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discipline établie par les peres, mais pourvoir à l'uti- AN. 107 8. lité de l'églife: delà vient que l'autorité de l'église

d'Arles, qui s'étendoit fur tout le roïaume de France, sup / xxxv. n. 19, alors plus grand qu'aujourd'huy, a cessé au bout de quelque tems, & le faint fiege a delegué fon pouvoir à d'autres felon qu'il lui a plû. L'églife de Reims ellemême, a été quelque tems foumife à un primat aprés le pape. Il conclut en ordonnant à Manaffes, de fe presenter devant l'évêque de Die & l'abbé de Clugni Tes legats, tant pour le juftifier des accufations formées contre lui, que pour se faire rendre justice sur les plaintes; qu'il faisoit contre l'archevêque de Vienne & les autres. Le pape en écrivit auffi aux deux legats Hugues de Die & Hugues de Clugni, & ces deux let. VI. epift 37 tres font du vingt-deuxième d'Août 1078.

LIV. Lettres à faint

Hugues de Clu

Lib. I. ep. 62.

Le pape Gregoire avoit une confiance particuliere au faint abbé de Clugni, comme l'on voit par fes lettres; & par trois entre autres, où il lui décharge fon gi cœur, & lui communique fes peines. Dans l'une qui eft de la premiere année de fon pontificat, il se plaint de ce qu'il ne lui a point encore donné la confolation de le venir voir à Rome, & l'exhorte à y venir au plûtôt. Car, ajoûte-til, tous foibles que nous fommes, & quoique nos forces d'efprit & de corps, n'y fuffifent pas, nous portons feuls un grand poids d'affaires, non feulement fpirituelles, mais temporelles, & nous craignons tous les jours de fuccomber fous le faix, parce que nous ne pouvons trouver de fecours dans ce malheureux fiecle, C'eft pourquoi nous vous prions au nom de Dieu, d'exhorter vos freres à le prier continuellement pour nous.

L'année fuivante il lui difoit: J'ai fouvent prié Nô- Lib. 11. ep 19

A aa iij

AN. 1078. tre-Seigneur, ou de m'ôter de cette vie, ou de me rendre utile à son églife. Car je fuis environné d'une douleur exceflive & d'une trifteffe univerfelle. L'église Orientale abandonne la foi catholique, & les Chrétiens y font par tout mis à mort. Quand je regarde l'Occident & les autres parties du monde, à peine trouvai-je des évêques dont l'entrée ait été legitime, dont la vie foit pure & qui gouvernent leur troupeau par charité plûtôt que par ambition, & entre tous les princes seculiers, je n'en connois point qui préferent l'honneur de Dieu au leur, & la justice à l'interest. Quand aux peuples entre lesquels je demeure, les Romains, les Lombards, & les Normans: je leur dis fouvent je les trouve en quelque façon pires que des Juifs & des païens. Quand je reviens à moi même, je me fens fi chargé du poids de mes pechez, que je n'ai d'efperance pour mon falut qu'en la feule mifericorde de Jefus-Chrift. Il conclut en fe recommandant aux prieres des moines de Clugni.

v.pist. 22.

LV.

Odon évêque

d'Offic

Enfin dans une lettre de cette même année 1078. il parle ainfi : Nous fommes accablez de tant d'afflictions & fatiguez de tant de travaux, que ceux qui font avec nous ont peine même à le voir. Et quoique l'écriture nous aprenne, que chacun fera récompenfé felon fon travail, la vie nous paroît fouvent ennuieufe & la mort defirable. Quand le bon Jesus me tend la main, il me donne de la joïe: mais quand il me laisse à moi-même, je retombe dans le trouble; & quand les forces me manquent entierement, je lui dis en gémissant: Si vous impofiez un tel fardeau à Moïse ou à Pierre, je croi qu'ils en feroient accablez.

Vers le même tems le pape demanda à l'abbé Hu

10-3. Hift. S Mait

cil f. 464.

gues quelques-uns de fes moines les plus habiles pour AN. 1077 l'aider dans le gouvernement de l'églife. Hugues lui o deric. lib, iv an envoia Odon prieur de Clugni, & Pierre depuis abbé Tornac. 102. Si de Cave prés de Salerne. Odon, Eudes ou Otton ( car c'eft le même) étoit fils du feigneur de Lageri prés de Châtillon fur Marne. Il naquit vers l'an 1042. & fut élevé à Reims où il fit fes études fous faint Bruno alors chancellier de cette églife. Odon en fut auffi chanoine: & comme ce chapitre observoit alors une grande régularité, quelques-uns ont dit, qu'il avoit été chanoine regulier. Il étoit archidiacre de Reims en 1070 Mais peu de tems aprés il réfolut de quitter le monde, apparemment par les exhortations de faint Bruno, & fe retira à Clugni, où il eut pour maître le même Pierre avec lequel il fut depuis envoïé à Rome. S. Hugues voïant la capacité d'Odon, le fit prieur du monaftere peu d'années aprés fa converfion; c'eft. àdire, vers l'an 1076. & deux ans aprés le pape Gregoire VII. l'aïant fait venir à Rome, lui donna l'évêché d'Oftie pour l'oposer à un fchifmatique nommé Jean à qui l'empereur Henri l'avoit donné aprés la mort de Gerauld fameux par fes legations. Odon devint alors le principal confident du pape, & fut quatre ans du- Bertold an 1977. rant continuellement auprés de lui.

Le pape Gregoire avoit renvoïé à fon legat Hugues de Die le different entre Even ou Ivon évêque de Dol en Bretagne, & Johonée fon predeceffeur. Ce dernier étoit entré dans ce fiege par fimonie, en donnant au comte Alain de grands prefens, au vû & fçû de tout le monde; & depuis fon épifcopat il s'étoit marié publiquement & avoit plufieurs enfans. Quand fes filles étoient venues en âge d'être mariées, il leur avoit

LVI.
Affaires de Dol en

Bretagne
Martonne. p 57

Acta. ap.

AN

101.

Greg. VI. ep. 4

par

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1708. donné en dot des terres de l'églife. Le pape Nicolas p. 56. II. averti de ce fcandale, avoit cité à Rome Johonée mais inutilement: Gregoire VII. le dépofa, & l'égliP. 58. fe de Dol lui envoïa pour être ordonné à sa place, un Argentré l. 1. c. jeune homme nommé Geldoüin chanoine de Dol, qu'ils avoient elû Il étoit de grande naissance & de bonnes mœurs; mais comme il n'avoit pas l'âge porté les canons ni la maturité neceffaire pour l'épiscopat, le pape Gregoire refufa de l'ordonner, & du confentement de Geldoüin même & de ceux qui l'accompagnoient, il ordonna évêque de Dol Even abbé de faint Melagne, qui étoit de la même députation, homme fage & vertueux. Il ne s'attendoit à rien moins, & il fallut le forcer à accepter l'épifcopat: c'eft ce qui paroît par la lettre du pape au clergé & au peuple de Dol, en datte du vingt-feptiéme de Septembre 1076. & par la lettre à Guillaume roi d'Angleterre, dont la Bretagne relevoit étant un arriere-fief de la Normandie.

n. 44.

IV. epift. s.

Comme l'évêque de Dol étoit en poffeffion depuis Sup. liv xiv. deux cent ans du titre d'archevêque & de la jurifdiction fur les évêques de Bretagne : le pape lui donna le pallium, & écrivit à tous les évêques de la province, de lui rendre obéiffance, fans prejudice toutefois des droits de l'archevêque de Tours, qui fe prétendoit toûjours métropolitain de la Bretagne. Cette précaution n'empêcha pas que Raoul archevêque de Tours, ne fe plaignit de ce que le pape avoit accordé le palliuin à l'évêque de Dol: fur quoi le pape lui reponiv. epift. 13. dit; les feigneurs du païs aïant envoïé nous demander un évêque pour ce fiege, & declaré quils vouloient renoncer à l'ancien abus de donner l'investiture

&

& de prendre de l'argent pour l'ordination des évê- AN. 1078. ques : nous avons reçu leur offre avec joïe, & avons crû leur devoir accorder ce qu'ils demandoient. Mais vous pouvez voir par nos lettres les précautions que nous avons prifes pour conferver la dignité de l'église de Tours. C'est pourquoi vous devez attendre, fans murmurer, l'examen & la décision de cette affaire, qui fe fera bien-tôt comme nous efperons, foit fur les lieux, foit à Rome en nôtre presence.

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Johonée chaffé de Dol s'efforçoit toûjours d'y rentrer, se plaignant d'avoir été dépofé injustement; & fit écrire au pape en fa faveur par le roi d'Angleterre, . ep. 176 à qui le pape répondit : nous croïons cette affaire terminée, mais pour vous montrer l'attention que nous faisons à vôtre priere, & de peur d'avoir été furpris, ce que nous ne croïons pas, nous avons refolu d'envoïer fur les lieux Hugues évêque de Die, Hubert foudiacre de l'églife Romaine & le moine Teuzon, qui a déja pris connoiffance de cette affaire, pour l'examiner encore foigneufement & vous la faire connoître: ne doutant point que vous ne vous rendiez à ce que demande la juftice; car nous favons que vous êtes principalement recommandable par cette vertu: La lettre eft du vingt-uniéme de Mars 1077. L'année fuivante le pape écrivit à quelques feigneurs Bretons, que l'archevêque Even s'étoit prefenté à lui, mais que la cause n'avoit pû être jugée par l'absence de fon competiteur. C'eft pourquoi, ajoûte-il, nous avons envoïé toute cette affaire à Hugues de Die nôtre legat, qui doit celebrer un concile en France; où nous vous prions de faire affister les évêques, les abbez & les autres personnes neceffaires pour faire termi Bbb

Tome XIII.

v. ep. 25.

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