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Hift. liv. 1.

n. 3.

Sap.XIV.Is. hift.

liv. LX. n. 13.

XIII.

Justin. apol. p.

61. B.

Apol. Athen. p. 36. C.

des princes, qui n'avoient rien fait pour le meriter : leur bâtir des églifes: leur confacrer des fêtes: comme il fit à Conftantin, fils aîné de l'empereur Bafile Macedonien, pour le confoler de fa mort, imitant en ce point les auteurs de l'idolâtrie. Conftantin Monomaque en voulut faire autant à Zoé à qui il devoit l'empire.

Les trois vices qui ravagerent le plus l'églife d'Occident dans ces malIncontinence heureux tems, furent l'incontinence des clercs, les pillages & les viodu Clergé. lences des laïques, & la fimonie des uns & des autres : tous effets de l'ignorance. Les clercs avoient oublié la dignité de leur profeffion & les puiffantes raifons de cette difcipline de la continence. Ils ne favoient pas que dés l'origine du Chriftianisme, cette vertu angelique en a fait la gloire, & qu'on la montroit aux payens, comme une des preuves des plus fenfibles de fon excellence. L'église ayant donc toûjours un grand nombre de perfonnes de l'un & de l'autre fexe, qui fe confacroient à Dieu par la continence parfaite: rien n'étoit plus raifonnable que de choisir les principaux miniftres dans cette partie la plus pure du troupeau. L'églife en étoit mieux fervie par des hommes, qui degagez des foins d'une 1.Cor. vi. 32.33. famille, n'étoient point partagez, & ne penfoient, comme dit faint Paul, qu'à plaire à Dieu s'appliquant entierement à la priere, à l'étude, à l'inftruction, aux œuvres de charité. Auffi avez-vous vû que cette fainte difcipline du celibat des clercs fuperieurs, s'eft toûjours obfervée dans l'églife: quoi qu'avec plus ou moins d'exactitude, felon les tems & les

Aug.ver, rel. c.

3. n. 5.

Hift. liv. 111. n. 38.7.

lieux.

Mais nos clercs ignorans du neuviéme & du dixiéme fiecle, regardoient cette loi comme un joug intolerable. Leurs fonctions étoient prefque reduites à chanter des pleaumes qu'ils n'entendoient pas, & pratiquer des ceremonies exterieures. Vivant au refte comme le peuple, ils fe perfuaderent aifément qu'ils devoient auffi avoir des femmes; & la multitude des mauvais exemples leur fit regarder le celibat comme impoffible, & par confequent la loi qui l'impofoit comme une tyrannie infuportable Les Grecs furent les premiers, qui dés la fin du feptiéme Hift.l. XL.n.49. fiecle fecoüerent ce joug falutaire par le canon du concile de Trulle, où ils permirent aux prêtres de garder leurs femmes, comme ils font encore & ils prirent pour pretexte un canon de Carthage mal entendu, & les fcandales déja trop frequens chez les Latins. Mais le premier exemHift.l.v..10. ple formel en Occident, eft celui de ce curé du diocefe de Chaalons qui voulut fe marier publiquement, & contre lequel les gens de bien s'éleverent, comme on feroit aujourd'hui : tant on avoit d'horreur d'un mariage fi nouveau.

XIV. Hoftilitezuniverfelles. Hift.l.LIX.n.38.

Les pillages & les violences étoient un refte de la barbarie des peuples du Nort. J'en ai marqué l'origine dans le foible gouvernement de Louis le debonnaire, & le progrez fous fes fucceffeurs ; & certainement il eft étrange que des Chrétiens ignoraffent à un tel point les premiers élemens de la religion & de la politique, qu'ils fe cruffent permis de se faire juftice eux-mêmes, & de prendre les armes contre leurs compapatriotes, comme contre des étrangers. Le fondement de la focieté civi

le

l'eft de renoncer à la force pour fe foumettre à des loix, & à des juges qui les faffent executer; & l'effence du Chriftianisme eft la charité, qui oblige non feulement à ne faire aucun mal au prochain, mais à lui faire tout le bien poffible. Qu'étoit-ce donc, que des Chrétiens toûjours prêts à se venger de leurs freres par les meurtres & les incendies, & ne cherchant la juftice qu'à la pointe de leur épée.

Vous avez vû les plaintes & les remontrances inutiles que l'on faifoit contre ces défordres dans les affemblées des évêques & des feigneurs. Autre preuve de l'ignorance; car il falloit être bien fimple, pour s'imaginer que des exhortations par écrit, & des paffages de l'écriture & des peres feroient tomber les armes des mains à des gens accoûtumez au fang & au pillage. Le remede eut été d'établir des loix tout de nouveau, telles qu'en avoient eû les Grecs, les Romains, & les autres nations policées: mais où trouver alors des legislateurs affez fages pour dreffer de telles loix, & affez éloquens pour en perfuader l'éxecution?

Cependant la difcipline de l'églife periffoit, & les mœurs fe corrompoient de plus en plus. Les nobles cantonnez chacun dans fon château, ne venoient plus aux églifes publiques recevoir les inftructions des évêques. Ils affiftoient aux offices des monafteres voifins, ou fe contentoient des meffes de leurs chapelains, & des curez de leurs ferfs, encore pretendoient-ils les établir & les deftituer comme il leur plaifoit ; & fouvent ils s'attribuoient les dîmes & les autres revenus des églifes. Les évêques ne pouvoient ni corriger ces prêtres, protegez par les feigneurs, beaucoup moins les feigneurs eux-mêmes: ni vifiter leurs diocefes, ni s'affembler pour tenir des conciles ; & quelquefois ils étoient réduits à prendre les armes, pour défendre contre les feigneurs les terres de leurs églifes.

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XV.

Simonic,

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Je regarde encore la fimonie, comme un effet de l'ignorance. Un homme éclairé & perfuadé de la religion Chrétienne, ne s'avisera jamais d'en faire un moyen de s'enrichir. Il comprendra qu'elle eft d'un ordre plus élevé, & nous propose d'autres biens. Simon lui-même n'offroit de l'argent à faint Pierre, que parce qu'il n'entendoit rien à cette 4. vill. 184 celefte doctrine; & ne demandoit qu'à pouvoir communiquer aux autres le don des miracles, pour se faire admirer & amaffer des trefors. Plus les hommes font groffiers & ignorans, plus ils font touchez des biens temporels, & capables d'y tout rapporter. Les biens fpirituels & invisibles, leur paroiffent de belles chimeres : ils s'en moquent & ne comptent pour les biens folides, que ce qu'ils tiennent entre leurs mains. Auffi ne vois-je point de tems où la fimonie ait regné dans l'église fi ouvertement, que dans le dixiéme & l'onziéme fiecle. Les princes qui depuis long-tems s'étoient rendus maîtres des élections, vendoient au plus offrant les évêchez & les abbayes; & les évêques fe recompenfoient en détail de ce qu'ils avoient une fois donné; ordonnant des bift, liv. VII. prêtres pour de l'argent, & fe faifant payer les confecrations d'églifes & les autres fonctions. Voyez le difcours du pape Silveftre II. aux évêques, A des gens peu touchez des veritez de la foi, il femble que

C

n. 11. Mabill, anal. tem. 2. p. 230,`

XVI.

alex. 11. ep. 20.

30. &c. Petr: Dam opufc. VII.c.10.

II.

c'eft faire de rien quelque chofe, que d'amaffer des richeffes en prononçant des paroles & faifant des ceremonies : ils fe croyent plus fins que ceux qui le font gratuitement.

Or la fimonie a été dans tous les tems la ruine de la difcipline & de la morale Chrétienne: dont le premier pas eft le mépris des richeffes, & le renoncement, du moins d'affection, aux biens même que l'on poffede. Car qui enfeignera cette morale fi fublime, quand ceux qui devroient l'enfeigner l'ignorent eux-mêmes: quand le fel de la terre eft corrompu ? Qui ne cherche au contraire à s'enrichir, quand il voit que ni la fcience, ni la vertu n'élevent perfonne aux premieres places; & qu'il n'y a que l'argent & la faveur? Ainfi par un malheureux cercle, l'ignorance & la corruption du cœur produit la fimonie, & la fimonie augmente l'ignorance & le mépris de la vertu.

Ce fut auffi principalement ces trois defordres, la fimonie, les vioPenitences. lences des feigneurs, & l'incontinence des clercs, que les faints de l'onziéme fiecle combattirent avec plus de zele: mais l'ignorance de l'ancienne difcipline, fit que l'on fe méprit dans l'application des remedes. Ils étoient de deux fortes: les penitences, & les cenfures, contre ceux qui ne fe foumettoient pas à la penitence. Les penitences canoniques étoient encore en vigueur à la fin de l'onziéme fiécle, j'en ai rapporté des éxemples; loin de fe plaindre qu'elles fuffent exceffives, on fe plaignoit de certains nouveaux canons fans autorité, qui les avoient notablement diminuées. Mais on s'étoit imaginé, je ne fai fur quel fondement, que chaque peché de même efpece meritoit fa penitence: que fi un homicide, par exemple, devoit être expié par une penitence de dix ans, il falloit cent ans pour dix homicides: ce qui rendoit les penitences impoffibles & les canons ridicules. Auffi n'étoit-ce ainfi que l'entendoient les anciens Je croi bien que le nombre des pechez de même efpece ajoûtoit à la rigueur de la penitence, qui étoit toûjours foumise à la difcretion des évêques : mais enfin elle fe mefuroit à proportion de la vie des hommes, & on n'obligeoit à faire penitence jufqu'à la mort, que-pour certains. crimes les plus énormes.

Hift liv. LVIII. n.52. Burch.lib.

VI. c. 12. 14.

Petr Dam

Vita. SS. Roi. & c. 8,10.

Depuis que l'on eut rendu les penitences impoffibles, à force de les multiplier il fallut venir à des compenfations & des cftimations, telles qu'on les voit dans le decret de Burchard, & dans les écrits de Pierre Damien. C'étoit des Pleaumes, des genuflexions, des coups de difcipline, des aumônes, des pelerinages: toutes actions l'on que faire fans peut fe convertir. "Ainfi celui qui en recitant des Pfeaumes ou fe flagellant, rachetoit en peu de jours plufieurs années de penitence, n'en retiroit pas le fruit qu'elle eût produit: favoir d'exciter & de fortifier les fentimens de componction par de longues & frequentes reflexions; & de détruire les mauvaises habitudes, en demeurant long-tems éloigné des occafions, & pratiquant long-tems les vertus contraires. C'eft ce que ne faifoient pas des genuflexions ou des prieres vocales. Les penitences acquitées par autrui le faifoient beaucoup moins ; & les difciplines qu'un faint moine fe donnoit pour un pecheur, n'étoient pas pour ce

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pecheur des penitences medicinales. Car le peché n'eft pas comme une dette pecuniaire, que tout autre peut payer à la décharge du debiteur &

:

en quelque monnoye que ce foit : c'eft une maladie qu'il faut guerir en tom. 6. conc. la perfonne du malade. Auffi un concile national d'Angleterre tenu 565. l'an 747. condamnoit ces penitences acquitées par autrui & en apor- Hift.l.xxxvIII, toit cette raifon remarquable: que par ce moyen les riches fe fauveroient plus aisement que les pauvres, contre la parole expreffe de l'évangile.

n. 14.

23. 240

Un autre abus furent les penitences forcées. J'en trouve en Espagne Conc. Tolet. 6. hift.liv. LIV. n. dés le feptiéme fiecle. Enfuite les évêques voyant plufieurs pecheurs qui ne venoient point fe foumettre à la penitence, s'en plaignirent dans les Conc. Tribur. parlemens, & prierent le princes de les y contraindre par leur puiffance an. 895. 6. 2. temporelle. C'étoit bien ignorer la nature de la penitence, qui confifte dans le repentir, & dans la converfion du cœur: c'étoit mettre le pecheur, qui pour prévenir la juftice divine, se punit volontairement lui-même, au rang du criminel, que la juftice humaine punit malgré lui. Je compte, 61, 66. entre les penitences forcées, les deffences que les évêques faifoient à des coupables non penitens, de manger de la chair, de porter du linge, de monter à cheval, & d'autres femblables. Si les coupables les observoient, j'admire leur docilité:'ils ne les obfervoient pas, j'admire la fimplicité des évêques.

Hift.liv.11.n.8.

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XVII,

Cenfures,

L'autre remede contre les defordres du dixiéme fiecle, furent les excommunications & les autres cenfures ecclefiaftiques. Le remede étoit bon en foi, mais à force de le pouffer on le rendit inutile. Les cenfures ne font des peines que pour ceux qui les craignent: car que ferviroit de deffendre à un Juif ou à un Mahometan, l'entrée de l'églife ou l'ufage des facremens? Donc quand un Chrétien eft affez méchant pour mépriser les cenfures, ou affez fort pour les violer impunément, elles ne font que l'irriter fans le corriger: parce qu'elles ne font fondées que fur la foi, & fur Cip, ferm. de le refpect de la puiffance de l'églife. Il n'en eft pas de même des peines lapf. aug. 111. temporelles: tout homme craint naturellement la perte de fes biens, de cont. fa liberté, de fa vie.

Ceft fur ces principes que les anciens avoient fi fagement reglé l'usage des peines fpirituelles. La difcipline ne fut jamais plus fevere que du tems des perfecutions. Comme tous ceux qui fe faifoient Chrétiens le faifoient de bonne foi & aprés de longues épreuves, ils étoient dociles & foumis à leurs fuperieurs. Si quelqu'un ne vouloit pas obéir, il avoit toute liberté de fe retirer & de retourner au paganiline, fans être retenu par aucun refpect humain ; & l'église en étoit délivrée. Mais en ces tems là même on évitoit, tant qu'il étoit poffible d'en venir à cette extremité; & l'églife fouffroit dans fon fein jufqu'à de mauvais pafteurs, plûtôt que de s'expofer au peril de rompre l'unité.

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Par. c. 2. n. 8.

Depuis que les Chrétiens furent devenus le plus grand nombre', l'églife fut encore plus refervée à ufer de fon autorité; & faint Auguftin nous apprend, non comme une discipline nouvelle, mais comme l'ancienne tradition qu'elle toleroit les pechez de la multitude, & ibid.n.13.14:

n. 49. so,

n'employoit les peines que contre les particuliers: lorfqu'un méchant fe trouvant feul au milieu d'un grand nombre de bons, il étoit vraifemblable qu'il fe foumettoit, ou que tous s'éleveroient contre lui. Mais, ajoûte-t-il, quand le méchant eft affez fort pour entraîner la multitude, ou quand c'est la multitude qui eft coupable: il ne refte que de gemir devant Dieu, & d'exhorter en general, profitant des occafions où le peuple eft mieux difpofé à s'humilier, comme dans les calamitez publiques.

Hift.liv. XII. n' Suivant ces fages maximes, le pape Jules prit la deffence de faint Atha4.24.liv.xxx nafe perfecuté & écrivit en fa faveur : & le pape Innocent en ufa de même à l'égard de faint Chryfoftome: mais ils fe garderent bien de prononcer ni dépofition, ni excommunication, contre les évêques qui avoient condamné injuftement ces grands faints: fçachant bien qu'ils n'euffent pas été obéis, & que c'eût été commettre inutilement leur autorité. On étoit encore bien plus éloigné d'excommunier les empereurs, fuffent-ils heretiques & perfecuteurs de l'églife, comme Conftantius & Valens au contraire faint Bafile reçût à l'autel l'offrande de ce derliv, xv1. n. 48. nier. C'eft qu'on voyoit clairement, qu'une autre conduite n'eût fait que les irriter davantage. Il eft vrai que Saint Ambroife deffendit à Theodofe l'entrée de l'églife: parce qu'il connoiffoit les pieufes difpofitions de ce prince, & favoit qu'il l'ameneroit par cette rigueur à une penitence falutaire,

9. hift. liv. L. n.
41.52.

Mais je ne comprends pas ce que pretendoit obtenir le pape Nicolas I. par les lettres dures qu'il écrivoit à l'empereur Michel protecteur de Nic. 1. epift. Photius; & fur tout. par la menace, de faire brûler publiquement à Rome la lettre de ce prince. Ne favoit-il pas que c'étoit un jeune extravagant & un impie, comme je viens de le remarquer? A quoi bon ufer de cenfures contre Photius, dont il connoiffoit l'audace & la puiffance? Deflors donc, c'est-à-dire, vers le milieu du neuviéme fiecle, on avoit oublié la difcretion de la fage antiquité. Il fembloit qu'il ne fut queftion que de parler & d'écrire, fans en prevoir les confequences les formules ordinaires d'excommunications étant ufées, comme trop frequentes, on en ajoûta de nouvelles, pour les rendre plus terribles: on employa les noms de Coré, Dathan & Abiron & de Judas, avec toutes les maledictions du pfeaume cent huitiéme, accompagnées de l'extinction des chandelles & du fon des cloches. Je m'imagine voir un foible vieillard, qui fe fentant méprifé de fes enfans, & ne pouvant plus fortir de fon lit pour les châtier comme auparavant; leur jette ce qu'il rencontre fous la main, pour fatisfaire fa colere impuiffante; & forçant le ton de fa voix, les charge, de toutes les imprécations dont il fe peut avifer. On s'éloigna de plus en plus de l'ancienne moderation pendant le dixiéme & l'onziéme fiecle. Les évêques ne confideroient point l'effet des cenfures, mais feulement leur pouvoir & la rigueur du droit: comme s'ils euffent éte forcez par une neceffité fatale à prononcer les peines canoniques contre tous ceux qui les auroient meritées. Ils ne voyoient pas que ces foudres fpirituels portent à faux contre ceux qui

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