AN. 1072. 2.180. the, à cause de sa mere fœur de Canut le grand. Il Pontan. lib.v. commença à regner vers l'an 1048. & peu de tems aprés, le fiege de Rofchild aïant vaqué, on y mit Guillaume Anglois de naiffance, qui avoit été fecretaire & chapelain du même Canut, & qui avoit la capacité & la vertu neceffaire pour l'épifcopat. Le païs de Schonen, qui jufques-là avoit été du diocefe de Rofchild, commença du tems de ce prelat à avoir des évêchez, & on en établit deux en deux villes fort proches, Lundon & Dalbi. Mais Henri évêque de Dalbi étant mort à force de boire, Egin évêque de Lundon réunit en lui toute l'autorité, & la mort honteufe du prelat causa la fupreffion du fiege. Pontan.p.193. Sous ce regne furent auffi érigez deux évêchez dans le Nord- Jutland, favoir Vibourg & Burglave depuis transferé à Albor. Suenon affermit beaucoup la religion dans fon roïaume, par fa liberalité à orner & à bâtir les églises, & fon affection pour les ecclefiaftiques favans & vertueux: mais il deshonora Les vertus par fon incontinence. On compte jufques à onze fils & une fille qu'il eut de diverfes concubines, & pas un enfant legitime. Car aïant voulu enfin fe marier, il époufa Guthe fa parente, fille du roi de Suede. Les deux évêques Egin & Guillaume l'en reprirent avec fermeté, & firent tous leurs efforts pour l'obliger à rompre ce mariage: mais voïant qu'ils n'y gagnoient rien, ils porterent leurs plaintes à l'archevêque de Brême, qui preffa le roi de fe feparer de la princeffe. Le roi irrité menaça l'archevêque de lui faire la guerre, en forte que le prelat ne fe croïant pas en fureté à Hambourg fe retira à Brême. Enfin l'évêque Guillaume fit comprendre au roi l'injustice de fon reffentiment, & lui perfuada d'obéïr aux loix de l'églife. Il renvoïa donc Guthe, qui étant retournée chez fon pere, prit l'habit de veuve & paffa le refte de fa vie dans la continence, s'occupant à faire des ornemens pour les églifes. AN, 1072. L'autorité de l'évêque Guillaume fur le roi, parut saxo. lib. X1, principalement en cette occafion. Dans un feftin que p. 189. le roi donna aux grands, il découvrit que quelquesuns d'entre eux avoient mal parlé de lui en fecret, & en fut tellement irrité, qu'il les fit tuer le lendemain. matin jour de la Circoncifion, dans l'églife cathedrale dédiée à la Trinité. L'évêque Guillaume ne témoigna à perfonne la douleur qu'il fentoit de ce facrilege, & fe prepara à officier pontificalement. Mais quand on l'avertit que le roi venoit à l'église, il n'alla point le recevoir; & quand il voulut entrer, il l'arrêta avec fa croffe, dont il lui appuïa la pointe contre l'eftomac, le traitant de boureau, qui venoit de répandre du fang humain. Enfin il le declara ex communié. Les gardes du roi environnerent le prelat l'épée à la main, le voulant tuer, mais le roi les en empêcha; & reconnoissant sa faute retourna à son palais, où il ôta ses ornemens roïaux & prit un habit de penitent. Cependant l'évêque fit commencer la messe, & comme il alloit chanter Gloria in excelfis, on lui dit que le roi étoit à la porte en pofture de fuppliant. Il fit ceffer le chant, & s'étant avancé, il demanda au roi pourquoi il s'étoit mis en cet état. Le roi profterné confeffa fon crime & en demanda pardon, promettant de reparer le fcandale qu'il avoit donné; & l'évêque leva auffi - tôt l'excommunication, releva le roi en l'embraffant, efluïa fes larmes, & lui ordonna d'aller reprendre fon habit roïal. Aprés lui avoir impofé fa penitence, il fit avancer le clergé pour le recevoir en chantant & l'amena jusques à l'autel, où il continua la messe. Le peuple témoigna sa joïe par de grands applaudiffemens. Le troifiéme jour aprés le roi vint encore à l'église en habit roïal, & pendant la messe il monta à la tribune, & aïant fait faire filence par un heraut, il confeffa publiquement la grandeur de fa faute & du fcandale qu'il avoit donné. Il loüa l'indulgence de l'évêque; & declara que pour reparation du crime com- · mis par fon ordre, il donnoit à l'église moitié de la province de Steffen. Depuis ce tems, le roi honora & aima l'évêque de plus en plus, & ils vécurent toûjours dans une parfaite union. Aprés la mort d'Adalbert archevêque de Brême, faint Annon archevêque de Cologne, reprit en Allemagne la principale autorité. Car le roi Henri étant venu à Utrect celebrer la Pâque, qui étoit le huitiéme d'Avril en 1072. y reçût de grandes plaintes des injustices qui se commettoient par tout fon roïaume, de l'oppreffion des innocens & des foibles, & du pillage des églifes & des monafteres. Touché de ces defordres, ou fatigué des clameurs du peuple, il pria l'archevêque de Cologne de prendre fous lui le foin de l'état. Tous les feigneurs joignirent leurs inftances à celle du roi: mais l'archevêque refifta longtems. Il fe fouvenoit des mauvais traitemens qu'il avoit reçû; & d'ailleurs étant tout occupé de Dieu, il avoit peine à s'embaraffer d'affaires temporelles : il ceda toutefois au bien public, & au defir unanime du du roi & des seigneurs. On s'aperçut bien-tôt de ce AN. 1072. changement: la violence fut reprimée, la juftice reprit le deffus, & le faint archevêque parut n'être pas moins digne de la roïauté que du facerdoce. Le LI. sup.n. 35. 1213.1211 Alexandre avoit renvoïé au concile d'An- Concile d'Anpape gleterre la connoiffance du differend entre les deux gleterre. archevêques de Cantorberi & d'Yorc ; ce qui fut ainsi Lanfr. epift.3. executé. A Pâques de cette année 1072. le roi Guil-&o. 9. conc. p. laume tint fa cour à Vinchestre où se trouverent quinze évêques, plufieurs abbez & plufieurs feigneurs avec Hubert lecteur de l'églife Romaine & legat du pape. Ils s'affemblerent en concile dans la chapelle du roi, qui étoit prefent, & qui les conjura par la foi qu'ils lui avoient jurée, d'écouter cette affaire avec une grande application, & de la juger fans favorifer les parties. Ils promirent l'un & l'autre. On apporta l'hiftoire ecclefiaftique de Bede, & on en lût des paffages par lesquels il parût, que depuis faint Augustin premier évêque de Cantorberi jufques à la sup. l.xxxvi,n. fin de la vie de Bede, qui eft un espace d'environ cent quarante ans, les archevêques de Cantorberi avoient eu la primatie fur toute la grand'Bretagne & l'Irlande : qu'ils avoient fouvent celebré des ordinations d'évêques & des conciles dans la ville même d'Yorc & dans les lieux voifins où il leur avoit plû; qu'ils avoient appellé les archevêques d'Yorc à ces conciles, & quand il avoit été befoin, les avoient obligez à rendre compte de leurs actions. Quant aux évêques de Dunelme & de Licefelde, que l'archevêque d'Yorc pretendoit n'être point foumis à celui de Cantorberi, il fut prouvé que pendant ces cent quarante ans, ils avoient été facrez & appellez aux conciles par les arTome XIII. Gg 40. l. XLII. 2. 11. roi en l'embraffant, efluïa fes larmes, & lu Le troifiéme jour aprés le roi vint en ces à cr tems. il quatre ans Car is a Joit point être foûmile à l'aire. Londres & celle d'or bes cile reconnut que cette lettre ne fu parce que Lanfranc n'étoit pointe |