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AN. 1972.

254.

avoit écrit au pape, le priant d'executer la résolution qu'il avoit prife d'abfoudre ce prelat, & lui reprefen- . c. 3. Be. tant qu'il n'étoit pas raifonnable de laiffer perir pour med no 48. p. la faute d'un feul une fi grande multitude de perfon- Lib. 1. epift.i4. Lib.epif nes rachetées par le fang de Jefus Chrift. Toutefois l'archevêque mourut le premier jour de Janvier 1070. fans avoir été abfous; & quelque tems aprés le pape Alexandre envoïa Pierre Damien à Ravenne, avec pouvoir de lever l'excommunication dont le peuple étoit encore chargé, jugeant que perfonne n'étoit plus propre à cette fonction que Pierre, tant pour l'autorité qu'il avoit par lui-même, que parce qu'il étoit enfant de cette églife. · Bien qu'il fût accablé de vieillesse, il accepta volontiers cette commiflion: il fut reçu à Ravenne avec grande joïe, & tous aïant humblement accepté la penitence que leur faute meritoit, il leur donna l'absolution.

Retournant à Rome la premiere journée, il logca à Faïence au monaftere de Nôtre Dame hors de la porte, où la fiévre le prit. Elle fe fortifia de jour en jour; & vers la minuit du huitiéme, il fit reciter autour de fon lit par les moines qui l'accompagnoient, les nocturnes & les matines de la chaire faint Pierre qui fe rencontroit ce jour-là. Peu de tems aprés qu'ils eurent achevé il rendit l'efprit, le vingt-deuxième de Fevrier 1072. Il fut enterré avec un grand concours de peuple dans l'églife du même monaftere, qui depuis a paffé à l'ordre de Cifteaux; & il eft honoré comme faint dans l'églife de Faïence.

Il pratiquoit le premier l'aufterité qu'il recommandoit aux autres, & ne s'en relâcha point dans fa vieilleffe. Quand il revenoit à fon defert, il s'enfer

Vita n. 40

AN. 1072.

Carm. 183.

184. 185.

XLIII.

Damien.

moit dans fa cellule comme en une prifon, & jeûnoit tous les jours hors les fêtes, vivant de pain de fon & d'eau gardée du jour précedent. Son corps étoit serré de tous côtez de plufieurs liens de fer, & il ne laiffoit pas de fe donner fouvent la difcipline. En chapitre après avoir fait l'exhortation, il fe levoit de fon fiege, difoit fes coulpes & fe faifoit donner la difcipline des deux côtez fuivant la coûtume. Jean fon disciple, qui a écrit fa vie, dit qu'il l'a vû pendant quarante jours n'avoir pris aucune nourriture qui eût paffé par le feu, mais feulement des fruits & des herbes crues, fans boire. Il dit avoir oui dire aux autres, qu'il avoit une autrefois paffé quarante jours fans autre nourriture qu'un peu de legumes trempées. Toutefois quand il fe fentoit trop affoibli, il ufoit de quelque relâchement pour se rétablir, & confeilloit aux autres de faire de même. Au commencement des deux carêmes, devant Pâques & devant Noël, il paffoit trois jours fans prendre aucune nourriture Il couchoit fur une nate de jonc, & ne s'appuïoit jamais pendant l'office divin. Il travailloit des mains & faifoit de petits presens de cuilleres de bois de fa fa

çon.

Il nous refte de lui grand nombre d'écrits; savoir, Ecrits de S. P. cent cinquante-huit lettres diftribuées en huit livres, felon la qualité des perfonnes à qui elles font adreffées. Soixante & quinze fermons, cinq vies des faints, favoir de faint Odilon de Clugni, de faint Maur évêque de Cefene, de faint Romuald, de faint Rodolfe d'Eugubio & de faint Dominique le cuiraffé en un Baron. in Mar- même difcours; de fainte Lucille & de fainte Flore vierges & martyres dont on ne fait rien de certain.

tyr. 29.Jul.

Nous

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14.

Nous avons aufli foixante opufcules de Pierre Da- AN. 1072. mien, qui font les plus confiderables de ses écrits ; & enfin quelques prieres, quelques hymnes & d'autres Tillem. to. 4. p. poëfies. Ces écrits en general refpirent un grand zele pour la perfection des mœurs & la pureté de la difcipline, & montrent une érudition fort étendue pour le tems. Mais il y a peu de jufteffe dans les raisonnemens: les preuves les plus ordinaires font des fens al- 0. legoriques de l'écriture, fouvent forcez; ou des арра- V. Opufc.33.34. ritions des morts & d'autres hiftoires plus merveilleu- 35. 42. fes que vrai-femblables. Son stile a de la force, quoique long & embarassé.

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V.Opufc.32.44.

XLIV.

Ceremonies.

& cap. 7.

6.-2.

c.6.

Outre les opufcules dont j'ai parlé, voici ceux qui me paroiffent les plus remarquables. Le traité des heures canoniales adreffé à un feigneur laïque, à qui il pufc. X. praf. preferit de les dire tous les jours, comme étant un devoir de tous les Chrétiens. Il compte fept heures pour le jour : matines ou laudes, car c'est la même, prime, tierce, sexte, none, vêpres & complies; & pour la nuit les vigiles ou nocturnes aufquels il marque que le peuple n'affiftoit point. Ou felon une autre divifion, quatre heures pour la nuit, favoir vêpres complies, les nocturnes & les matines; & les quatre autres pour le jour. Il marque la difference de l'office des moines & de celui des clercs, telle que nous la voïons; & l'introduction nouvelle du fymbole de faint Athanafe à prime. Il recommande au feigneur à qui il écrit, de ne jamais manquer à ce devoir, même en marchant à cheval, ou en quelque occupation que ce foit : ce qui marque bien qu'il comptoit, que l'on devoit dire les prieres à leurs heures. Il ajoûte: Si vous ne favez pas lire, vous pourrez accomplir Tome XIII.

Ec

C. 2.4. S.

c. zi

c. 7.

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vôtre defir par la feule oraifon dominicale, entendant fans doute qu'on la répete un grand nombre de fois. Il exhorte à dire auffi tous les jours les heures de la Vierge.

Quelques ermites doutoient, fi difant l'office feuls ils devoient demander la benediction pour les leçons, & dire avant les oraifons Dominus vobifcum. Car, difoient-ils, à qui adreffons-nous ces paroles? eft-ce aux pierres ou aux planches de nôtre cellule ? Les autres craignoient de manquer à aucune observance de la tradition ecclefiaftique. Saint Pierre Damien fit sur cette queftion un traité particulier adreffé à un reclus nommé Leon, qu'il regardoit comme fon maître dans la vie fpirituelle. Là il décide que recitant l'office en particulier, on doit tout dire, comme fion le recitoit en commun; parce, dit il, que celui qui dit l'office canonial parle au nom de toute l'églife & la reprefente. Autrement il faudroit retrancher tout ce qui fe dit en pluriel, comme l'invitatoire: Venite exultemus & jusques à l'oremus ; & les docteurs de l'églife n'ont point fait pour les particuliers un autre office que pour le public.

Il fe plaint à l'archevêque de Befançon de l'abus qu'il avoit vû dans son églife, où les clercs étoient affis pour la plûpart pendant l'office, & même pendant la meffe. Il foutient, que non feulement les clercs, mais les laïques & les femmes mêmes, doivent aflifter debout à l'office, & ne s'affeoir que pendant les leçons des nocturnes, s'ils n'y font obligez par leur mauvaise santé. Et il dit en avoir vû plufieurs, même des laïques, qui demeuroient toûjours debout fans aucun appui.

Sup. lib. LIX:

Dans un ouvrage adreffé à fes ermites, il soutient AN. 1072. le jeûne du famedi, qui de l'églife Romaine, où il avoit toûjours été pratiqué, commençoit à s'étendre Sy à tout l'Occident. Il dit en ce traité ces paroles re- .28. n. 74. marquables: Nous devons prendre garde, mes chers freres, que cette vie fi fainte (il parle de leur observance )` ne fe relâche de nôtre tems; & diminuant peu .4. peu, ne s'aboliffe entierement. Nous favons que d'une observance autrefois trés-rigoureuse, à peine en voïons-nous aujourd'hui de foibles reftes; & comme nous ne rétabliffons point ce que nos predeceffeurs ont obmis, ainfi nos fucceffeurs ne répareront point les breches de nôtre negligence, & nous ferons coupables de la leur. Ils diront qu'ils ne font pas meilleurs que leurs peres, & qu'ils s'en font tenus à ce qu'ils ont trouvé établi. Délivrons nôtre tems de ce reproche, & tranfmettons fidellement à nos enfans l'exemple de vertu que nous avons reçue de nos peres. Il écrit encore à fes ermites, pour conferver les jeûnes de quelques vigiles que l'on negligeoit. La veille de Noël, ou, bien que l'on ne mangeât que le foir, quelques uns beuvoient du vin & mangeoient plufieurs mets cuits & préparez avec foin. Des ecclefiaftiques mêmes en ufoient ainfi, fous pretexte d'avoir plus de force pour chanter l'office. Il foutient que l'on doit jeûner la veille de l'Epiphanie, & ne dire la messe qu'à none, quoique l'usage fût déja contraire. Parlant du samedi saint, il dit, qu'on le jeûnoit plus rigoureusement que les autres famedis: mais qu'en quelques lieux on fe relâchoit de cette obfervance, en faveur des infirmes, ou de ceux qui venoient de loin ecevoir le baptême. Il ajoûte, que le samedi faint il est

Opufc. LV.

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