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cafferoit tout ce qu'avoit fait Hildebrand.

A N. 1077.

mais

Le roi aïant apris cette confpiration, envoïa tout ce qu'il avoit auprés de lui de feigneurs, pour apaifer les Lombards à quelque prix que ce fût, en leur representant, qu'ils ne devoient pas prendre à injure ce qu'il n'avoit fait que dans une extrême neceffité, ne pouvant fatisfaire autrement les seigneurs Allemans, qu'en se faisant abfoudre avant le jour défigné. Il arrêta ainfi le premier mouvement de la révolte; la plupart des feigneurs Lombards fe retirerent de fon armée fans congé : les autres le reçûrent, mais avec peu de refpect, témoignant ouvertement leur mépris de fa legereté, & leur indignation de ce qu'il avoit trompé leurs esperances. Il éprouvoit le même mépris des peuples dans toutes les villes où il paffoit; & il crut enfin que le feul moïen d'apaifer les Lombards & de regagner leur affection, étoit de rompre le traité qu'il venoit de faire avec le pape, comme il fit au bout d'environ quinze jours. Il commença donc à rappeller auprés de lui Ulric de Cosheim & ses autres confidens que le pape avoit excommuniez ; & dans l'assemblée des feigneurs il déclamoit continuellement contre le pape, l'accufant d'être auteur de tous les troubles dans l'églife & dans l'état, & exhortant les Lombards à fe venger fous fa conduite, des injures qu'ils en avoient reçûës, il les apaifa ainfi, & fes troupes croiffoient tous les jours.

En Allemagne l'archevêque de Maïence, les évêques de Virsbourg & de Mets, les ducs Rodolfe, Guelfe & Berthold avec plufieurs autres seigneurs, réfo lurent que les feigneurs Saxons & les autres qui s'interefloient au bien de l'état s'affembleroient le

XLII. Affemblée de For

cheim.

p. 252.

AN. 1076, treiziéme de Mars à Forcheim en Franconie ; & ils écrivirent au pape, que puifque le roi, par ses artifices, l'avoit empêché de se trouver à Augsbourg à la Chandeleur, il ne manqua pas au moins de venir à Forchcim. Le pape étoit encore à Canoffe & dans les fortereffes voifines, réfolu de ne retourner à Rome qu'aprés fon voïage d'Allemagne. Aïant donc reçû les lettres des feigneurs Allemans, quoiqu'il fut déja bien averti du changement du roi, il ne laissa pas de lui envoïer un cardinal nommé Gregoire avec d'autres legats pour lui dire, qu'il étoit tems d'accomplir fes promeffes, & qu'il fe trouvât à Forcheim afin que sa caufe y fut jugée définitivement par le pape. Le roi diffimulant de fon côté, répondit: que comme c'étoit fon premier voïage d'Italie il y avoit trouvé tant d'affaires, qu'il ne pouvoit en fortir fi promptement fans offenfer les Italiens ; & que d'ailleurs le terme de l'affemblée étoit trop court. Il pria même le pape de lui permettre de recevoir la couronne à Modoëce ou Monza fuivant l'ufage des rois de Lombardie, par les mains de l'évêque de Pavie & de l'archevêque de Milan : ou parce que ces deux prelats étoient excommuniez, qu'il en donnât la commiffion à quelqu'autre évêque. Mais le papé refusa: car il ne prétendoit lui avoir rendu que la communion de l'église & non pas la roïauté, ce qu'il difoit ne pouvoir faire sans le confentement des feigneurs.

Vita Greg. 4. 9.

Le pape envoïa donc en Allemagne Bernard abbé de faint Victor de Marfeille, homme d'une haute & un cardinal diacre nommé auffi Bernard, pour fe trouver à l'affemblée de Forcheim, raconter aux feigneurs Allemans ce qui s'étoit paffé, & leur

vertu,

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dire, que l'intention du pape étoit de s'y trouver lui- AN. 1077. même : mais que Henri lui avoit fi bien fermé tous les paffages: qu'il ne pouvoit ni paffer en Allemagne, ni retourner à Rome: ainfi, qu'il les exhortoit à donner cependant le meilleur ordre qu'ils pourroient à leurs affaires. C'est là que finit l'excellente hiftoire de Lambert de Schafnabourg : mais l'auteur de la vie de Gregoire VII. nous apprend ce qui se passa à l'assemblée de Forcheim.

Les legats y prefenterent les lettres du pape & dirent qu'il avoit peu de fatisfaction du roi, qui contre fes promeffes n'avoit fait par fa prefence qu'encourager les ennemis de l'églife; & que toutefois il les prioit de differer jufqu'à fon arrivée l'élection d'un nouveau roi. Après que les legats eurent parlé, les évêques & les feigneurs fe leverent l'un après l'autre pour leur faire honneur. Puis ils commencerent à fe plaindre aux legats des maux que le roi Henri leur avoit faits, & qu'ils avoient encore fujet d'en craindre, ajoûtant qu'il les avoit tant de fois voulu furprendre, qu'ils ne pouvoient se fier à fes fermens ; & que s'ils l'avoient fouffert fi long-tems depuis qu'il étoit déposé, ce n'étoit pas qu'ils efperaffent fa correction, mais pour ôter à leurs ennemis tout pretexte de calomnie. Ce jour là fe paffa en ces plaintes.

6. 201

XLIII.

Le lendemain ils allerent trouver les legats à leur Rodolfe élû roi logis, & leur reprefenterent qu'ils expofoient le roïaume à une divifion fans remede, s'ils n'élifoient un roi dans cette même affemblée. Les legats répondirent: Il nous femble que ce feroit le meilleur, fi vous le pouviez fans peril, de differer l'élection jusqu'à l'arrivée du pape mais vous avez l'autorité entre les mains, &

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AN.

que

1077. vous connoiffez mieux que nous l'intereft de l'état.
Les seigneurs donc incertains de l'arrivée du pape &
affurez du peril qu'il y avoit à differer, s'affemblerent
chez l'archevêque de Maïence; & confidererent
le pape avoit laiffé le délai à leur choix: qu'il leur avoit
défendu de reconnoitre Henri pour roi ; & que depuis
il ne lui avoit rendu que la communion & non pas la
couronne. Ainfi fe trouvant entierement libres, ils
élurent pour roi Rodolfe duc de Suaube, quoiqu'il y
réfiftât & demandât au moins une heure pour déli-
berer, & ils lui firent ferment de fidelité. Il ne vou-
lut point affurer la fucceffion à son fils, mais il décla-
ra qu'après la mort, les feigneurs éliroient celui qu'ils
jugeroient le plus digne. Il fut élu à Forcheim le quin-
ziéme de Mars 1077. & douze jours après, savoir le
dimanche vingt-feptiéme du même mois, qui étoit la
mi-carême, il fut facré à Mayence par les archevê-
ques de Maïence & de Magdebourg avec leurs fuffra-
gans en présence des légats.

Hift. bell. Sax. 8. 135.

Le jour même du facre, le roi Rodolfe, pour montrer fa foumiffion aux ordres du pape, voïant un foudiacre qu'il favoit être fimoniaque, fe prefenta revêtu des ornemens pour chanter l'épistre à la messe, refusa de l'entendre: enforte que l'archevêque Sigefroi fut obligé de le faire retirer & d'en mettre un autre à fa place. Cette action rendit le roi Rodolfe fort odieux aux clercs fimoniaques ; & incontinens, & dès le jour même le clergé de Maïence excita une fedition contre l'archevêque, le roi & les feigneurs: enforte que quand le roi defcendit du palais après le diner pour aller à vêpres, le peuple en furic voulut se faifir de l'églife & du palais, mais il fut repouffé par

les chevaliers, qui accompagnoient le roi, quoiqu'ils AN. 1077. fuffent fans armes : car c'étoit la coûtume de n'en point porter en carême. Il eft vrai qu'après vêpres les feditieux étant revenus à la charge, il y en eut plus de cent tant tuez que noïez,& les legats imposerent pour penitence à ceux qui les avoient tuez de jeûner quarante jours, ou de nourrir quarante pauvres. Le roi Rodolfe envoïa auffi-tôt une ambassade au pape, pour lui donner part de fon élection, & lui promettre obéiffance.

XLIV. Incertitude du

pape.

Ce recit eft tiré des auteurs les plus attachez au pape Gregoire. Toutefois dans une lettre adreffée à tous les fideles, il parle ainfi de cette élection, prenant Dieu à témoin de ce qu'il dit : Nous voulons lib. xx. epift. 28 bien vous déclarer que Rodolfe qui a été ordonné roi par les Ultramontains, n'a pas reçû alors le roïaume par nôtre ordre, ou par nôtre conseil; & que nous avons même statué dans un concile, que fi les archevêques & les évêques qui l'avoient ordonné ne rendoient bonne raison de cette action, ils feroient dépofez de leur dignité, & Rodolfe du roïaume.

Il paroît encore que le pape ne tenoit pas le droit de Rodolfe pour incontestable, par deux lettres écrites peu de tems après qu'il put avoir connoiffance de cette élection; c'est-à-dire, le dernier jour de Mai lib. v. ep. 23. 1077. La premiere, eft adreffée au cardinal Bernard & à l'abbé Bernard fes legats, à qui il dit vous favez que nous fommes fortis de Rome pour aller en Allemagne procurer la paix : mais faute de l'escorte qui nous avoit été promise, nous fommes demeurez en Lombardie en grand péril. C'est pourquoi nous vous enjoignons d'exhorter l'un & l'autre roi Henri & Ro

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