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AN. 1076. confirma cette excommunication. C'est ce qui paroît par deux lettres du vingt-troifiéme de Mars.

Greg. lib. IV. ep. 13. 8.

Incontinent aprés le concile de Rome, le pape en

voïa à tous les fideles le decret contre le roi Henri avec une lettre où il dit: Vous avez appris, mes freres, Lib. III. 6 l'entreprise inoüie & l'audace criminelle des fchisma

Vita

c. 9.

ist.

XXXI.

Mort de Guillau

treat

Lambert. p. 235.

tiques, qui blasfêment le nom du Seigneur en la perfonne de faint Pierre: l'injure faite au faint fiege telle que vos peres n'ont rien vû, ni rien oui dire de femblable, & qu'aucun écrit ne nous apprend qu'il soit jamais rien venu de tel de la part des païens ou des heretiques. C'est pourquoi fi vous croïez que faint Pierre ait reçu de Jefus-Chrift les clefs du roïaume des cieux, penfez combien vous devez être maintenant affligez de l'injure qui lui eft faite, & que vous n'êtes pas dignes de participer à fa gloire dans le ciel, fi vous ne prenez part ici bas à fes fouffrances. Nous vous prions donc d'implorer inftamment la mifericorde de Dieu, afin qu'il tourne les cœurs de ces impies à la penitence: ou qu'arrêtant leurs mauvais deffeins, il montre combien ils font infenfez de vouloir renverfer la pierre fondée par Jesus-Christ: vous verrez par ce papier inclus, comment & pour quelles caufes faint Pierre à frappé le roi d'anathême.

Le roi Henri celebra à Utrect la fête de Pâques, me évêque d'U qui cette année 1076. fut le vingt-feptiéme de Mars. Guillaume évêque d'Utrect, pour faire fa cour au prince, déclamoit furieufement contre le pape; & il n'y avoit prefque point de fête, où prêchant pendant la meffe il n'en parlât indignement: l'appellant parjure, adultere & faux apôtre; & déclarant que lui & les autres évêques l'avoient excommunié plufieurs

fois. Peu de tems aprés que les fêtes de Pâques furent AN. 1076. paffées, & que le roi fe fut retiré d'Utrect, l'évêque fut faifi tout d'un coup d'une griéve maladie, & fentant des douleurs trés-aiguës, il crioit d'une voix lamentable devant tous les affiftans, que par un jufte jugement de Dieu il avoit perdu la vie presente & la vie éternelle, pour avoir fecondé en tout avec empreffement les mauvaises intentions du roi; & que.. pour gagner les bonnes graces, il avoit, contre fa confcience, chargé d'opprobres le pape : quoiqu'il fût bien que c'étoit un faint homme & d'une vertu apof tolique: On dit qu'il mourut de la forte fans facremens. Son fucceffeur fut Conrard camerier de l'archevêque de Maïence.

Cependant Guibert archevêque de Ravenne, fit A. ap. Boll. affembler à Pavic aprés Pâques les évêques de Lom- " 2, p. 15 ̊, bardie; & là ils excommunierent de nouveau le pape. Les feigneurs du roïaume embaraffez s'ils devoient déferer à cette excommunication, confulterent quelques évêques : qui leur dirent, que perfonne ne pouvoit juger ni excommunier le pape. Ainfi les efprits furent partagez en Allemagne & en Italie, entre le pape & le roi: car ceux de fon parti difoient auffi, qu'il ne pouvoit être excommunié. C'eft le fujet d'une grande lettre du pape à Herman évêque de Mets, qui étoit revenu à fon obéiffance, aprés avoir fuivi lib. 4. ep. 2i le parti du roi. Il parle ainfi !

XXXII. Lettre du pape

cation des rois.

Quant à ceux qui difent qu'un roi ne doit pas être excommunié, quoique leur impertinence merite fur l'excommuniqu'on ne leur réponde point, nous les renvoïons aux paroles & aux exemples des peres. Qu'ils lifent ce que faint Pierre ordonna au peuple dans l'ordination de

AN.

1076

2. Cor. X. 6.

1. Cor. V. II

lib. 10. ep. 10.

faint Clement touchant celui que l'on fait n'être pas bien avec l'évêque. Qu'ils apprennent que l'apôtre dit: Etant prêts à punir toute défobéiffance. Et de qui il dit: Il ne faut pas même manger avec eux. Qu'ils confiderent pourquoi le pape Zacarie dépofa le roi de France, & déchargea tous les François du ferment qu'ils lui avoient fait. Qu'ils apprennent dans le regiftre de faint Gregoire, qu'en des privileges donnez à quelques églifes, il n'excommunie pas feulement les rois & les feigneurs qui pourroient y contrevenir, mais il les prive de leur dignité. Qu'ils n'oublient pas que faint Ambroife, non content d'excommunier Theodofe, lui défendit encore de demeurer à la place des prêtres dans l'église ; quoique ce prince fût non feulement roi, mais veritablement empereur, par ses mœurs & par fa puissance. Peut-être veulent-ils dire, que quand Dieu dit à faint Pierre: Paissez mes Joan. XXI. 17. brebis, il en excepta les rois: mais ne voïent-ils pas qu'en lui donnant le pouvoir de lier & de délier, il n'en excepta perfonne? Que fi le faint fiege a reçu 11. Cor. V1. 3. de Dieu le pouvoir de Juger les chofes fpirituelles, pourquoi ne jugera-t-il pas aussi les temporelles ? Vous n'ignorez pas de qui font membres les rois & les princes, qui preferent leur honneur & leur profit temporel à l'honneur & à la juftice de Dieu. Car comme ceux qui mettent la volonté de Dieu avant la leur, & lui obéissent plutôt qu'aux hommes, font membres de Jefus-Chrift; ainfi les autres font membres de l'antrechrift. Si donc on juge quand il le faut les hommes fpirituels, pourquoi les feculiers ne feront ils pas encore plus obligez à rendre compte de leurs mauvaises actions?

par

Mais ils croïent peut-être que la dignité roiale AN. 1076. est au-dessus de l'épiscopale. On en peut voir la difference par l'origine de l'une & de l'autre. Celle-là a été inventée par l'orgueil humain, celle-ci inftituée la bonté divine: celle-là recherche inceffaminent la vaine gloire, celle ci afpire toûjours à la vie celefte. Auffi faint Ambroife dit-il dans fon paftoral', que l'épifcopat eft autant au-deffus de la roïauté, que l'or au-deffus du plomb, & l'empereur Conftantin prit la derniere place entre les évêques.

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Edit. Coteler.p

Le pape dit enfuite, qu'il a donné à quelques évêques le pouvoir d'abfoudre les feigneurs, qui ont eu le courage de s'abstenir de la communion du roi : mais pour le roi lui-même, il s'en réferve l'absolution, en connoiffance de caufe. Cette lettre eft du vingt-cinquiéme d'Août 1076. On y voit les fondemens de cette doctrine inoüie jufques alors, que le pape eût droit de déposer les fouverains. Je laiffe aux favans à juger combien les fondemens font folides : j'observe feulement ce qui fuit, en faveur de ceux qui font moins inftruits. La premiere autorité est tirée d'une lettre apocryphe de faint Clement à faint Jacques, & ne parque de l'excommunication, non plus que les deux passages de faint Paul. Or la question n'étoit pas fi les rois pouvoient être excommuniez, mais fi l'excom. munication les privoit de leur puiffance temporelle. Quant aux exemples: le pape Zacaric ne dépofa point le roi Childeric, mais il fut feulement confulté par Sup. liv. X les François, qui vouloient le dépofer; & ce prince n'étoit ni excommunié ni criminel, mais feulement méprifé pour fon incapacité. Le. privilege de faint Gregoire eft celui de l'hôpital d'Autun: où quelques

le

Tome XIII.

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$40. n. 18.

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Sup. liv.xxx

AN. 1076. uns croient que cette claufe de privation des dignitez temporelles a été ajoûtée; d'autres la regardent Sup. liv. xix. n. comme une malediction & une menace. Quant

21.

Rom. XIII. I.

XXXIII.

Lettre aux Alle

mans.

Vita Greg. c. 8. 2.65.

l'empereur Theodofe, faint Ambroise ne prétendit jamais lui rien ôter de la puiffance temporelle. Le refte de ce qu'avance.Gregoire VII. prouveroit trop s'il étoit vrai; car fi ceux qui ont droit de juger le fpirituel, avoient droit à plus forte raison de juger le temporel, il ne faudroit plus d'autres juges, ni d'autres princes que les évêques ; & files puiffances temporelles n'étoient établies que par l'orgueil humain, la religion devroit les détruire: mais l'ecriture nous apprend, que toute puiffance vient de Dieu, même celle des princes infideles.

Vers le même tems le pape écrivit une autre grande lettre à tous les évêques, les feigneurs & les fideles du roïaume Teutonique; où fuppofant le droit, il entreprend de juftifier cette excommunication, par l'expofition des faits & de la conduite qu'il a tenuë à l'égard du roi. Lors, dit-il, que nous étions encore dans l'ordre de diacre, aïant été informez des actions honteuses du roi, & defirant fa correction, nous l'avons fouvent averti par nos lettres & par les envoïez, de mener une vie digne de fa naiffance & de fa dighité mais étant arrivez au pontificat, nous avons compris que Dieu nous demanderoit compte de fon ame avec d'autant plus de feverité, que nous avions plus d'autorité pour le reprendre. C'est pourquoi voiant fon iniquité croître avec l'âge, nous avons redoublé nos exhortations & nos inftances. Il nous a fouvent envoïé des lettres foumifes, s'excufant fur fa jeuneffe & fur les mauvais confeils de fes miniltres, &

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