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promettant de fuivre nos avis: mais il les a méprifèz AN. 1076. en effet, fe plongeant de plus en plus dans les crimes. Alors nous avons invité à penitence quelques-uns de fes confidens, par le confeil defquels il avoit vendu des évêchez & des abbaïes à des perfonnes indignes ; & voïant qu'aprés les delais que nous leur avions donnez, ils demeuroient opiniâtres dans leur malice: nous les avons excommuniez, comme il étoit jufte, & averti le roi de les éloigner de fa maifon & de fes confeils.

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Cependant les Saxons fe fortifiant, & le roi se voïant abandonné de la plus grande partie de fon roïaume, nous écrivit encore une lettre tres-foumife: nous priant de réparer les maux qu'il avoit faits à l'églife, & nous promettant pour cet effet toute forte d'obéiffance & de fecours. Et depuis il confirma ces promeffes à nos legats Humbert évêque de Preneste & Geraud évêque d'Oftie: qui le reçurent à penitence, & entre les mains defquels il fit ferment par les étoles qu'ils portoient. Mais quand il eut remporté la victoire contre les Saxons les actions de graces qu'il en rendit à Dieu furent d'oublier toutes ses promeffes, de recevoir en fa familiarité les excommuniez, & remettre les églises dans la premiere confufion. Touchez d'une vive douleur nous lui avons encore écrit, pour l'exhorter à fe reconnoître & lui avons envoïé trois hommes pieux de ses sujets, pour l'avertir en secret de faire penitence de tant de crimes-: pour lesquels il méritoit, non feulement d'être excommunié, mais d'être privé de la dignité roïale felon les loix divines & humaines. Enfin nous lui avons déclaré, que s'il n'éloignoit de lui les excommuniez,

finon qu'il

AN. 1076. nous ne pouvions donner autre jugement, demeurât felon fon choix excommunié avec eux.

IV. epift 3.

Vitan 69.

Vita. n. 69.

Lambert p. 237.

Mais ce prince s'irritant contre la correction n'a point ceffé qu'il n'ait obligé prefque tous les évêques d'Italie, & en Allemagne tous ceux qu'il a pû, a renoncer à l'obéissance du faint fiege. Voiant donc fon impieté montée au comble, nous l'avons excommunié par jugement fynodal : pour avoir communiqué avec des excommuniez pour n'avoir pas voulu faire penitence de fes crimes, & pour avoir déchiré l'église par un fchifme. Le pape exhorte enfuite les Allemans à demeurer fermes dans le bon parti. Dans une autre lettre dattée du troifiéme de Septembre 1076. il les exhorte à élire un autre roi, fi Henri ne fe convertit pas, pourvû qu'ils le faffent de l'autorité du saint fiege, & avec le confentement de l'imperatrice Agnés mere du roi Henri.

Il y en eut en effet plusieurs qui abandonnerent le roi, & plufieurs de ceux qu'il avoit fait foufcrire à la condamnation du pape, envoïerent au pape des députez pour lui demander penitence. Il les reçût à bras ouverts, & leur envoïa des lettres de confolation. Il y eut même des évêques qui vinrent à Rome nuds pieds, & y attendirent patiemment jusques à ce que le pape les reçût en grace. Uton archevêque de Treves étant revenu de Rome, ne vouloit communiquer, ni avec Sigefroi archevêque de Maïence ni avec le nouvel archevêque de Cologne Hidulfe, ni avec plufieurs autres qui étoient les plus affidus auprés du roi, & dont il fuivoit les confèils. Uton s'en éloignoit, parce que le pape les avoit excommuniez; & difoit que toutefois il avoit obtenu du pape તે

,

grande peine, de pouvoir parler au roi feul, fans AN. 1076. communiquer avec lui en aucune autre maniere. A fon exemple plufieurs autres fe retirerent de la cour, fans avoir égard aux ordres réiterez du roi, qui les rapelloit. Ceux du parti du roi irritez contre eux juf- p. 238. ques à la fureur, n'épargnoient ni les injures, ni les menaces. Ils foutenoient que la fentence du pape étoit injuste & nulle, puisqu'il les avoit condamnez fans les avoir citez canoniquement au concile, ni examinez, ni convaincus: que l'archevêque de Treves & ceux de fon parti avoient depuis long-tems confpiré contre l'état, & n'emploïoient le prétexte de la religion & de l'autorité du pape, que pour ruiner celle du roi: Qu'il devoit fonger à maintenir fa dignité, & à tirer de bonne heure contre fes ennemis l'épée que fuivant l'apôtre il avoit reçûe pour la punition des méchans. Il n'étoit pas difficile d'exciter le roi, qui n'étoit de lui-même que trop violent : mais voïant què les feigneurs l'abandonnoient peu-à-peu, sous prétexte de religion, & que les menaces fans forces étoient inutiles, il s'accommodoit au tems, & tâchoit de ramener les feigneurs par la douceur. Toutefois il ne pouvoit renoncer à la haine implacable qu'il avoit conçûe contre les Saxons, & cherchoit toûjours à les réduire en fervitude.

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Il reftoit encore en Afrique des églises fous la domination des Mufulmans comme on voit par quelques lettres de Gregoire VII. Dés la premiere année de fon pontificat, il écrivit au clergé & au peuple de Carthage, pour les reprendre de ce que quelques-uns d'entre cux avoient accufé leur archevêque Cyriaque devant les Sarafins : enforte qu'il avoit été

́s fiij

XXXIV. Eglife d'Afrique.

Lib. 1. ep. 22.

I ep. 23.

AN. 1076. traité comme un voleur, & frappé de verges à nud. La lettre est du quinziéme de Septembre 1073. Il écrivit en même-tems à l'archevêque, loüant fa fermeté, de ce qu'étant presenté à l'audiance du roi, il a mieux aimé fouffrir divers tourmens que de violer les canons, en faisant des ordinations par l'ordre de ce prince infidele. Il le confole & prie Dieu de regarder enfin l'églife d'Afrique affligée depuis fi long-tems.

III. ep. 19

rii. ep. 20.

ep. 21.

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au

Il lui écrivit encore trois ans aprés, c'est-à-dire mois de Juin 1076. déplorant la mifere de l'église d'Afrique, où il ne fe trouvoit pas trois évêques pour en ordonner un quatrième. C'eft pourquoi, ajoûtet-il, nous vous confeillons à vous & à celui à qui nous venons d'impofer les mains, de choisir une perfonne digne de nous l'envoïer, afin qu'aprés l'avoir ordonné, nous vous le renvoïions, & que vous puiffiez faire des ordinations felon les canons. Celui à qui le pape venoit d'impofer les mains étoit un prêtre nommé Servand, que le pape avoit ordonné archevêque d'Hippone, ou plûtôt d'Hippa dans la Mauritanie de Sitifi, qu'il ne faut pas confondre avec Hippone de Numidic, que faint Augustin a renduë fi celebre. Le pape avoit ordonné Servand à la priere du clergé & du peuple d'Hippone, qui l'avoit élû, & sur la recommandation d'Anzir roi de Mauritanie, qui bien Mufulman le lui avoit demandé, lui envoïant des prefens, avec quelques Chrétiens, qui avoient été captifs chez lui. Le pape lui en fit fes remercimens par une lettre tresshonnête, où il dit : qu'ils croient & honorent un feul Dieu, quoiqu'en differente maniere, & lui fouhaite la beatitude éternelle dans le fein d'Abraham. Il écrivit auffi à l'égli

que.

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fe d'Hippone recommandant leur nouvel archevêque; AN. 1076. & les exhortant à mener une vie fi édifiante, qu'ils convertiffent les Sarafins qui les environnent.

roc.

Samuel de Ma

4.p.251.

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En ce tems vivoit Samuel de Maroc Juif converti, xxxv. dont nous avons un traité de controverfe contre les Juifs. Il l'adreffe à un autre Juif nommé Ifaac dont il Bibl. PP.Parif.to. loue extrêmement le favoir, & lui propofe fes objections par maniere de doutes & de difficultez, qui le rempliffent de crainte & d'inquietude. D'où vient, dit-il, que nous autres Juifs fommes generalement frapez de Dieu dans cette captivité, qui dure depuis plus de mille ans: au lieu que nos peres, qui avoient adoré les idôles, tué les prophetes & rejetté la loi de Dieu, ne furent punis que pendant foixante & dix ans dans la captivité de Babylone; toutefois l'écriture marque cette punition comme le plus grand effet de la colere de Dieu; & nous ne voïons aucun terme prescrit à celle-ci, ni dans la loi ni dans les prophetes. Il faut donc que nous aïons commis depuis quelque peché plus grand, que n'étoit l'idolatrie de nos peres: Car c'eft fans doute cette defolation qui, fuivant le prophete Daniel, doit durer jufques à la fin.

C. 2.

Dan. IX. 27. c. 7.

Je crains, ajoûte-t-il, que ce peché ne foit d'avoir vendu & mis à mort ce Jefus que les Chrétiens adorent. Sur quoi il apporte plufieurs paffages d'Ifaïe & des autres prophetes touchant la paffion de JefusChrist; & marque, que ce qui en eft raconté dans nô tre évangile s'y accorde parfaitement. Il infifte fur la prophetie de Daniel touchant les foixante & deux fe- Dan. ix. 20. maines aprés lefquelles il dit, que le Christ sera tué, la ville détruite & le facrifice aboli. Je ne vois point dit-il, d'évasion contre cette prophetic accomplie il

c. 8.

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