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AN. 1066. ques, par cinq abbez & plusieurs seigneurs, dont le premier eft le duc Harold fucceffeur d'Edouard. La date eft de ce jour vingt-huitiéme de Decembre 1066. mais c'eft en commençant l'année à Noël, comme on faifoit aufli en Allemagne.

La maladie du roi augmentant toûjours, il décla、 ra qu'il avoit vêcu avec la reine comme s'il eût été fon frere, & la recommanda au duc Harold dont elle étoit fœur. Il prit foin auffi de ceux qui l'avoient fuivi de Normandie, & ordonna sa fepulture dans la nouvelle églife d'Oüestminster, défendant de celer fa mort, afin de ne pas retarder les prieres pour fon ame. Enfin il mourut le quatrième de Janvier 1066. indiction quatrième, aprés avoir regné vingt-trois ans, fix mois & vingt-fept jours. En lui finit la race des rois Anglois 620. ans aprés la premiere entrée de Sup.l.xxxiv. la nation en la grande Bretagne, qui fut l'an 446. On rapporte plufieurs miracles du roi Edouard pendant sa vie & aprés fa mort; & il fut canonifé environ foixanR. S. te ans aprés. L'Eglife honore fa memoire le cinquiéme de Janvier fous le nom de faint Edouard le confesseur, pour le diftinguer du martyr.

n.14.xxxvi, n.1.

Martyr. R. s.

Janu.

XIX.

Normandie R.

Gefta Guill. p.

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Auffi-tôt aprés la mort, le duc Harold son beauGuillaume de frere, fe fit couronner roi d'Angleterre par Stigand d'Angleterre. archevêque de Cantorberi, & il regna neuf mois: mais faint Edouard avoit inftitué heritier Guillaume duc de Normandie fon coufin germain, en reconnoiffance des bons traitemens qu'il avoit reçus de fon pere & de lui pendant fon exil; & Harold lui avoit juré fidelité. Ce prince donc réfolu de foutenir fon droit, envoïa à Rome, pour se rendre favorable le pape Alexandre, de qui il reçut un étendart, comme une mar

que

que de la protection de faint Pierre. Enfuite il paffa AN. 1066. en Angleterre, gagna contre Harold la bataille de Haftings le quatorziéme d'Octobre 1066. & le jour de Noël fuivant il fut couronné à Oüestminster par Aldrede archevêque d'Yorc; car il ne voulut pas l'ê- Sup. 1, LX, ni tre par Stigand de Cantorberi, qui avoit été déposé & excommunié par le pape.

54:

Angl. to. 1. Pi.

Pour rendre graces à Dieu de cette victoire & en éternifer le fouvenir, le roi Guillaume fonda un monaftere au lieu même où il avoit gagné la bataille Orderic. lib.4. contre Harold. Il fut dédié en l'honneur de faint init. Monast. Martin, & nommé faint Martin le bel, en latin de 310. Bello. Le roi y donna de grands biens & y mit des moines tirez de Marmoutier prés de Tours. Car ce monaftere étoit un des mieux reglez & des plus fameux de France, depuis que faint Maïeul de Clu- sup.lib.LVIL gni y avoit retabli l'obfervance réguliere. L'abbé de ".. Marmoutier étoit alors Barthelemi, qui gouverna ce fac. 6. par. 2. p. monastere pendant vingt ans depuis 1064. jusques en 1084. & mourut en odeur de fainteté. Il eut beaucoup à fouffrir de Geoffroi le Barbu comte d'Anjou & de Touraine, qui vouloit l'obliger à prendre de lui l'inveftiture de l'abbaïe. On lui demanda de fes moines pour réformer plufieurs monafteres tant en France qu'en Angleterre.

Le roi Guillaume étoit fils bâtard de Robert II. duc de Normandie, à qui il fucceda: mais ses vertus couvrirent le vice de sa naissance. Sa pofterité a toûjours regné depuis en Angleterre, où il porta les mœurs & la langue Françoife. Car les Normans depuis leur établissement en France, c'est-à-dire pendant cent cinquante ans, étoient devenus tout François. Ce regne, Tome XIII.

X

Acta SS. Ben.

384.

AN. 1066.

qui dura vingt-un an, fut un renouvellement pour l'Angleterre, dont l'hiftoire eft beaucoup mieux connue depuis, & dont les rois pendant le fiecle fuivant furent les plus puiffans de la chrétienté. Les Gefta p. 194 lettres y furent cultivées & la religion y prit un nouveau luftre.

Sup. l. LIX. n.

721

Entre les hommes diftinguez par leur favoir & leur pieté, Guillaume n'étant encore que duc de Normandie, avoit pris en affection le moine Lanfranc, dont j'ai déja parlé; il l'avoit admis à fa familiarité intime, & lui communiquoit fes plus fecretes penfées. Enfin il le tira de l'abbaïe du Bec, pour le faire abbé du nouveau monaftere de faint Estienne, qu'il Vita Lanfr.n. Venoit de fonder à Caën. La caufe de cette fondation

9. fac. 6. Bened, fut, que le duc Guillaume avoit époufé Mathilde fille du comte de Flandres, quoiqu'elle fût sa parente. Lanfranc en reprenoit le duc, & le pape mit pour ce fujet toute la Normandie en interdit. Lanfranc alla à Rome, & fit entendre au pape Nicolas II. l'inconvenient de cette cenfure, parce que le duc ne pourroit fe réfoudre à quiter la princeffe qu'il avoit épousée, tant par l'affection qu'il lui portoit, que par la crainte de s'attirer une guerre de la part du comte de Flandres. Le pape touché de ces raisons accorda difpense pour la validité de ce mariage, à condition que le duc & la ducheffe fonderoient chacun un mo

naftere.

que

Ce fut donc en execution de cet ordre du pape, le duc Guillaume fonda deux monafteres à Caën, l'un d'hommes pour lui en l'honneur de faint Estienne, l'autre de femmes pour la ducheffe fon épouse en l'honneur de la fainte Trinité. L'un & l'autre subsistent

encore. Celui de faint Eftienne fondé en 1064. & AN. 1066. Lanfranc à la priere du duc & des seigneurs en fut le premier abbé. Ily attira un grand nombre de bons fujets, & y établit une obfervance trés-exacte. Mais le plus celebre de fes difciples fut Guillaume fils de Rabod évêque de Sées, qui fut le fecond abbé de saint Eftienne de Caën & depuis archevêque de Roüen.

XX.
Ecrit de Lan◄

Pendant que Lanfranc étoit abbé de faint Estienne, il écrivit fon livre de l'euchariftie contre Berenger, franc contre Be adreffé à lui-même en forme de lettre, qui commen- renger. Mabill. praf. z. ce ainsi : Si Dieu vous infpiroit de vouloir bien con- face 6, n. 57a ferer avec moi en quelque lieu convenable, ce seroit un grand bien peut-être pour vous, & certainement pour ceux que vous feduifez. Car il en arriveroit, ou que vous cederiez à l'autorité de toute l'églife, ou que fi vous demeuriez dans vôtre opiniâtreté, ils fe rendroient aux veritez qu'on leur feroit entendre, & que l'églife ne ceffe point d'enfeigner. Mais vous avez pris le parti de foutenir en cachete vôtre erreur devant les ignorans, & de confeffer la foi orthodoxe dans les conciles, non par l'amour de la verité, mais par la crainte de la mort. C'eft pourquoi vous me fuïez, & vous fuïez les perfonnes pieufes qui peuvent juger de vos difcours & des miens, principalement des paffages favorables à vos opinions, que vous inventez par une temerité criminelle, & que vous attribuez aux faints docteurs, par malice ou par ignorance, en citant tel ou tel ouvrage de faint Augustin, de faint Gregoire, de faint Jerôme, ou de quelqu'un de ceux dont l'autorité eft la plus refpectée dans l'églife. Car toutes les chicanes feroient à bout quand on apporteroit les livres, & que l'on montreroit plus

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sup.1.Lx. n. 37

6.1.

clair que le jour, que les paffages que vous en citez font faux ou corrompus.

Enfuite il lui reproche fa condamnation au concile de Rome fous Nicolas II, & l'abjuration qu'il y avoit faite. Au préjudice de laquelle, continue-t-il, vous avez depuis compofé un écrit, auquel j'ai entrepris de répondre en cet ouvrage; & afin que l'on vore plus clairement ce que vous dites & ce que je réponds, je mettrai tour à tour en tête de chaque article votre nom & le mien, fans toutefois répondre à tout, mais abregeant autant qu'il me fera poffible.

Berenger rapportoit une partie de fon abjuration faite fous Nicolas II. difant, que c'étoit un écrit da cardinal Humbert contraire à la verité catholique; & que ce cardinal, qu'il traite de Bourguignon impertinent, l'avoit voulu obliger à profeffer fon erreur. Lanfranc répond: Tous ceux qui ont connu Humbert par eux-mêmes ou par les autres, favent que c'étoit un homme pieux, qui a perfeveré dans la foi chrétienne & dans les bonnes œuvres & tres-inftruit des fciences ecclefiaftiques & feculieres. Le faint pape Leon l'amena à Rome, non de Bourgogne, mais de Lorraine, & l'ordonna archevêque pour prêcher en Sicile: enfuite l'églife Romaine le fit cardinal; & il a vêcu de telle maniere dans cette place, qu'il n'y a jamais eu le moindre foupçon contre fa doctrine. Il préfidoit à tous les conciles & à tous les confeils du faint fiege, comme toute l'église Latine en eft témoin. Quand il auroit été Bourguignon, ce feroit une impertinence de lui reprocher fa patrie; & en foutenant qu'il a écrit contre la verité catholique, ce n'est pas lui feul que vous accufez, ce font les pa

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