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AN, 1077. garderoit le roïaume ou y renonceroit, felon qu'il paroîtroit innocent ou coupable: fans que jamais il tirât aucune vengeance de cette pourfuite faite contre lui. Que jufques au jugement de la cause, il ne porteroit aucune marque de la dignité roïale, & ne prendroit aucune part au gouvernement de l'état, feule. ment qu'il pourroit exiger les fervices, c'est-à-dire, les redevances neceffaires pour l'entretien de sa maison. Que ceux qui lui avoient prêté ferment, en demeureroient quittes devant Dieu & devant les hommes. Qu'il éloigneroit pour toûjours de fa perfonne Robert évêque de Bamberg, & les autres dont les confeils lui avoient été préjudiciables. Que s'il fe justifioit & demeuroit roi, il feroit toûjours foûmis & obéiffant au pape; & lui aideroit, felon fon pouvoir, à corriger les abus de fon roïaume contraires aux loix de l'églife. Enfin que s'il manquoit à quelqu'une de ces conditions, l'abfolution feroit nulle, il feroit tenu pour convaincu, fans jamais être reçû à se justifier; & les feigneurs auroient la liberté d'élire un autre

12.

roi.

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Lib. IV. poft. epift. Henri accepta toutes ces conditions; & on dreffa un acte fommaire, par lequel il promettoit de fe raporter au Jugement ou à l'arbitrage du pape, touchant les plaintes formées contre lui par les feigneurs Allemans; & de donner entiere feureté au pape, pour aller de là les monts ou ailleurs. Cet acte étoit daté du vingt-huitiéme de Janvier 1077. & toutefois Domnizon auteur du tems dit, que le roi reçût abfolu tion le vingt-cinquième de Janvier, qui eft le jour de la converfion de faint Paul. Le roi confirma ces promeffes par les fermens les plus folemnels: mais le pa

pe voulut auffi que les médiateurs du traité fuffent les AN. 1077. cautions. Hugues abbé de Clugni prétendant que fa profeflion ne lui permettoit pas de jurer, donna sa foi en la presence de Dieu. Eppon évêque de Ceitz en Saxe, Gregoire évêque de Verceil, le marquis Azon & les autres feigneurs de la conference, jure. rent fur des reliques, que le roi observeroit inviolablement tout ce qu'il avoit promis.

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Ainfi le pape l'aïant abfous de l'excommunication celebra la meffe, & aprés la confécration il le fit aprocher de l'autel avec les affiftans qui étoient en grand nombre : puis tenant à sa main le corps de Nôtre-Seigneur, il dit : J'ai reçû depuis long-tems des lettres de vous & de ceux de vôtre parti, où vous m'accufiez d'avoir ufurpé le faint fiege par fimonie, & d'avoir commis, tant avant mon épifcopat que depuis, des crimes qui felon les canons me fermoient l'entrée aux ordres facrez. Et quoique je puffe me justifier par le témoignage de ceux qui favent comment j'ai vécu depuis mon enfance, & de ceux qui ont été les auteurs de ma promotion à l'épiscopat : toutefois pour ôter tout ombre de scandale, je veux que le corps de Nôtre-Seigneur que je vais prendre foit aujourd'hui une preuve de mon innocence, & que Dieu me faffe mourir fubitement fi je fuis coupable. Aïant ainfi parlé il prit une partie de l'hostie & la confuma.

Le peuple fit des acclamations de joïe, loüant Dieu & felicitant le pape de cette preuve de son innocence; & le pape aïant fait faire filence s'adressa au roi & lui dit : Faites s'il vous plaît, mon fils, ce que vous m'avez vû faire. Les feigneurs Allemans

8.250.

AN. 1077. vous chargent de quantité de crimes, pour lesquels ils prétendent que vous devez être interdit pendant toute vôtre vie, non-feulement de toute fonction publique & de la communion ecclefiaftique, mais de tout commerce de la vie civile. Ils demandent inftamment que vous foïez jugé, & vous favez l'incertitude des jugemens humains. Faites donc ce que je vous onfeille, & fi vous vous fentez innocent, délivrez l'églife de ce scandale & vous même de cet embara prenez cette autre partie de l'hoftie, afin que cette preuve de vôtre innocence ferme la bouche à tous vos ennemis, & m'engage à être vôtre défenfeur le plus ardent, pour vous réconcilier avec les feigneurs & finir à jamais la guerre civile.

Le roi qui ne s'attendoit à rien moins, furpris & cmbaraffé, commença à reculer; & s'étant retiré à part avec fes confidens, il délibera en tremblant fur ce qu'il devoit faire pour éviter une épreuve fi terrible. Enfin aïant un peu repris fes efprits, il dit au pape, que les feigneurs qui lui étoient demeurez fideles étoient abfens pour la plûpart, aussi-bien que fes accufateurs ; & qu'ils n'ajoûteroient pas grande foi à ce qu'il auroit fait fans eux pour fa juftification. C'est pourquoi il prioit le pape de referver l'affaire en fon entier à un concile general. Le pape fe rendit fans peine à la priere du roi : il ne laiffa pas de lui donner le corps de Nôtre-Seigneur ; & aïant achevé la meffe, il l'invita à dîner, où il le traita avec beaucoup d'honneur, & aprés l'avoir inftruit foigneufement de tout ce qu'il devoit obferver, il le renvoïa aux fiens qui étoient demeurez affez loin hors du château.

Incontinent aprés l'abfolution du roi, le pape en

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donna avis aux feigneurs Allemans, par une lettre où AN. 1077. il dit Suivant la réfolution prife avec vos députez nous fommes venus en Lombardie, environ vingt jours avant le terme auquel quelqu'un des ducs devoit venir au-devant de nous aux paflages des montagnes. Mais aprés ce terme expiré, on nous manda qu'on ne pouvoit nous envoier d'efcorte: ce qui nous mit en grande peine, parce que nous n'avions pas d'ailleurs de moien de paffer chez vous. Cependant nous apprîmes certainement que le roi venoit; & avant que d'entrer en Italie, il nous offrit par des envoïez de fatisfaire en tout à Dieu & à faint Pierre, & nous promit toute obéiffance pour la correction de fes mœurs, pourvû qu'il obtînt fon abfolution. Nous confultâmes & differâmes long-tems, le reprenant fortement de fes excés par les envoïez de part & d'autre; & enfin il vint fans marques d'hoftilité & peu accompagné à la ville de Canoffe où nous demeurions.

Il fut trois jours à la porte fans aucune marque de dignité roïale, nuds pieds & vêtu de laine, demandant mifericorde avec beaucoup de larmes : en forte que tous les affiftans ne pouvoient retenir les leurs, & nous prioient inftamment pour lui, admirant nôtre dureté ; & quelques-uns crioient, que ce n'étoit pas une severité apoftolique, mais une cruauté tyrannique. Enfin nous laiffant vaincre, nous lui donnâmes l'absolution & le reçûmes dans le fein de l'église : aprés avoir pris de lui les fûretez tranfcrites ci-deffus qui furent auffi confirmées par l'abbé de Clugni, par les comteffes Mathilde & Adelaide, & plufieurs autres feigneurs évêques & laïques : ce qui s'étant ainsi paffé, nous defirons paffer chez vous, fi-tôt que nous en au

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la commodité, pour travailler plus efficacement à la paix de l'église & de l'état : car vous devez être perfuadez, que nous avons laiffé toute l'affaire en fufpens jusqu'à ce que nous la puiflions terminer par vôtre confeil. Avant que le roi fortît de Canoffe, le pape envoïa Eppon évêque de Ceitz, pour abfoudre ceux qui avoient communiqué avec ce prince avant fon absolution, de peur qu'il ne retombât dans l'excommunication, en communiquant avec eux. Mais quant l'évêque eut exposé aux Lombards le fujet de fa venuë; ils s'emporterent furieusement contre lui de paroles & de geftes, empêchant par des cris moqueurs, qu'on n'écoûtat ce qu'il disoit de la part du pape, & le chargeant des injures les plus infâmes. Ils déclarerent qu'ils ne comptoient pour rien l'excommunication d'un homme que tous les évêques d'Italie avoient excommunié lui-même qui avoit ufurpé le faint ficge par fimonie, & l'avoit deshonoré par des homicides, des adulteres & d'autres crimes capitaux. Que le roi s'étoit couvert d'une honte irréparable, fe foumettant à un heretique chargé de toutes fortes de cri mes, trahissant indignement l'église & l'état, dont ils avoient cru qu'il feroit le protecteur, & les abandonnant honteusement, aprés que pour le venger, ils s'étoient fi hautement déclarez contre le pape. Les difcours des feigneurs de Lombardie répandus parmi le peuple, exciterent bien-tôt une grande haine contre le roi ; & elle vint à tel point qu'ils réfolurent unanimement de le rejetter, & de reconnoître pour leur roi fon fils encore enfant, de le mener à Rome, & d'y élire un autre pape, qui le couronneroit empereur &

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