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AN. 1074.

ep. 44. 45.

epift. 60.

epift.78.

de Decembre fuivant, il promet de juger l'affaire, que fes legats n'avoient pû terminer fur les lieux, confirmant par provifion ce qu'ils avoient ordonné. Dans la même lettre il dit que le pape Alexandre avoit envoïé au duc Vratiflas la mitre qu'il lui avoit demandée ce qu'on n'avoit pas accoûtumé d'accorder à un laïque.

:

Toutefois à la fin de Janvier 1074. le pape fe relâcha & rendit à Jaromir tout ce que fes legats lui avoient interdit, hormis les fonctions épifcopales: c'est-à-dire, la joüiffance des dîmes & des autres revenus de l'évêché de Prague, afin qu'il n'eût plus de pretexte pour differer fon voïage de Rome. Le pape lui ordonna de s'y rendre au dimanche des Rameaux, lui deffendant de toucher aux biens de l'évêché d'Olmuts, & ordonnant à l'évêque Jean de se trouver à Rome en même tems. Cependant Sigefroi archevêque de Maïence prétendit, comme métropolitain, prendre connoiffance du differend entre les deux évêques de Prague & d'Olmuts. Mais le pape le lui défendit, attendu qu'il ne s'étoit point mis en peine d'abord de faire juftice au dernier, qui avoit été fi maltraité; & que la caufe étoit dévoluë au faint fiege par plufieurs plaintes de cet évêque. Le pape lui deffend même de penfer que lui ou aucun autre en puiffe connoître, ni de s'élever contre l'église Romaine, fans la grace de laquelle, ajoûte-t'il, vous ne pourriez pas même garder vôtre place.

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Jaromir évêque de Prague vint enfin à Rome, & purgea en partie des reproches faits contre lui, car il nia qu'il eut frappé lui-même l'évêque d'Olmuts, & qu'il eût fait rafer la barbe & les cheveux à fes fervi

AN. 1074.

teurs: ainfi le pape le retablit dans fes fonctions & dans tous fes droits, remettant le jugement définitif de l'affaire au prochain concile, à caufe de l'absence de l'évêque d'Olmuts, à qui cependant il donna la provifion des terres conteftées entre eux. C'est ce qui paroît par une lettre du feiziéme d'Avril 1074. Mais par Lib. 11. ep. 6. 7 • trois autres du vingt-deuxième de Septembre fuivant, le pape fe plaint que l'évêque de Prague lui avoit manqué de parole fur ce fujet, & qu'il ne gardoit pas la paix avec le duc fon frere. Il remercie ce prince de cent marcs d'argent qu'il avoit envoïez à Rome à titre de cens pour faint Pierre.

8.

ap. 7.

XI.

Lambert, an.

Acta. Greg.

En Allemagne le roi Henri celebra à Bamberg la Legation en fête de Pâque, qui cette année 1074: étoit le vingtié. Allemagne. me d'Avril. Enfuite il alla à Nuremberg au-devant 1074. p. 210. des legats du pape, qui venoient avec l'imperatrice vII. ap. boll. to. Agnés fa mere. C'étoit les évêques d'Ostie, de Pales- 17. p. 148. trine, de Coire & de Come, envoïez pour appaifer les troubles du roïaume, & reconcilier le roi à l'églife. Car il avoit été accufé à Rome & excommunié, pour avoir vendu les dignitez ecclesiastiques : c'est pourquoi les legats ne voulurent point lui parler, quoiqu'on on les en eût priez plufieurs fois, jufques à ce qu'il fe fût foumis à la penitence, fuivant les loix de l'églife, & qu'il eût reçû d'eux l'absolution.

Les legats demanderent de la part du pape, la liberté de tenir un concile en Allemagne : mais tous les évêques s'y oppoferent fortement, prétendant que c'étoit une chofe fans exemple & contraire à leurs droits; & ils déclarerent qu'ils n'accorderoient jamais la prerogative de fe laiffer prefider en concile qu'au pape en perfonne. En effet le droit commun étoit que

L 1 iij

AN. 1074.

dans les conciles provinciaux les évêques ne fuffent prefidez que par leurs métropolitains; & la prefence des legats du pape en ces conciles étoit une nouveauté, qui commençoit à s'introduire. Mais ce qui animoit en cette occafion les prelats Allemans, c'est que plufieurs fe fentoient coupables de fimonie; & ils favoient que l'intention du pape étoit de faire le procés à tous les évêques & les abbez qui avoient acheté leurs dignitez. Il avoit déja fufpendu de toute fonction l'évêque de Bamberg & quelques autres : jufques à ce qu'ils vinffent devant lui fe purger de l'accufation de fimonie. Le roi fouhaittoit paffionnément la tenuë d'un concile, en haine de l'évêque de Vormes & de quelques autres, qui l'avoient offenfé dans la guerre de Saxe: car il fe tenoit affuré de les faire dépofer comme fimoniaques. Mais comme on defefpera de venir à bout de cette affaire par les legats, elle fut renvoïée à la connoiffance du pape.

Acta. Greg ap. Bar.& boll.

28.

Entre les évêques Allemans celui qui s'oppofa le plus au concile fut Liemar archevêque de Brême: foutenant que l'archevêque de Maïence & lui étoient legats du faint fiege, fuivant les privileges accordez à leurs predeceffeurs par les papes. A quoi les legats repondirent, que ces privileges ne s'étendoient point

-delà de la vie du pape qui les avoit donnez. Et comme l'archevêque de Brême perfiftoit dans fon Greg. II.epift. oppofition: les legats le fufpendirent des fonctions épifcopales & le citerent pour comparoître à Rome, au concile qui fe devoit tenir à la faint André. Enfin les legats voïant qu'ils ne pouvoient tenir de concile en Allemagne, fe retirerent avec les bonnes graces du roi, qui les chargea de prefens & d'une réponsefavorable pour le pape.

Lib. 1. ep.

C'étoit apparemment la lettre que nous avons, & AN. 1074. où il témoigne une entiere foumiffion & un fenfible repentir de ses fautes. Il avoue qu'il n'a pas emploïé Cres.pafi. 28, fa puiffance, comme il devoit, contre les coupables, qu'il a ufurpé les biens ecclefiaftiques & vendu les églifes, c'est à-dire, les prélatures à des perfonnes indignes. Pour réparer ces défordrès, il demande au pape fon confeil & fon fecours : particulierement pour appaifer le trouble de l'églife de Milan, dont il se reconnoît la caufe. Mais ce que l'on connoît d'ailleurs du roi Henri fait juger qu'il ne pefoit pas affez les confequences de ce qu'on lui faifoit dire en cette lettre.

XII. Rebellion des

naires'

Lambert. p. 211

1o.conc.p.31 3

Le pape aïant fait publier par toute l'Italie les decrets du concile qu'il avoit tenu à Rome pendant le clercs concubiCarême contre la fimonie & l'incontinence des clercs: écrivit plusieurs lettres aux évêques d'Allemagne, to. pour recevoir auffi ces decrets dans leurs églifes: leur enjoignant de féparer abfolument toutes les femmes de la compagnie des prêtres, fous peine d'anathême perpetuel. Auffi tôt tout le clergé murmura violemment contre ce decret: difant, que c'étoit une herefie manifefte & une doctrine infenfée, de vouloir contraindre les hommes à vivre comme des anges : quoique Nôtre-Seigneur parlant de la continence ait dit: Math. XIX. Tous ne comprennent pas cette parole, &: Qui la peut comprendre la comprenne. Et faint Paul: Qui ne peut fe contenir qu'il fe marie, par ce qu'il vaux mieux fe marier que brûler. Que le pape voulant arrêter le cours ordinaire de la nature, lâchoit la bride à la debauche & à l'impureté. Que s'il continuoit à preffer l'execution de ce decret, ils aimoient mieux quitter

1. Cor. VII.9.

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le facerdoce que le mariage; & qu'alors il verroit où il pourroit trouver des anges pour gouverner les églises, à la place des hommes qu'il dédaignoit,

Mais le pape ne fe relâchoit point & ne ceffoit d'envoïer des legations, pour accufer les évêques de foibleffe & de négligence; & les menacer de cenfure s'ils n'executoient promptement fes ordres. Sigefroi archevêque de Maïence, favoit que ce n'étoit pas une petite entreprise, de déraciner une coûtume fiinveterée & de ramener le monde fi corrompu à la pureté de la primitive églife. C'eft pourquoi il agiffoit plus moderement avec le clergé, & leur donna d'abord fix mois pour déliberer: les exhortant à faire volontairement ce dont ils ne pouvoient fe difpenfer; & ne les pas réduire le pape & lui à la neceffité de décerner contre eux des chofes fâcheufes.

Enfin il affembla un concile à Erford au mois d'Octobre de cette année 1074. où il les preffa plus fortement de ne plus ufer de remife; & de renoncer fur le champ au mariage, ou au fervice de l'autel. Ils lui alleguoient plufieurs raisons, pour éluder ses instances & aneantir ce decret, s'il étoit poffible: mais il leur oppofoit l'autorité du faint fiége, qui le contraignoit à exiger d'eux malgré lui ce qu'il leur demandoit. Voïant donc qu'ils ne gagnoient rien, ni par leurs raisons ni par leurs prieres : ils fortirent comme pour déliberer, & refolurent de ne plus rentrer dans le concile, mais de fe retirer fans congé chacun chez eux. Quelques-uns même crierent en tumulte, qu'il valoit mieux rentrer dans le concile, & avant que l'archevêque prononçât contre eux cette déteftable fentence, l'arracher de fa chaire & le mettre à mort,

comme

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