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instances, il lui promit d'établir un ordre monafti- AN. 1073. que fuivant la regle de faint Benoift, qu'il avoit déja long-tems pratiquée avec les moines de Calabre : défendant à toute perfonne laïque ou ecclefiaftique, de le troubler lui & fes compagnons dans le lieu qu'il choifiroit pour faire penitence, comme étant immediatement foumis au faint fiege. La bulle fut donnée à Rome en presence de l'imperatrice Agrés & de fix cardinaux le premier jour de Mai la premiere année du pontificat de Gregoire, c'est-à-dire l'an 1073.

Avec ce privilege Eftiene revint chez lui à Tiers en Auvergne: mais il y demeura peu, & quittant fes parens, qui étoient ravis de fon retour, il fe retira feul & fecretement fur la montagne de Muret en Limousin: où aïant fait une cabane de branches au milieu du bois, il fit vœu de virginité, se consacra à Dieu étant âgé de trente ans en 1076. & vécut cinquante ans dans ce defert appliqué au jeûne & à la priere. Pendant ce tems il lui vint plufieurs disciples ; & telle fut l'origine de l'ordre de Grammont.

VIII.
Le P. travaille

epift. 24.

Le pape Gregoire temoignoit toûjours une grande affection pour Henri roi d'Allemagne ; & un grand a pacifier l'Alledefir de le voir revenu de fes defordres & bien uni magne. avec l'églife Romaine. On le voit par fes Lettres à fes Lettres à epi. 19. 20. Rodolfe duc de Suabe, à Rainald évêque de Come, directeur de l'imperatrice Agnés, & à Brunon évêque de Verone. Enfin aïant apris que toute la Saxe étoit révoltée contre le roi; il écrivit à Vocelin ou Vezel archevêque de Magdebourg, à Bourchard ou Bucco évêque d'Halberftat, au Marquis Dedi & aux autres feigneurs de Saxe: pour les exhorter à une fufpenfion d'armes, comme il y avoit exhorté le roi, jufques à

epift. 39.

V. Lamb.an..

1073.

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ce qu'il envoïât des nonces en Allemagne, pour prendre connoiffance des caufes de cette divifion & y rétablir la paix. Le pape promet dans cette lettre, de faire justice à ceux qui fe trouveront lezez, sans crainte ni égard pour perfonne.

Mais avant que d'envoïer en Allemagne, il résolut de tenir un concile à Rome la premiere femaine de carême; & il y invita les évêques & les abbez de Lombardie par deux lettres, l'une à Sicard archevêque d'Aquilée, l'autre aux fuffragans de l'églife de Milan car il ne pouvoit écrire à l'archevêque Godefroi qui étoit excommunié. Il marque dans cette feconde lettre, que depuis long-tems il étoit établi dans l'église Romaine, d'y tenir un concile tous les ans. Le concile fe tint en effet la premiere semaine de carême, comme il paroît par trois lettres du quatorze de Mars 1074. Il y fut ordonné, que ceux qui feroient entrez dans les ordres facrez par fimonie, feroient à l'avenir privez de toute fonction: que ceux qui avoient donné de l'argent pour obtenir des églifes, les perdroient que ceux qui vivoient dans le concubinage ne pourroient celebrer la messe ou fervir à l'autel pour les fonctions inferieures, autrement, que le peuple n'affifteroit point à leurs offices. C'eft ainfi que le pape lui-même marque le précis de ce qui fut reglé en ce concile dans une lettre à Otton évêque de Conf

tance.

En ce même concile le pape Gregoire excommunia Robert Guischard duc de Poüille, de Calabre & de Sicile, avec tous fes adherans, parce que ce prince étoit entré dans la campanie, & avoit pris quelques terres de l'église : ce qui avoit obligé le pape d'y aller

l'été

l'efté precedent & faire du fejour à Capoue, pour AN. 1074. divifer les princes Normans & s'oppofer à leur progrés. Lib. 1. ep. 25. 26. On regla auffi en ce concile plufieurs affaires par- ep. 52. 53. 54 55ticulieres de France. On y lut entre autres des lettres 56.74. de Guillaume évêque de Beauvais, par lesquelles il prioit le pape d'absoudre fon clergé & son peuple de l'excommunication qu'ils avoient encourue, pour les mauvais traitemens qu'ils lui avoient faits: ce qui lui fut accordé. Il s'y trouva des évêques d'Espagne, qui fuivant l'ordonnance du concile, promirent par écrit de recevoir l'office Romain au lieu de celui de Tolede, c'est-à-dire du Mofarabique. On confirma aussi l'excommunication prononcée l'année precedente par les legats Giraud évêque d'Oftie & Raimbaud contre Munion' fimoniaque, qui avoit ufurpé le fiege d'Huesca fur Simeon évêque legitime: comme il paroît par la lettre du pape à Alfonfe roi de Caftille, & à Sanche roi d'Arragon, en datte du dixiéme de Mars 1074. On reçut en ce concile des lettres de Geifa duc de Hongrie, à qui le pape promit fon amitié & fa protection, lui indiquant le marquis Azon comme celui qu'il cheriffoit le plus entre les princes d'Italie, afin que Geifa s'adreffât à lui, quand il auroit quelque affaire à pourfuivre devant le faint fiege.

1. ep. 64.

ep. 58.

X. Evêché d'Olmuts rétabli,

59. 60. 61.

Dubrav. Lib.3.

On trouve aufli quelques lettres du pape écrites en ce même tems touchant l'évêché d'Olmuts en Moravie ; & cette affaire merite d'être expliquée. Severe évêque de Prague, à la priere de Vratiflas p.59. depuis duc de Boheme, confentit à la distraction de Long.an. Polon. l'évêché d'Olniuts, qui depuis quatre-vingt dix ans étoit uni à celui de Prague, & on y mit un évêque particulier nommé Jean. Vratiflas devint duc de Bo

Tome XIII.

LI

AN. 1074

p. 62.

heme, & l'évêque Severe mourut. Le duc avoit trois
freres Conrad, Otton & Jaromir. Conrad & Otton
aïant appris la mort de l'évêque firent venir en di-
ligence Jaromir, qui étoit en Pologne & pur laïque.
Si-tôt qu'il fut arrivé, ils lui firent rafer la barbe &
faire la tonfure; & l'aïant revêtu d'un habit clerical,
le prefenterent au duc leur frere, le priant de lui don-
ner l'évêché de Prague. Le duc Vratiflas, qui con-
noifsoit l'incapacité de son frere Jaromir & son éloi-
gnement de la vie ecclefiaftique, ne pouvoit confen-
tir à le voir évêque; fur tout à la place d'un prelat
comme Severe, qui avoit été tres-inftruit & tres zelé
pour la difcipline de l'églife. Ainfi il nomma pour évê-
que de Prague Lanes noble Saxon, qui avoit été fon
chapelain, & qu'il avoit fait prêvôt de Litomeric en
Boheme pour
fa doctrine & fes bonnes mœurs. Mais
les feigneurs de Boheme excitez par les deux freres.
Conrad & Otton, s'y oppoferent, principalement
en haine des Allemans; & le duc fut contraint de
confentir à l'élection de Jaromir. Il falloit auffi qu'el-
le fut confirmée par Henri roi d'Allemagne ; & pour
cet effet Jaromir vint le trouver à Maïence, où il fut
ordonné par l'archevêque fon métropolitain, qui lui
changea fon nom, lui donnant celui de Gerard. Car
les noms Sclavons paroiffoient barbares aux Alle-

mans.

Jaromir fe voïant en poffeffion de l'évêché de Prague, ne put fouffrir qu'on en eut diminué le revenu par la defunion de celui d'Omults; & prétendit que Severe n'avoit pas eu le pouvoir de faire ce préjudice à fes fucceffeurs. Le duc Vratiflas, qui avoit procuré cette defunion, la vouloit foutenir, & prenoit le

parti de Jean évêque d'Olmuts. Jaromir en vint à la AN. 1074.
violence, & fit maltraiter de coups l'évêque Jean,
qui appuïé du duc, envoïa à Rome un prêtre por-
ter fes plaintes au pape Alexandre II. mais Jaromir
fit prendre en chemin ce député: on lui ôta fes let-
tres & fon argent, & on le chargea de coups. Le duc
Vratiflas envoïa d'autres deputez mieux accompa-
gnez, qui étant arrivez à Rome, le pape Alexan-
dre informé de ce qui s'étoit paffé, envoïa à Prague
le cardinal Rodolfe, pour prendre connoiffance de
l'affaire.

Le cardinal cita l'évêque Jaromir, qui n'aïant point comparu aprés trois citations, il l'interdit de fes fonctions. Les prêtres qui étoient du parti de Jaromir, firent fermer les églifes & ceffer les meffes, déclarant qu'ils ne leveroient point cet interdit que la cenfure portée contre lui ne fut levée. Le cardinal irrité les excommunia tous; & fit enfin promettre à Jaromir de venir à Rome fe prefenter au pape. Mais il y fut condamné & confiné dans un monaftere. Toutefois il fut depuis retabli à la priere de la comteffe Matilde, dont il étoit parent, à la charge que l'évêché d'Olmuts demeureroit feparé. C'eft ceque difent les historiens de Boheme & de Pologne: mais voici ce qui paroît par les lettres de Gregoire VII.

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Dés le commencement de fon pontificat, il envoïa deux legats en Boheme Bernard & Gregoire, qui furent tres-bien reçûs par le duc Vratiflas; mais l'évêque Jaromir ne voulut point fe foumettre à eux, & ils prononcerent une suspense contre lui. Le pape menace de la confirmer dans fa lettre au duc, dattée . 17. du huitiéme de Juillet 1073. & par une autre du mois

epift. 38.

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