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AN. 1070.

Roger.

XXXV.

chevêque de

c. n. II.

A la Pentecôte le roi étant à Oüindfor, donna l'archevêché d'Yorc à Thomas chanoine d'Evreux, & l'évêché de Vincheftre à Vauquelin fon chapellain. Le lendemain il fit tenir un concile où préfida le legat Ermenfroi, car les cardinaux Jean & Pierre étoient partis pour retourner à Rome. En ce concile Algric évêque de Sussex fut déposé, puis mis en prifon. On dépofa auffi plufieurs abbez: puis le roi donna à Arefaste l'évêche d'Estangle, & à Stigand celui de Suffex. Ils étoient l'un & l'autre fes chapellains; & il donna des abbaïes à quelques moines Nor

mans.

Mais pour remplir le fiege de Cantorberi, la preLanfranc at miere place de l'églife d'Angleterre, il choisit LanCantorberi. franc qu'il avoit fait abbé de faint Eftienne de Caën. VitaC. S. m. 11. Aprés la mort de Maurille archevêque de Roüen arrivée en 1067. le clergé & le peuple assemblez avoient voulu élire Lanfranc pour lui fucceder; mais il fit tant de resistance qu'il l'évita, ne fe trouvant que trop chargé de l'abbaïe qu'il auroit quittée s'il avoit pû le faire en confcience. Le roi fit donc paffer à l'archevêché de Rouen, Jean qu'il avoit déja fait évêque d'Avranches ; mais pour obtenir du pape cette tranflation, il envoïa à Rome l'abbé Lanfranc, qui rapporta le pallium à l'archevêque Jean, & celuici tint le fiege de Rouen douze ans.

Le roi Guillaume étant réfolu, par le confeil des feigneurs, à mettre Lanfranc fur le fiege de Cantorberi, envoïa en Normandie les legats Ermenfroi évêque de Sion & Hubert foudiacre cardinal, qui affemblerent un concile des évêques & des abbez de la province, où ils déclarerent à Lanfranc la volonté

du

du roi, qui étoit auffi la leur & des autres prelats. AN. 1070.
Lanfranc en fut tellement affligé & troublé, qu'ils cru-
rent qu'il refuseroit abfolument. Il representoit fa foi-
bleffe & fon indignité, qu'il n'entendoit point la lan-
gue du païs, qu'il auroit affaire à des nations barbares:
mais ces raifons ne furent point écoutées. Toutefois
comme il agiffoit toûjours avec difcretion, il demanda
du tems pour déliberer. Mais le roi avoit fi bien pris
fes mefures, que tout le monde lui confeilla & le preffa
d'accepter, même Helloüin abbé du Bec, qu'il regar-
doit toûjours comme fon pere. Ce n'eft pas que ce faint
homme n'eût grand regret à perdre un ami fi cher, &
qui lui avoit été fi utile pour l'établissement de fon
monastere: mais il n'ofoit s'opposer à la volonté de
Dieu, & à une vocation si manifefte.

22

Lanfranc bien affligé réfolut donc de passer en Angleterre pour dire au roi fes excuses, ne croïant pas qu'on le pût forcer à recevoir cette dignité. Le roi le reçut avec une grande joye & un grand respect, & vainquit enfin sa résistance. Il appella les premiers de l'églife de Cantorberi & grand nombre de prelats & de feigneurs du roïaume, & déclara Lanfranc arche-Roger p.453a. vêque de Cantorberi le jour de l'affomption de Nôtre-ViraLanfr. Dame. Il fut facré dans fon église metropolitaine le dimanche vingt-neuvième du même mois d'Août 1070. jour de la décollation de faint Jean. Il fut facré, dis-je, par fes fuffragans Guillaume évêque de Londres, Sivard de Rocheftre, Vauquelin de Vinchestre, Remi de Lincolne, Herfafte de Tetford, Stigand de Selfei, Herman de Schireburne & Gison de Veli. Les autres qui étoient abfens envoïerent leurs excufes par députez.

Tome XIII.

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La même année Thomas élû archevêque d'Yorc, vint fe presenter à Lanfranc, pour être facré de fa main, fuivant l'ancienne coûtume. Lanfranc lui demanda une proteftation de fon obéiffance par écrit & avec ferment, comme fes predeceffeurs l'avoient donnée: mais Thomas répondit, qu'il ne le feroit point, fi on ne lui prouvoit par écrit & par témoins qu'il le devoit faire, & qu'il le pouvoit fans porter préjudice à fon églife. Ce refus venoit d'ignorance plûtôt que de prefomption: car ce prelat qui étoit nouveau en Angleterre, & en ignoroit abfolument les ufages, ajoûtoit trop de foi aux difcours des flateurs, particulierement d'Odon évêque de Baïeux, frere uterin du roi, qui étoit comme fon lieutenant en Angleterre. Lanfranc montra la justice de fa pretention en prefence de quelques évêques qui étoient venus pour le facre de Thomas mais celui-ci ne voulut rien écouter, & retourna fans être facré.

Le roi prévenu par fon frere en fut irrité contre Lanfranc, croïant qu'il fe prévaloit de fa capacité, pour appuier une prétention injufte. Mais peu de jours aprés Lanfranc vint à la cour, demanda audiance au roi, & lur aïant rendu raifon de fa conduite l'appaifa, & mit de fon côté les Anglois qui fe trouverent prefens. Car étant inftruits de l'ufage du païs, ils rendoient témoignage à la juftice de la cause. Ainfi le roi, du confentement de tous, ordonna que pour lors Thomas viendroit à Cantorberi, & donneroit à Lanfranc fa proteftation folemnelle d'obéïffance en tout ce qui regardoit la religion: mais que fes fucceffeurs ne la donneroient qu'aprés qu'il auroit été prouvé dans un concile, que les archevêques d'Yorc

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203 avoient toûjours rendu cette foumiffion à ceux de AN. 1071. Cantorberi. Thomas fut facré à ces conditions; & peu de tems aprés Lanfranc demanda & reçut la proteftation d'obéiffance de tous les évêques du roïaume d'Angleterre, qui avoient été facrez du tems Stigand par d'autres archevêques ou par le pape.

XXXVI.

Lanfranc à Ro

me.

L'année fuivante 1071. les deux archevêques Lanfranc & Thomas, allerent à Rome demander le pallium. Le pape Alexandre reçut Lanfranc avec grand Vita c.11.n.34, honneur, jufques à fe lever devant lui, & dit: Je ne l'ai pas fait, parce qu'il eft archevêque de Cantorberi, mais parce que j'ai été fon diciple au Bec. Lanfranc avoit aufli inftruit en cette école des parens du pape; ce qui montre combien elle étoit celebre. Le pape lui donna deux palliums pour lui feul : l'un que Lanfranc prit fur l'autel, fuivant l'ufage de Rome, l'autre que le pape lui prefenta de fa main en figne d'amitié; & on ne trouve que deux autres exemples Mabill, bie. de ces deux palliums, l'un pour Hincmar de Reims, l'autre pour Brunon de Cologne. Thomas étoit accufé d'avoir reçu du roi Guillaume l'archevêché d'Yorc, pour récompenfe du service de guerre qu'il lui avoit rendu dans la conquête de l'Angleterre ; & Remi évêque de Lincolne, qui étoit venu à Rome avec les deux archevêques, avoit été auffi jugé indigne de l'épifcopat, parce qu'il étoit fils d'un prêtre ; & on leur avoit ôté à l'un & à l'autre l'anneau & le bâton paftoral. Mais le pape, à la priere de Lanfranc, les rétablit tous deux, lui laiffant le jugement de leur cause; & ils reçurent de la main de Lanfranc l'anneau & le bâton. Toutefois l'archevêque Thomas renou- Malmesb. Ponvella en prefence du pape sa prétention contre la pri- tif. p. 206.

AN. 1071.

alex, ep. 10!

matie de Cantorberi, foutenant que l'église d'Yorc lui étoit égale, & que fuivant la conftitution de faint Gregoire, l'une ne devoit point être foumise à l'autre, feulement que celui des deux archevêques, qui étoit le plus ancien d'ordination, devoit avoir la preffeance. Il prétendoit de plus avoir jurifdiction fur les trois évêques de Dorceftre ou Lincolne, de Vorcheftre & de Licifeld, depuis Cheftre. Lanfranc, quoi qu'indigné de ce procedé, répondit modeftement, que la propofition de Thomas n'étoit pas veritable, & que la Conftitution de faint Gregoire ne regardoit pas l'églife de Cantorberi, par rapport à celle d'Yorc, mais à l'égard de celle de Londres. Le pape Alexandre décida, que ce differend entre les deux archevêques devoit être examiné & jugé en Angleterre par tous les évêques & les abbez du roïaume, & bien que Lanfranc fût affuré pour fon tems de la foumiffion de Thomas, par la promeffe qu'il lui en avoit faite, il aima mieux travailler pour fes fucceffeurs, que leur laiffer ce differend à terminer.

Le pape chargea Lanfranc d'une lettre pour le roi d'Angleterre, où aprés avoir loüé fon zèle pour la religion, il l'exhorta à fuivre les confeils de Lanfranc pour l'execution de fes bons deffeins, déclarant qu'il avoit regret de ne le pouvoir retenir à Rome. Mais, ajoûte-t-il, nous nous confolons de fon absence, par l'utilité qu'en reçoit vôtre roïaume. Il ajoûte qu'il a donné à Lanfranc toute l'autorité du faint fiege, pour l'examen & le jugement de toutes les affaires, c'eftà-dire, qu'il l'a établi legat dans le roïaume d'AnMonafteres en gleterre.

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Sardaigne.

La même année 1701. le pape Alexandre II. fit la

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