN. 1063.

VII.

Concile de

Challon.

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1177.

Sancere en 1025. Epernai en 1035. faint Sauveur de Melun en 1047. mais ces réformes n'étoient que fuivant la regle d'Aix-la-chapelle. Depuis le concile de Rome & l'an 1063. on pouffa la réforme des chanoines jusques à l'exclufion de toute proprieté, les rendant en ce point conformes aux moines. Ceux qui embrafferent cette réforme, furent nommez chanoines religieux ou chanoines réguliers, & ce dernier nom leur eft demeuré.

Hugues abbé de Clugni vint à ce concile de Rome, & fe plaignit de la violence de Drogon évêque Bibl. Cinniac. de Mâcon, qui à la perfuafion de fes domeftiques, principalement de fes clercs, pretendoit établir la jurifdiction fur le monaftere de Clugni. Il y vint donc cette année 1063 accompagné de gens armez pour prêcher dans l'églife de faint Mayeul, fe difant autorifé par le jugement d'un concile. C'étoit apparemment celui d'Anfe tenu en 1025. qui avoit ajugé Goflin évêque de Mâcon, le droit d'ordonner les moines de Clugni. L'évêque Drogon pretendoit donc maintenir fa jurifdiction fur ce monaftere, non comme un droit nouveau, mais comme une ancienne poffeffion; toutefois il trouva une telle réfiftance, qu'il ne put entrer dans l'églife.

to. 9. p. 859. Sup. lib. LIX.

3.7.

Cette entreprise fut le fujet de la plainte que l'abbé Hugues forma devant le concile de Rome. Plufieurs en furent touchez, & témoignerent s'intereffer pour la liberté d'un monaftere fi celebre ; & Pierre Damien entre les autres alla jufques à s'ofPet, Dam. lib, frir à faire pour ce fujet le voïage de Clugni, dans un âge fort avancé. Ce n'eft pas qu'il n'eût grande répugnance à quitter fa chere folitude de Fontavel

VI.epift.2.5.

lane,

lane, mais l'abbé Hugues lui promit qu'il feroit de AN. 1063. retour au premier d'Août; & toutefois il ne put être en Itálie qu'à la fin d'Octobre. Il vint donc en France en qualité de legat du faint fiege, & affembla un concile à Châlon fur Saone, où il corrigea plufieurs abus par l'autorité des canons, & jugea la caufe du monastere de clugni, qui étoit le principal sujet de son voïage.

Sup. lib. Lav

On lut en prefence de tout le concile la charte de la fondation du monaftere, faite par Guillaume duc d'Aquitaine en 910. qui ne laiffe aucun droit sur cette maison, à aucun homme ni à aucune églife, ex- ". 45. cepté au pape feul. On lut auffi les privileges des papes pour la protection & la liberté perpetuelle de ce monaftere. On demanda à tous les évêques s'ils confentoient à l'execution de ces privileges, & ils declarerent qu'ils l'ordonnoient, non feulement par une acclamation commune mais chacun par un fuffrage particulier, même l'évêque de Mâcon comme les autres. Il avoit excommunié les moines de Clugni, mais fous condition, en cette forme: S'il y a dans ce monaftere des perfonnes de ma jurifdiction qu'il me foit permis d'excommunier, je les excommunie. On prétendit toutefois qu'il avoit contrevenu aux privileges des papes, qui défendoient fous peine d'anathême à quelqu'évêque que ce fût, de porter une fentence d'excommunication contre les moines de Clugni. Et quoique l'évêque de Mâcon foûtint qu'il n'avoit point eu connoiffance de ces privileges, le concile ne laiffa pas de l'obliger à faire un ferment fur les évangiles, par lequel il difoit: Quand je vins à Clugni avec émotion, je ne le fis Tome XIII.

S

AN. 1063. pas au mépris du faint fiege, ni du pape Alexandre; & je n'avois pas une entiere connoiffance des privileges qui viennent d'être lûs. Aprés lui quatre clercs de fon églife firent le même ferment: mais le legat en difpenfa deux autres qui devoient auffi le faire. Auffi- tôt l'évêque de Mâcon se profterna fur le pavé, demanda pardon, confessant qu'il avoit peché, & reçut une penitence de fept jours, pendant lefquels il devoit jeûner au pain & à l'eau.

VIII.

Lettres d'Ale

xandre II.

Cone. p. 1131.

Le lendemain, à l'inftante poursuite de ses clercs, il demanda qu'on lût auffi dans le concile le privilege accordé autrefois à fon église par le pape Agapit. Mais on n'y trouva rien outre le droit commun de toutes les églifes; & tous les évêques du concile jugerent qu'il n'y avoit point eu de raison de le lire, parce qu'il ne dérogeoit en rien aux privileges du monaftere lûs le jour précedent. Ainfi la liberté de Clugni fut confirmée, & le differend entre l'évêque de Mâcon & l'abbé entierement terminé.

La legation de Pierre Damien s'étendoit par toute la France, comme il paroît par la lettre du pape Epiß.21 to 9. Alexandre adreffée aux cinq archevêques Gervais de Reims, Richer de Sens, Barthelemi de Tours, Aymon de Bourges & Gofcelin de Bourdeaux. Le pape leur ordonne de recevoir Pierre comme lui-même, & d'obéir à fes jugemens, fous peine d'encourir la difgrace du faint fiege. Par une autre lettre à l'archevêque de Reims en particulier, il paroît que Haderic évêque d'Orleans avoit été accufé de fimonie au concile de Challon, & pour couvrir fon crime avoit trompé Pierre Damien par un faux ferment

Enfuite il refusa d'obéïr aux lettres, par lesquelles le AN. 1963. pape l'appelloit pour en rendre compte. C'est pourquoi le pape ordonna à l'archevêque de Sens de l'excommunier, & exhorta l'archevêque de Reims à l'aider en cette affaire. Il le remercia en même tems d'avoir concouru à chaffer du siege de Chartres un ufurpateur intrus par fimonie, & d'avoir confeillé au roi Philippe de mettre à fa place un digne fujet. Dans une autre lettre il lui ordonne d'anathemati- p. 224 fer Renaud, qui avoit envahi par simonie l'abbaïe de faint Médard, & avoit été condamné en concile par Pierre Damien & par lui; ce qui montre, ou que Gervais aflifta au concile de Mâcon, ou que Pierre Damien en tint plufieurs pendant cette legation en France.

Vers le tems du concile de Rome, le pape Alexandre réunit les deux églifes de Dioclée & d'Antibari en Epire. Dioclée étoit métropole depuis environ deux cens ans : mais ayant été ruinée, les archevêques s'étoient retirez à Antibari ville forte dans la même province. Pierre rempliffoit alors ce siege, & ce fut à fa priere que le pape fit cette réunion. Il donne à l'archevêque autorité fur tous les monafteres de Latins, de Grecs & de Sclaves : car la province étoit mêlée de ces trois nations. Il lui accorde le pallium, & le droit de faire porter la croix de vant lui par toute la Dalmatie & l'Esclavonic. La bulle eft datée du dix-huitiéme de Mars la feconde année du pontificat d'Alexandre, qui eft l'an

1063.

ep. 4.

IX.

Combat dans

La même année il arriva un grand scandale à Goflar en Saxe, réfidence ordinaire du roi. C'étoit une l'églife à Gof

lar.

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