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p. 24. 25. c.

pondre à cetre objection. Il dit, que le ferment fait AN. 1081. au pape par les évêques en leur ordination, est preferable à celui qu'ils ont fait au roi : que la meilleure maniere de garder la foi au prince, eft de le fervir fidelement; & que ceux-là font infideles, qui prennent part à fes crimes, & qui par leurs confeils l'engagent à de mauvaises affaires : que les fermens faits contre la justice ne sont point valables : enfin qu'on vouloit obliger les catholiques à renoncer au pape, s'ils vouloient être fidelles au prince.

pas

Il paroît par ces réponses, que Gebehard n'entendoit pas même l'état de la queftion. Car pour garder la fidelité à fon roi, il n'étoit pas neceffaire de renoncer à l'obéiffance du pape : il falloit obeïr au roi pour le temporel & au pape pour le fpirituel. Il falloit ne obéir au roi s'il commandoit des crimes: mais il ne s'enfuit pas qu'il ne fallût lui rendre aucune obéïffance. Il étoit défendu de communiquer avec luy, quant à l'exercice de la religion, mais non pas quant au service de l'état. On avoit raifon de tenir Henri pour excommunié, Gregoire pour pape legitime, & Guibert pour antipape, & de foûtenir qu'on ne devoit point communiquer avec les excommuniez mais on ne devoit pas en conclure, que Henri ne dût plus être regardé comme roi. Aufli dans toute cette lettre qui eft trés- longue, Gebehard ne raporte aucune preuve du pouvoir de l'églife fur le temporel des rois, & n'entreprend pas même de le prouver.

:

Vers le même tems, le pape Gregoire écrivit à vIIL 4p. 213 Herman évêque de Mets une feconde lettre, pour répondre à ceux qui soûtenoient au fujet de Henri, que l'on ne pouvoit excommunier les rois, ni abfoudrę

Fff iij

AN 1081.

Sup. liv. 1x11 n' 30.

p. 270. B.

Chryf.liv Ix. c. 2.

:

leurs fujets du ferment de fidelité. Il repete les mêmes preuves qu'il avoit emploïées dans la lettre de l'année 1076. & y ajoûte l'exemple de l'empereur Arcade excommunié par le pape faint Innocent, pour avoir confenti à l'expulfion de faint Jean Chryfoftome. Mais la lettre de faint Innocent contenant cette 10. 2. Cone. p. 1307. excommunication eft rejettée de tous les favans; & quand elle feroit vraïe, Arcade y eft feulement exHermant. vie-S communié & non pas dépofé de la dignité imperiale; de quoi toutefois il étoit queftion dans l'affaire du roi Henri. Gregoire VII. dit enfuite: On donne une plus grande puiffance à un exorcifte qu'à aucun seigneur laïque car les rois & les princes qui ne vivent pas chrétiennement, font efclaves des demons. Si donc les exorciftes ont reçu l'empire fur les demons, combien plus fur les efclaves & les membres des demons; & fi les exorciftes ont ce pouvoir, combien plus les évêques ? Il releve enfuite le pouvoir de remettre les pechez & de conferer les facremens, pour montrer combien les prêtres font au deffus des rois; & ajoûte : Enfin les bons Chrétiens, de quelque rang qu'ils foient, meritent bien mieux d'être eftimés rois que les mauvais princes. Les uns cherchant la gloire de Dieu le gouvernent bien eux-mêmes : les autres ne cherchant que leurs interêts, oppriment tyranniquement leurs ennernis. Les uns font les membres de Jesus-Chrift, les autres du diable. La confequence naturelle feroit, de ne plus reconnoître pour princes les méchans: mais ce feroit une herefie, & on en diroit autant des évêques. Le pape ajoûte pour humilier les rois, qu'il y en a peu de reconnus pour faints, & qu'ils font ordinairement beaucoup de pe

chez & peu de penitence. Il dit que le faint fiege rend AN. 108L faints ceux qui le rempliffent. Sur quoi il cite les dec'est-à-dire, l'apologie

crets du pape Symmaque, c'est-à-dire,

d'Ennodius, que j'ai raportée en fon lieu. Mais il eft Sup.liv.xxx.ngs étonnant qu'on ne fût pas desabusé de ce paradoxe,

par la trifte experience de tant de papes indignes du dixiéme fiecle.

XI. Prétentions da

royaumes.

Gregoire VII. n'étoit pas feulement perfuadé en general, que fuivant le bon ordre, la puiffance tem- pape fur tous les porelle devoit être foûmise à la spirituelle: il croïoit encore avoir des titres particuliers pour s'affujettir tous les roïaume de l'europe; comme je vais le montrer en détail par fes lettres.

Premierement il prétendoit avoir droit de donner l'empire d'Occident avec la couronne imperiale; & c'est sans doute la raison pourquoi jamais il n'emploïe les années des empereurs dans la date de fes lettres, comme faifoient les papes fes predeceffeurs au moins jusques à trente ans avant lui. Il est vrai que depuis Louis le débonnaire, aucun prince n'avoit pris le titre d'empereur, qu'aprés avoir été couronné par le pape; & depuis les Ottons, le titre d'empereur étoit attaché au roïaume d'Allemagne. Nous voïons quelle étoit la prétention du pape fur ce roïaume, par le ferment qu'il vouloit que l'on exigeât du roi qui feroit élû à la place de Rodolfe; favoir de lui rendre hommage comme fon vaffal, & lui obéir en tout ce qu'il lui commanderoit par vraïe obéiflance. C'étoit la formule du commandement le plus exprés. Quant à la Saxe en particulier, il prétendoit que Charlemagne, après l'avoir foumise, l'avoit donnée à faint Pierre.

Maill. Dişlem.xx

c. 2j. Papebr..Com

nat in Greg. 6•

12. ep 117.

VIII. ep. 23

AN. 1081.

Cad. ep: 23.

Sup. liv. 62. n. 53.

49.

x.1. epift 51. 75.

Sup. liv. LXI. n.

ep. st.

Il en difoit autant de la France, & en écrivoit ainfi à fes legats: il faut dire à tous les François, & leur ordonner par vraïe obéiffance, que chaque maison paie à faint Pierre au moins un denier par an, s'il le reconnoiffent pour pere & pafteur fuivant l'ancienne coûtume. Car l'empereur Charles, comme on lit dans fon livre qui eft aux archives de l'église de faint Pierre, recueilloit tous les ans en trois endroits douze cens livres, pour le fervice du faint siege: savoir à Aix la Chapelle, au Pui en Velai & à faint Gilles : outre ce que chacun offroit par sa devotion particuliere. On ne voit rien de ces collectes, ni dans les capitulaires de Charlemagne, ni dans les hiftoires & les autres monumens de fon tems; mais on pouvoit avoir fabriqué de faux titres pendant les deux fiecles fui

vans.

Quand à l'Angleterre, nous avons vû que le roi Guillaume envoïoit au pape le tribut en argent ac. cordé par fes prédeceffeurs, mais qu'il refufa l'hommage que le pape demandoit, & que le pape fut fort irrité de ce refus. Les deux lettres de Gregoire à Suenon roi de Dannemarc, montrent qu'il prétendoit que ce prince avoit promis de fe donner à faint Pierre lui & fon roïaume, & fe mettre fous fa protection: mais nous ne voïons point d'effet de cette promeffe. Et l'offre que le pape fait à ce roi d'une province occupée par des heretiques, pour la donner à un de fes enfans, femble montrer qu'il croïoit avoir droit de difpofer des biens des heretiques.

Quand à l'Espagne, nous avons vû que dés le commencement de fon pontificat, il prétendoit qu'aSup.. x. 2.2. vant l'invasion des Sarafins elle apartenoit à saint

1. epift. 6. 7.

Pierre ;

Pierre; & qu'il aimoit mieux qu'elle demeurât à ces AN. 1081. infidelles, que d'être occupée par des Chrétiens qui n'en fiffent pas hommage au faint fiege. Il repeta la viep. 28. même prétention en 1076. envoïant pour legats en Efpagne Amat évêque d'Oleron & l'abbé de S. Pons.

Dés la premiere année il écrivit aux juges de Sardaigne, & en particulier à Orzoc de Caillari, de fatisfaire aux droits de faint Pierre negligez par leurs ancêtres: avec menace, s'ils y manquoient, que leur païs en fouffriroit. Quelques années aprés il écrivit au même Orzoc en ces termes : Nous ne voulons pas que vous ignoriez, que plufieurs nations nous ont demandé vôtre terre, nous promettant de grandes redevances fi nous leur permettions de s'en rendre maîtres: en forte qu'ils nous laifferoient la joüissance de la moitié & nous feroient hommage de l'autre. Cette proposition nous a souvent été faite; non feulement par les Normans, les Tofcans & les Lombards, mais encore par quelques Ultramontains: toutefois nous n'avons point voulu y donner nôtre confentement, jufques à ce que nous aïons envoïé un legat pour favoir vôtre intention. Puis donc que vous nous avez témoigné être dévoué à faint Pierre, fi vous perfeverez, comme vous devez : non feulement nous ne donnerons à perfonne la permiffion d'entrer dans vôtre terre; mais fi quelqu'un l'entreprend, nous l'en empêcherons par les voïes temporelles & fpirituelles. C'eft-à-dire, qu'il expofera au pillage ces infulaires s'ils ne lui païent le tribut qu'il prétend. Dans la même lettre le pape dit: Vous ne devez pas trouver mauvais, que nous aïons obligé vôtre archevêque Jaà rafer fa barbe, fuivant la coûtume de l'église

ques

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I. ep. 29. 41.

VIII. ep. 10.

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