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X LV.

dolfe à nous donner fureté pour paffer en Allemagne:
car nous defirons terminer leur differend avec le con-
feil des clercs & des laïques du roiaume, & montrer
auquel des deux la couronne appartient le plus jufte-
ment. Si donc l'un des deux rois refufe de nous obéir
en ce point, refiftez-lui en toute maniere & jusques
à la mort, s'il eft befoin; empêchez qu'il ne gouverne
le roïaume, & les excommuniez avec tous fes adherans.
Soûtenez au contraire celui qui nous obéira, & le con-
firmez dans la dignité roïale. Il parle de même dans
l'autre lettre qui eft adreffée aux Allemans. Il dit
l'un & l'autre roi demande le fecours du faint fiege:
il ordonne de rejetter comme membre de l'antechrist
celui qui ne lui obéira pas, & de rendre toute forte
d'obéiffance à celui qui fe foûmettra aux ordres des le-
gats. En ces deux lettres il releve l'autorité de faint
Gregoire, comme s'étant attribué le pouvoir de dépo-
fer les fouverains: mais il n'en allegue que la claufe
suspecte du privilege accordé à l'hôpital d'Autun.

que

Quand les Allemans du parti de Rodolfe eurent Plaintes des Al- connoiffance de ces lettres, ils perdirent l'efperance qu'ils avoient dans la fermeté du pape, & lui écriviSax. bell. hift. rent une lettre où ils difoient : vous favez, & vos let

lemans contre le

pape.

p. 140.

tres que nous avons en rendent témoignage ; que ce n'est ni par nôtre confeil, ni pour nôtre interêt, mais pour. les injures faites au faint fiege, que vous avez depofé nôtre roi; & nous avez deffendu fous de terribles menaces de le reconnoître pour tel. Nous vous avons obéi avec un grand péril, & ce prince a exercé une telle cruauté, que plufieurs après leurs biens ont encore perdu la vie & laiffé leurs enfans réduits à la pauvreté. Le fruit que nous en avons reçû est, que

y

celui qui a été contraint de se jetter à vos pieds, a été AN. 1077. abfous fans nôtre confeil, & a reçû la liberté de nous nuire. Dans la lettre d'abfolution, nous n'avons rien vû qui révoquât la fentence de privation du roïaume, & nous ne voïons pas encore à prefent qu'elle puiffe être révoquée. Après donc avoir été plus d'un an fans roi, nous en avons élu un autre ; & comme il commençoit à relever nos efperances, nous avons été furpris de voir dans vos lettres, que vous nommez deux rois, & adressez vos legats à tous les deux.

Cette efpece de divifion que vous avez faite du roïaume, a divisé auffi les efprits, parce qu'on a vû dans vos lettres, que le nom du prévaricateur eft toûjours le premier, & que vous lui demandez fauf-conduit, conme s'il lui reftoit de la puiffance. Ce qui nous trouble encore, c'eft que comme vous nous exhortez à demeurer fermes dans nôtre entreprise, vous donnez auffi de l'efperance au parti contraire: car les confidens du roi Henri, bien qu'excommuniez avec lui, font reçûs favorablement quand ils vont à Rome; & nous paffons pour ridicules, quand nous voulons éviter ceux avec qui vous communiquez. Au contraire on nous impute leurs fautes, & on attribue à nôtre negligence de n'envoier pas plus fouvent à Rome; quoique ce foit eux qui nous en empêchent contre leur ferment. Nous croïons que vôtre intention eft bonne, & que vous agiffez par des vûës fubtiles : mais comme nous fommes trop groffiers pour les penetrer, nous nous contentons de vous expofer les effets fenfibles de ce ménagement des deux partis: favoir les guerres civiles, les homicides innombrables, les pillages, les incendies, la diffipation des

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AN. 1077. biens ecclefiaftiques & du domaine des rois, enforte qu'à l'avenir ils ne pourront vivre que de rapines: Enfin l'abolition des loix divines & humaines. Ces maux ne feroient point, ou feroient moindres, fi vous ne vous étiez détourné ni à droite ni à gauche de vôtre refolution. Vôtre zele vous a engagé dans une route difficile, où il eft penible d'avancer & honteux de reculer. Si vous ne croïez pas prudent de refifter en face aux ennemis de l'églife, au moins ne détruisez pas ce que vous avez déja fait : car s'il faut compter fur rien ce qui a été défini dans un concile de Rome, & depuis confirmé par un legat: nous ne favons plus ce que nous devons tenir pour autentique. C'est l'excès de nôtre douleur qui nous fait parler ainfi : car nous trouvant exposé à la gueule des loups pour avoir obéi au pafteur, s'il faut nous prendre garde même du pafteur, nous fommes les plus malheureux de tous les

XLVI.

Hugues évêque

France.

IV. ep. 22.

hommes.

Cependant Gerard élû évêque de Cambrai, alla à de Die legat en Rome, & avoüa franchement au pape, qu'après l'élection du clergé & du peuple, il avoit reçu du roi Henri le don de l'évêché: affurant qu'il ignoroit & le decret par lequel le pape avoit défendu de recevoir ces inveftitures & l'excommmunication du roi Henri. Il fe foûmit entierement au jugement du pape : qui fut touché de compassion, fachant d'ailleurs que lection de Gerard étoit canonique, & que fa vie precedente étoit loüable. C'est pourquoi il écrivit à Hugues évêque de Die, qu'il croïoit devoir consentir à fa promotion. Toutefois, ajoûte-t-il, afin que d'autres n'en prennent pas avantage, nous voulons qu'il purge par ferment devant vous & devant l'arche

fe

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vêque de Reims, avec les autres évêques de la pro- AN. 1077 vince, de n'avoir eu aucune connoiffance ni de l'excommunication du roi, ni de nôtre décret contre les inveftitures.

C'est pourquoi nous vous enjoignons d'affembler un concile en ces quartiers là, avec le confentement du roi de France, s'ilfe peut: mais s'il ne veut pas y consentir, vous affemblerez le concile à Langres, de concert a avec l'évêque, en qui nous avons une grande confiance; & qui nous a promis de nous aider en tout nous & nos legats. Le comte Thibaut nous a fait aufsi la même promeffe, que fi le roi ne vouloit pas recevoir nos legats, il les recevroit avec une grande affec& leur donneroit toute forte de commodité & de fecours, pour celebrer un concile & regler les affaires ecclefiaftiques. Ce comte étoit fans doute Thibaut III. comte de Champagne ; & quant à lévêque de Langres; c'étoit Rainard furnommé Hugues, frere de Milon comte de Tonerre & de Bar. Čet évêque Chrift. avoit un bel efprit, beaucoup de fience & d'éloquen

tion ;

ce

car il avoit particulierement étudié la retorique;

& il étoit de bon confeil.

y

Le pape continuë : Voïez donc avec l'évêque de Langres où il fera plus à propos de tenir le concile: appellez-y l'archevêque de Reims & le plus que vous pourrez d'archevêques & d'évêques de France; & terminez premierement la cause de l'évêque de Cambrai, puis les affaires des évêques de Chaalons, de Chartres, du Pui & de Clermont, & du monaftere de faint Denis, enforte que nous n'en foïons plus fatiguez. Nous voulons auffi que vous faffiez affifter au concile nôtre venerable frere Hugues abbé de Clugni,

Chr. Virdun. p.199 Gall.

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AN. 1077.

Gall. Chr. to. 2. P. 504.

Lib. 1. ep. 56.

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étant affurez de fa vertu & de fon integrité. Au refte vous aurez foin de dénoncer expreffement dans ce concile qu'aucun métropolitain, ni aucun evêque n'impofe les mains à celui qui a reçû le don de l'évêché d'une perfonne laïque : & qu'aucune perfonne puiffante, ni autre, ne s'ingere à faire de pareils dons, fous peine d'encourir les cenfures portées par le pape Adrien dans le huitiéme concile. Vous ferez confirmer ce decret par tout le concile, & fi quelqu'un reçoit enfuite l'inveftiture, vous lui ordonnerez de nous en venir rendre raifon. Cette lettre eft du douziéme de Mai 1077.

Quand aux évêques qui y font nommez, celui de Chaalons étoit Roger III. fils de Herman de Turinge comte de Hainaut. Dès le premier concile que le pape Gregoire VII. tint à Rome en 1074. Il l'avoit cité pour venir répondre à la plainte que son église avoit déja plufieurs fois réiterée contre lui; & l'avoit menacé de dépofition: toutefois il tint ce fiege jusques en l'an 1093. qu'il mourut. L'évêque de Chartres étoit Robert qui étant moine avoit envahi cette église par ambition; & après avoir juré fur le corps de faint to. 1o.come. p. 353. Pierre au mois d'Avril 1076. qu'il la quitteroit, s'étoit parjuré, en refusant de le faire, lorfqu'il en fut admonefté par le legat. C'eft pourquoi le pape écrivit au clergé & au peuple de Chartres, de ne le pas reconnoître pour êvêque, ni pour feigneur, & d'en élire un autre. Il en écrivit auffi à Richer archévêque de Sens, lui ordonnant de facrer celui qui feroit élu canoniquement. ; & d'obliger par cenfures Robert & fon frere Hugues, à reftituer dans trois femaines au clergé de Chartres ce qu'ils lui avoient ôté. Ces deux lettres font

SV. ep. 14.

IV. ep.15.

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