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ne voïant

AN 1077. tes fes forces à foûtenir le pape Gregroire. Il la quitta au mois de Mai pour retourner à Rome plus d'apparence de pouvoir paffer en Allemagne mais il fejourna en divers lieux à fon retour, comme il paroît par les dattes de fes lettres, & il n'arriva à Rome qu'au mois de Septembre. Le peuple vint au devant de lui & le reçût avec grande joïe, principalement à cause de la donation de Mathilde.

XLIX.

lib. v. ep.8.

Il écrivit depuis fon retour une lettre adressée à RiAffairesdef rance. cher archevêque de Sens, à Richard de Bourges &à leurs fuffragans, où il dit : vous favez combien Rai nier évêque d'Orleans s'eft montré défobeiffant contre le faint fiege, & vous n'ignorez pas les excés dont on l'accufe: car on dit qu'il a envahi cette église fans élection valable du clergé & du peuple, quoiqu'il n'eût pas l'âge legitime, & qu'il a vendu les archidiaconez & les abbaïes. Nous l'avons appellé jufques à trois fois pour s'en juftifier, fans qu'il ait feulement daigné envoïer personne pour proposer ces excuses; & après que nous l'avons fufpendu & excommunié, il n'a pas laissé de faire les fonctions épifcopales. Il a même permis à ses gens de tenir long-tems prifonnier celui qui portoit nos lettres. C'eft pourquoi nous vous enjoignons de vous affembler au lieu que vous jugerez le plus convenable, où vous l'appellerez pour répondre fur ces chefs. Que fi dans quarante jours il n'y vient pas, ou ne fe purge pas canoniquement; nous le declarons dépofé fans efperance de reftitution. Vous publierez cette fentence, & mettrez à la place de Rainier, Sanfon dont vous m'avez écrit. C'étoit un ecclefiaftique que le clergé & le peuple d'Orleans, au moins une partie, avoit élu pour évêque. Le pape écri

V. ep. 9.

vit une lettre conforme à Rainier lui-même ; & par AN. 1078. deux lettres de l'année precedente, il paroît qu'il avoit déja été acculé devant Alexandre II. Toutefois l'élection de Sanfon n'eut pas d'effet, & Rainier étoit en- 0.2.p.245. core évêque d'Orleans en 1082

ep. 9. Gall. Chr.

Le concile de Poitiers indiqué pour le quinziéme de Janvier 1078. fe tint en effet, & le legat Hugues to. x. p.366, évêque de Die en rendit auffi compte au pape. Nous avons effuïé plufieurs perils en allant à ce concile, & plufieurs oppofitions dans le concile même. Le Roi de France m'avoit d'abord écrit des lettres, par lefquelles il témoignoit un grand defir d'honorer & d'appuier nôtre legation: mais enfuite il écrivit au comte de Poitiers, lui défendant par la fidelité qu'il lui devoit, de fouffrir que nous tinffions un concile dans fes états, & aux évêques de fa dépendance de s'y trouver: prétendant que nous voulions ternir le luftre de sa couronne & des feigneurs de fon roïaume, Cette conduite du roi encouragea les ennemis de la verité à nous infulter, & détourna de nous ceux qui étoient bien dif pofez. Car l'archevêque de Tours, la pefte & l'opprobre de l'églife, & l'évêque de Rennes avec lui s'étoient prefque rendus maîtres de tout le concile. Il marque enfuite les reproches qu'il y avoit contre ces deux prélats, particulierement contre l'archevêque accusé de simonie, puis il ajoûte : ils avoient presque attiré l'archevêque de Lion à leur parti; & comme il parloit pour eux, leurs ferviteurs aïant rompu રે coups de haches les portes de l'églife, entrerent à main armée & troublerent le concile. Nôtre frere Teuzon penfa être tué dans ce tumulte : nous demeurâmes en petit nombre honteufement abandonnez,

AN. 1078. & l'archevêque de Tours se retira infolemment avec Les fuffragans.

C. 2.

Le lendemain le concile s'assembla dans l'église de faint Hilaire, & comme l'archevêque ne nous faifoit aucune satisfaction de cette infulte, nous le fufpendîmes de fes fonctions, il appella au faint frege & nous vous le renvoïâmes. L'abbé de Bergues en Flandres fut accufé de fimonie & dépofé. L'archevêque de Befançon ne se présenta ni au concile d'Autun, ni à celui de Poitiers, & n'y envoïa point d'excufe. Nous vous avons envoïé l'évêque de Beauvais accufé de fimonie, celui de Noïon & l'ufurpateur du fiege d'Amiens, avec ceux qui l'ont ordonné. A la fin de la lettre il ajoûte : Que vôtre fainteté ne nous expose pas plus long.tems à recevoir des affrons. Car les coupables que nous avons condamnez courent à Rome ; & au lieu d'être traitez plus rigoureusement, comme ils le meriteroient, on leur fait grace, & ils en deviennent plus

infolens.

On attribue à ce concile de Poitiers dix canons, dont le premier défend aux évêques & aux autres ecclefiaftiques de recevoir les inveftitures des rois ou des autres laïques, ni aux laïques de les donner, fous peine d'excommunication & d'interdit des églifes. Défense d'avoir deux prélatures, deux prébendes, c. S. & comme nous parlons aujourd'hui deux benefices. Défense aux abbez & aux moines d'impofer des penitences, finon par commiffion de l'évêque, Les abbez feront prêtres auffi-bien que les archiprêtres, Commencemens les archidiacres feront diacres ou perdront leur di gnité.

L.

6. 7.

de S. Anfelme.

En Normandie le venerable Helloüin abbé du Bec

mourut

AN. 1078.

mourut faintement dans une heureuse vielleffe, âgé de quatre-vingt-quatre ans, le vingt-fixiéme d'Août 1078. Son fucceffeur fut Anfelme né en 1033. dans la ville d'Aoufte aux confins de Bourgogne & de Lombardie. Etant maltraité par fon pere, il quitta fon païs, où il avoit commencé fes études avec fuccés ; & après avoir paffé environ trois ans partie en Bourgogne, partie enFrance, il vint en Normandie, & attiré par la réputation de Lanfranc, il fe rendit fon disciple & gagna bientôt fon amitié. Comme il étudioit infatigablement, apprenant & inftruifant les autres, abattant fon corps par les veilles, la faim & le froid : il lui vint en pensée, qu'il n'auroit pas plus à fouffrir dans les aufteritez de la vie monaftique, & ne perdroit pas le merite de fes fouffrances. Il reprit donc le deffein qu'il avoit eu dès l'âge de quinze ans de fe faire moine & fongea où il feroit mieux à Clugni ou au Bec. Mais, difoit-il, en l'un & en l'autre le tems que j'ai emploïé à més études fera perdu : je ne pourrai y être utile à perfonne, à Clugni à cause de la regularité de l'observance au Bec à caufe de la grande capacité de Lanfranc, dont je serai offusqué. Un reste d'amour propre le faifoit penser ainfi. Il s'en apperçût & dit : Eft-ce donc être moine que de vouloir être eftimé & preferé aux autres ? Non, il faut entrer au lieu où je ferai le plus méprifé, où je ferai compté pour rien,

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Il confulta Lanfranc & lui dit ; j'ai inclination pour trois états, d'être moine ou ermite, ou vivre de mon bien & en fervir les pauvres ; je vous prie de me déterminer. Son pere étoit mort & tout le bien le regardoit. Lanfranc ne voulut pas decider feul, & le mena à Roüen pour confulter l'archevêque Maurille, qui

Tome XIII.

Zz

visa Herl. fac.6.

B. part. 1. p. 354. Via per diner.

. Bull. 12. App.

to 10. p. 865.

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AN. 1078. décida en faveur de la vie monastique. Anfelme fut donc reçû en l'abbaie du Bec en 1060. à l'âge de vingtfept ans, Lanfranc en étant prieur fous l'abbé Hellouin. Trois ans après Anfelme fut établi prieur à la place de Lanfranc devenu abbé de faint Etienne de Caën. Anfelme s'appliqua alors avec plus de liberté à l'étude de la theologie, & y fit un tel progrés, qu'il refolut des questions trés-obfcures inconnues avant fon tems: montrant clairement la conformité de ces décisions avec l'autorité de l'écriture fainte. Il n'étoit pas moins éclairé dans la morale. Il connoiffoit fi bien les mœurs de toutes fortes de perfonnes, qu'il découvroit à chacun les fecrets de fon cœur : il montroit les fources & les progrés des vertus & des vices, avec les moïens de les acquerir ou de les éviter. De là il puifoit en abondance de fages confeils & de ferventes exhortations.

Quand il fut fait prieur, quelques. uns des freres murmuroient qu'il leur eût été préferé, étant fi jeune de profeffion: mais il ne fe défendit contre eux que par fa patience & fa charité, qui enfin les gagna, leur faisant connoître la pureté de ses intentions. Un jeune moine nommé Olberne avoit beaucoup d'efprit & d'induftrie, mais beaucoup de malice & de chaine contre Anfelme. Le faint homme y voïant dans le fonds un beau naturel, avoit pour lui une grande indulgence, & fouffroit ses puerilitez autant qu'il le pouvoit fans préjudice de l'observance. Ainfi peu à peu il l'adoucit & s'en fit aimer. Le jeune homme commença à l'écouter & à fe corriger; & Anfelme l'aïant pris en affection, lui retrancha les petites libertez, qu'il lui avoit accordées, & l'accoûtuma à une

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