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tre du pape Alexandre II. où il declare, qu'un prê- AN. 1072. tre qui étant malade a promis verbalement de fe faire lex. ep. 26. moine, fans s'être livré à un monaftere ou à un abbé, n'a point perdu son benefice. Parce, dit, le pape, que faint Benoift & faint Gregoire ont défendu qu'on fe fît moine avant une année de probation.

6. I.

Dans un autre ouvrage Pierre Damien fe plaint de Opusc,XXVI, l'ignorance des prêtres, qui étoit telle, qu'il s'en trouvoit qui favoient à peine lire deux fyllabes de suite. Comment peuvent ils, dit-il, prier pour le peuple, & offrir à Dieu, felon l'apôtre, un fervice raifonnable, Rom, XII. 1, puifqu'ils n'entendent pas ce qu'ils disent? Ainfi le peuple demeurant fans inftruction, s'abandonne à toutes fortes de vices. Les prêtres mêmes vivent comme le peuple: ils plaident & fe querellent comme les autres, & vont offrir le faint facrifice pleins de leurs paffions. Leur negligence pour le service du saint autel eft fi grande, que leurs calices font d'étain ou d'autre vil métail, craffeux & enroüillez, ils enveloppent le corps de Nôtre-Seigneur dans un linge fale: les napes font ufées & déchirées, les ornemens & les livres à proportion. Les hommes legers s'en moquent, les fages en gemiffent. L'auteur rejette tous ces maux fur la negligence des évêques. C'est ce qui m'a paru de plus remarquable dans les écrits de faint Pierre Damien.

Adalbert archevêque de Brême avoit repris le premier rang à la cour du roi Henri; & triomphant de fes concurrens, qui l'avoient chaffé quelques années auparavant, il poffedoit feul ce jeune prince, & regnoit prefque avec lui, tant il avoit fû le gagner adroitement. Se sentant épuisé de vieillesse & de maTome XIII.

Ff

XLVI

Find'Adalbert archevêque de Lambert; an;

Brême.

1072.

Sup. n. 23

AN. 1072.

ladie, il emploïa tout l'art des medecins à combattre long-tems la mort; & mourut enfin vers la mi-carêAdam. lib. IV. me le vendredi feiziéme de Mars 102. Il avoit de 6.33.35. p.59 grandes qualitez: beaucoup de zele pour l'accroiffement de la religion, une liberalité fans bornes, une devotion tendre, jufques à fondre en larmes en offrant le faint facrifice on tenoit qu'il avoit gardé la virginité. Mais ces vertus étoient obfcurcies par fon ambition, fa paffion de gouverner fous pretexte du bien de l'église & de l'état, fa dureté envers fes fujets, sa vanité & la creance qu'il donnoit à fes flateurs: car ces defauts deshonorerent principalement la fin de sa vie. Il mourut à Goflar où étoit la cour, & fut rapporté à fon église de Brême.

Sup. LX. n. 57.

6. 42.

Il eut toûjours un grand foin de fa miffion du Nord, comme j'ai déja marqué, & y voïant un nombre fufAdam. lib IV. fifant d'évêques, il refolut de tenir pour la premiere fois un concile en Danemarc, parce qu'il en trouva la commodité, & qu'il y avoit plufieurs abus à corriger dans ces nouvelles églifes. Les évêques vendoient l'ordination, les peuples ne vouloient point donner les dîmes, & s'abandonnoient aux excés de bouche & aux femmes. Il convoqua donc ce concile à Slefvic par l'autorité du pape dont il étoit legat, & avec le fecours du roi de Danemarc : mais les évêques d'outre-mer fe firent long-tems attendre. On voit fur ce fujet une lettre du pape Alexandre II. à tous les évêques de Danemarc.

epift. 7.

Adam. c. 44+

Adalbert ordonna en ce roïaume neuf évêques, à Slefvic, à Ripen, à Arhus, à Viborg, à Vendila ou Venzuzel, à Fari, à Finnen, en Zeeland & en Schonen. En Suede il en ordonna fix, & deux en Norve

ge: on rapporte les noms de ces huit, fans marquer AN. 1072. leurs fieges, apparemment parce qu'ils n'en avoient point encore de fixes. Il en ordonna vingt en tout, dont il y en cut trois qui demeurerent inutiles, ne cherchant que leurs interêts. L'archevêque en avoit toûjours quelques-uns auprés de lui, quelquefois jufques à fept, & au moins trois de fes fuffragans ou d'autres; car il ne pouvoit être fans évêques. Il traitoit avec grand honneur les legats du pape, & difoit qu'il ne réconnoiffoit que deux maîtres, le pape & le roi. Le pape lui avoit accordé le privilege d'être fon vicaire en ces quartiers-là, lui & fes fucceffeurs, d'établir des évêchez par tout le Nord, même malgré les rois, dans tous les lieux où il jugeroit à propos, & de choifir de fa chapelle ceux qu'il voudroit pour les ordonner évêques.

Le fuccefleur d'Adalbert fut Liemar jeune homme de grande efperance & trés-bien inftruit de tous les arts liberaux. Il étoit Bavarois, & venu d'officiers du roi Henri, qui lui donna l'archevêché de Brême à la Pentecôte de la même année 1072. Il fut ordonné par Les fuffragans, reçut le pallium du pape Alexandre & tint le fiege trente ans.

C'eft à lui qu'Adam chanoine de Brême dédia son histoire ecclefiaftique, qui comprend les origines des églises du Nord, & la fuite des évêques de Brême & de Hambourg, depuis l'entrée de faint Villehade en Saxe jufques à la mort de l'archevêque Adalbert, pendant prés de trois cens ans. Adam vint à Brême lá vingtiéme année de ce prelat, qui étoit l'an 1067. & rechercha curieusement ces antiquitez dans ce qu'il trouva de memoires écrits, dans les lettres des prin

Lambert, and Brem. p. 99.

1072.Hift arch

XLVII.

Adam de Brême hiftorien.

sup.lib. XLIV.

n. 15. n.44. Adam. lib. III

C.

s. p. 40.

AN. 1072.

Lib. IV. c. 16.

8.54.

XLVIII.

ces & des papes, & dans la tradition viuante des anciens. Celui qui l'inftruifit le plus de vive voix fut Suein ou Suenon roi de Danemarc. Il étoit zelé pour la propagation de la foi, & enuoïa de fes clercs prêcher en Suede, en Normandie, c'est-à-dire en Norvege, & dans les ifles. Il étoit homme de lettres & liberal envers les étrangers. Adam étant venu à Brême, & aïant oüi parler du merite de ceprince, l'alla trouver & en fut trés-bien reçu; & ce fut de fes difcours qu'il recueillit toute la partie de fon hiftoire qui regarde les barbares. Ce roi lui nomma quelques faints qui avoient été martyrisez de fon tems en Suede & en Norvege. Un étranger nommé Heric, qui prêchant chez les Suedois les plus reculez eut la tête tranchée. Un autre nommé Alfard, qui aprés avoir mené long-tems une fainte vie en Norvege, fut tué par fes propres amis. Il fe faifoit beaucoup de miracles à leur tombeau. Cette hiftoire d'Adam de Brême paroît d'une grande fincerité

Il la termine par une defcription curieufe du DaEtat du Nord. nemarc, de la Suede, de la Norvege & des ifles qui en dépendent, où il décrit ainfi l'idolâtrie des Suedois. Leur temple le plus fameux eft à Upfal. Il eft tout revêtu d'or, & on y revere les ftatues de trois dieux: au milieu eft le trône du plus puiffant qu'ils nomment Thor, des deux côtez font les deux autres, Vodan & Friccon. Ils difent que Thor gouverne l'air le tonnerre, la foudre, les vents, les pluïes, les faifons, les fruits. Ils lui donnent un feptre, & c'eft comme le Jupiter des anciens Romains. Vodan eft le dieu de la guerre, armé comme Mars. Friccon donne la paix & les plaifirs, & eft representé sous la figure infame

de Priape. Ils adorent auffi des hommes, qu'ils croïent AN. 1072. être devenus dieux par leurs belles actions. Ils celebrent tous les neuf ans une fête folemnelle, où tous font obligez d'envoïer leurs offrandes à Upfal: perfonne n'en eft exempt: les Chrétiens même font contraints à fe racheter de cette fuperftition. En cette fête on immole neuf animaux mâles de toute efpece, & on en pend les corps dans un bois proche du temple, dont tous les arbres paffent pour facrez. Un Chrétien m'a dit y avoir vû jusques à foixante corps humains mêlez avec ceux des bêtes.

Adaluard, que l'archevêque Adalbert avoit fait évêque de Sictone, aïant en peu de tems converti tous les habitans de cette ville & des environs, entreprit avec Eginon évêque de Scone en Danemarc d'aller à Upfal, & s'expofer à toutes fortes de tourmens, pour faire abatre ou plutôt brûler ce temple, qui eft comme la capitale de l'idolâtrie du païs, efperant que fa ruine feroit fuivie de la converfion de toute la nation. Le roi de Suede Stenquil qui étoit trés-pieux, aïant appris ce deffein des deux évêques, les en détourna prudemment, les affurant qu'ils feroient auffi-tôt condamnez à mort, qu'on le chafferoit lui-même du roïaume, comme y aïant introduit des malfaicteurs; & que ceux qui étoient alors Chrétiens retourneroient au paganifme, comme il venoit d'arriver chez les Sclaves. Les deux évêques se rendirent à la remontrance du roi: mais ils parcoururent toutes les villes de Gothie, brifant les idoles & convertiffant plufieurs milliers de païens.

XLIX. Suenon R. de

Saxo. Gram

Le roi de Danemarc, dont Adam avoit appris tant Danemate. de faits importans, étoit Suenon furnommé d'Estri

lib. XI.

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