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AN. 1072.

6. I.

défendu de dire la meffe le jour, & ordonné de la dire la nuit; afin que le baptême general foit celebré entre la mort & la refurrection de Jefus-Chrift. Il recommande le jeûne des grandes & des petites litanies, c'est-à-dire de faint Marc & des Rogations, nonobftant le tems pafcal, & toutes les vigiles des apôtres fans diftinction.

La défenfe de celebrer les nôces en Carême, comOpufc. XLI. mençoit alors dés la Septuagefime, & s'étendoit auffi outre l'Avent au Carême de la faint Jean, qui étoit de trois semaines. Or quelques uns pretendoient que l'on pouvoit fe marier pendant ce tems, pourvû que l'on remit la confommation du mariage au tems où il étoit libre de le contracter. Pierre Damien s'éleve contre cette erreur, & foutient que ces mariages font nuls; parce que l'union des corps n'eft pas essentielle au mariage, qui confifte principalement dans le confentement folemnel. Il remarque que les canons ordonnoient quarante jours de penitence aux perfonnes mariées, qui ne gardoient pas la continence pendant le Carême.

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XLV.

naftique. Opufc. XII.

@.2.

Dans un autre ouvrage il fe plaint, que la corrupDifcipline motion des mœurs n'a pas feulement infecté les feculiers, mais les moines mêmes. Nous, dit-il, qui nous glorifions d'avoir renoncé au monde, pourquoi retournons-nous aux biens que nous avons méprifez pour l'amour de Dieu; pourquoi recherchons-nous contre toutes les loix divines & humaines ce qu'elles nous permettoient de poffeder quand nous l'avons quitté? Mais, dira quelqu'un de ces moines proprietaires, je garde trés-peu d'argent & feulement pour la neceflité; je ne reçois rien des biens du monaftere, fi je me

défais du peu que j'ai, comment vivrai-je ? Pierre AN. 1071. Damien répond: Le monaftere vous doit fournir vos besoins en efpece, non pas en argent : un habit, par exemple, pour les vêtir auffi-tôt. Que n'en usez-vous de même à l'égard de ce que vous recevez du dehors? que ne l'emploïez-vous à vos befoins au lieu de le garder en argent?

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c. 9.

C. 1

Aprés le vice de proprieté, il attaque l'inquietude des moines & leurs frequens voïages. Quelques uns dit-il, quittent le monde pour en éviter l'agitation & trouver du repos dans un monaftere: mais quand ils y font l'inquietude les prend, & ils s'imaginent être en prifon. Les feculiers en font fcandalifez, & c. 10. détournez d'embraffer la vie monaftique. Car, difent-ils, qui étoit plus fervent qu'un tel lorsqu'il eft entré dans le monaftere? Il a déja oublié ce qu'il a promis, & ne respire que l'efprit du fiecle: il eft plus du monde que moi fous un autre habit. Cette inquietude attire toutes fortes de relâchemens. Un moine en voïage ne peut jeûner, les honnêtetez preffantes de fes hôtes ne le permettent pas : fouvent même il ne garde pas la mefure de la fobrieté, de peur de paffer pour incivil ou pour hypocrite. Les difcours de ceux qui l'accompagnent l'empêchent de pfalmodier avec attention. Il ne peut chanter la nuit, parce qu'il n'eft pas feul, ni faire des genuflexions, parce qu'il eft fatigué; ni garder le filence, parce qu'il fe trouve fouvent en neceffité de le rompre. Il cft trop diffipé pour s'appliquer à la lecture ou à l'oraison: il voit fouvent des objets dangereux pour la chafteté, du moins de l'efprit les contre - tems frequens l'expofent à des mouvemens d'impatience, & à des paroles qu'il faut E e iij

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enfuite expier par des larmes. S'il prêche ceux au milieu defquels il fe trouve, la vaine gloire l'attaque : s'il garde le filence, il s'accufe d'être inutile au prochain. Mais quand il rentre dans fa cellule, tout ce qu'il a vû & tout ce qu'il a oüi se presente en foule à fon imagination, principalement quand il veut s'appliquer à la priere; & plus il fait d'effort pour chaffer ces images importunes, plus il en eft inquieté. Enfin le moine qui fort, ne peut guere éviter de communiquer avec des pecheurs excommuniez, ou dignes de l'être ce qui eft prefque le même. Car l'auteur tenoit pour excommuniez, tous ceux qui avoient encouru l'excommunication portée par les decrets des

conciles anciens ou modernes.

Le moine qui fort ne peut entierement éviter le vice de proprieté, fous pretexte des neceffitez du voïage. Il veut auffi être plus proprement vêtu pour paroître en public, & ne s'aperçoit pas qu'il fe rend par là plus méprifable aux feculiers. D'autres au contraire affectent de porter des habits extraordinairement pauvres & difformes, pour attirer les yeux du peuple & fe faire montrer au doigt comme des prodiges de mortification. Les vrais parfaits n'affectent rien, & ne refusent pas des habits précieux fi l'occasion le demande.

Le relâchement le plus déplorable est celui des ermites, dont quelques-uns ne demeurent dans leurs cellules qu'en Carême, & fe promenent tout le refte de l'année. L'habitude de garder la cellule la fait trouver agreable, les courfes la rendent horrible. La vie eremitique eft douce fi elle eft continuelle, mais fi elle est interrompuë, c'est un tourment, L'autorité

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d'un moine absent eft grande; mais elle s'évanouit AN. 1072. par fa prefence. Le monde écoutoit autrefois les prédications des moines, aujourd'hui perfonne n'en eft touché. C'est inutilement qu'on donne des avis aux princes & aux papes: les évêques trouvent mauvais que nous parlions dans les conciles contre leurs defordres, je le fai par experience. Il ne reste aux moines de bon parti, que de conferver le repos de leur foli- «.32. tude.

Pierre Damien blâme un ermite, qui étant forti du monaftere peu aprés fa converfion, & avant que d'être fuffisamment éprouvé, avoit choifi fa demeu- opusa. LI. c. 3. re dans une grande ville, & lui dit: Ceux qui cherchent la folitude dans les villes, comme fi on manquoit de forêts, donnent lieu de croire qu'ils ne defirent pas la perfection de la vie folitaire, mais la gloire qui en revient. Là entouré du peuple qui vous estime, Vous ne dites rien qui ne foit reçu comme un oracle; & vous ne vous mesurez pas fur le témoignage de vôtre confcience, mais fur l'opinion de cette multitude qui vous flate. Elle fe païe de la pâleur de vôtre vifage, & s'étonne du feul nom de jeûne. Car c'eft un prodige dans une ville de s'abstenir de vin, & dans le defert c'est une honte d'en boire. L'huile eft comptée dans le defert pour de grandes délices, le peuple regarde comme une grande abstinence de ne point manger de graiffe. Aller nuds pieds eft la regle du defert, dans la ville c'est une aufterité exceffive. La rareté rend ici merveilleux ce qui n'eft ailleurs que la vie ordinaire des ermites.

Dans un autre opufcule Pierre Damien combat op. x, T'opinion d'un évêque, qui foutenoit que ceux qui

3. n. 29.

Idem.prafa. Jac.

4. n. 191.

AN. 1072. avoient pris l'habit monastique étant malades à l'extremité, pouvoient le quitter s'ils revenoient en fanSup. lib. XL.n. té, & reprendre la vie feculiere. J'ai raporté plufieurs Mabill.praf.fac. exemples de cet ufage depuis la fin du feptième fie1. Actor. n. 105. cle. C'étoit une des manieres de professer à l'article de la mort la penitence publique, & de s'engager dans l'état monastique fans probation precedente. Car anciennement la prise d'habit & la profeffion n'étoient point feparées, fuivant la regle de faint Benoift, & on n'y étoit reçu régulierement qu'aprés Opusc. XVI. c. l'année de probation. C'est fur quoi le fondoit cet évêque que Pierre Damien combat, & il foutenoit que ceux qui avoient pris l'habit monaftique fans noviciat precedent, n'étoient point engagez.

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c. 9.

C. 8.

c. S.

Pierre Damien en avertit le pape, qui écrivit à Gifler évêque d'Offimo, de réprimer cette erreur, & de fraper d'anathême ceux qui la foutiendroient opiniâtrement. C'est à cet évêque Giller à qui Pierre adreffe fon traité pour la refuter. Il soutient que la probation n'a été ordonnée que comme une précaution contre la legereté ou la diffimulation de ceux qui fe prefentent pour embraffer la vie monaftique non comme une condition neceffaire, & que le fupericur peut en difpenfer quand il eft fuffisamment perfuadé de la fermeté du poftulant, & de la fincerité de la converfion. Enfin que la profeffion eft irrevocable de quelque maniere qu'elle se fasse, pourvû que ce foit avec une pleine volonté. Il apporte l'exemple du baptême, qui n'est pas moins valable quand il est donné d'abord', qu'aprés de longues épreuves, & des enfans offerts au monaftere par leurs parens fuivant la regle de saint Benoift. Nous avons toutefois une let

tre

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