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AN 108 1. fous pretexte de cette dignité. Le roi lui fit dire : C'est une anciene coûtume, que les vaffaux de l'abbaïe fervent le roi à la guerre, aïant l'abbé à leur tête. Ou fuivez la coûtume ou quittez la place, afin qu'on fasse le fervice, Arnoul profitant de l'occafion obéit volontiers au roi & reprit la vie de reclus. Les moines affligez lui reprefenterent, que Pons reviendroit les defoler, & par fon conseil ils élurent Gerauld homme favant & vertueux, Mais Pons ne manqua pas de revenir avec la reine Berte, pour chaffer Gerauld & fe remettre en poffeffion. Arnoul fortit alors de fa retraite pour s'oposer à cette violence; & comme la reine ne vouloit point l'écouter, il lui dit : Croïezmoi, madame, fi vous chaffez d'ici l'abbé Gerauld, vous ferez chassez du roïaume & mourrez dans l'affliction & le mépris, & l'évenement confirma cette proBell. 5. Apr. to. phetie, comme nous verrons en fon lieu. Gerauld ceda 9. p. 409. A SL & fe retira. Il étoit né à Corbie, & avoit été élevé dans le monaftere du lieu. Il fit le voïage de Rome avec Fouques fon abbé, & ils y furent tous deux or donnez prêtres par le pape Leon IX. Gerauld étant de retour à Corbie, alla en pelerinage à Jerusalem, enfuite il fut fait abbé de faint Vincent de Laon: mais il renonça à cette prélature à caufe de l'indocilité des moines; & aiant été chaffé de faint Medard de Soifsons, il passa en Aquitaine, où l'an 1080. il fondå le monaftere de Sauve-majour dans le diocese de Bourdeaux; & plufieurs autres enfuite. Il étoit fort estimé par le roi d'Arragon Sange Ramirés. Il mourut en 1095. le cinquième d'Avril, & fut canonifé cent ans après le pape Celestin III.

Ben. fac. 6. par 2. p.866.

Vita. c. 28.

Quand à faint Arnoul, depuis fa retraite il s'appli

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quoit aux jeûnes, aux veilles & à la priere, comme s'il n'eût fait que commencer : & fa reputation devint AN. 1081. telle en France, que toute la nobleffe s'empreffoit à recevoir de lui quelque benediction; & toutes les perfonnes conftituées en dignité defiroient ardemment de lui parler & le confulter, foit fur la paix de l'église soit fur leur falut. Il fit encore plufieurs miracles, & diffipa un faux bruit qui s'étoit répandu, que les Danois alloient inonder toute la France.

Lorfqu'il étoit dans le monde il avoit eu pour 3i, ami un chevalier nommé Geric', qui depuis s'étoit adonné aux pillages & aux violences fuivant l'abus de ce tems là. Arnoul avoit fouvent prié Dieu pour fa converfion, & lui avoit fouvent fait donner des avis falutaires, mais fans fruit. Geric aprés avoir vécu plufieurs années dans une grande profperité, aïant nombre d'enfans, les perdit tous, & fut lui-même frappé d'une maladie qui le tint au lit trois ans & demi, en forte qu'il n'attendoit plus que la mort. Déja fes neveux fongeoient à s'emparer de ses terres & à chaffer fa femme fans doüaire. En étant allarmée elle lui persuada de fe faire porter en litiere à Arnoul fon ancien ami : qui fe réjoüiffant de fon arrivée le fit venir devant fa fenêtre & lui dit : Mon frere Geric, j'ai obtenu de Dieu par mes prieres cette maladie pour vous faire rentrer en vous-même, rendez lui grace du peril dont il a delivré vôtre ame. Geric répondit: Mon cher pere, je fuis venu vous trouver en refolution de regler deformais ma vie felon que yous l'ordonnerez : priez Dieu feulement qu'il me rende la santé. La femme de fon côté le prioit avec larmes d'avoir auffi pitié d'elle. Le faint homme lui

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dit: Soïez affurée que vous ferez recompenfée, d'aAN. 1081. voir fidelement fervi vôtre mari dans fa maladie. Il guerira parfaitement, vous en aurez un fils qui naîtra dans un an ce même jour & fera nommé Lambert. Il fuccedera à fon pere, vous nourrira dans vôtre vieillesse, & vous verrez ses enfans avant que de mourir. C'est pourquoi je veux, mon chér frere Geric, que vous marchiez deformais dans la voïe de la jufti. ce. Honorez l'églife & le clergé, ne prenez rien aux pauvres, au contraire, rendez leur ce que vous leur avez pris, & faites l'aumône continuellement & abondamment donnez vos dîmes, mais fuivant l'ordre de l'évêque. Cultivez vos terres & vivez de vôtre revenu & de vos acquifitions legitimes: traitez humainement vos cenfiers & remettez leur en partie ce qu'ils ne pourront païer. Gardez fincerement la foi à vôtre prince & à vos égaux. Rendez graces à Dieu des biens qu'il vous fait, & foiez affidu aux divins offices. On vous a aporté malade, mais vous retournerez à cheval en pleine fanté. Tout fut accompli de point en point. Geric étant retourné chez lui eût un fils qui nâquit au jour marqué, qui fucceda à fon pere & prit foin de fa mere il fut marié & elle vit fes enfans.

Tel étoit faint Arnoul quand il fut élu évêque de Soiffons au concile de Meaux. Le decret d'élection Lib. 11. 6. i. étant écrit, le legat Hugues envoïa du concile même des perfonnes venerables au monaftere de faint Me. dard de Soiffons, avec des lettres où il ordonnoit à Arnoul, par l'autorité du faint fiege, de fortir de fa cellule, & venir promptement au concile fous peine d'excommunication. Arnoul frappé de cet ordre

comme d'un coup de foudre, vint au concile : l'élection fut confirmée par les évêques, qui fans écou- A N. 1081. ter ses excuses, le firent affeoir avec eux; & le legat lui commanda en vertu de la fainte obéiffance, d'accepter l'épiscopat. Ainfi il fut contraint de fe foumettre on prit jour pour le facre, qui fe devoit faire à Die par le legat; & Arnoul retourna à Soissons, préparer ce qui lui étoit neceffaire pour ce voïage. Il partit avec quatre moines & des perfonnes choifies du clergé & passant par la Champagne il fut reçu avec grand honneur par le comte Tibaut dans le château de Vertus. Delà Arnoul envoïa un de fes moines à Paris dire à la reine Berthe, qu'elle étoit groffe d'un fils qui seroit nommé Loüis & regneroit après fon pere. C'est que le roi Philippe & la reine fon épouse, étant mariez depuis long-tems fans avoir d'enfant, avoient prié faint Arnoul de leur en obtenir par ses prieres. L'en- II. c. 3. fant qu'il avoit promis naquit en effet la même année 1081. il regna depuis & eft connu fous le nom de Louis le gros.

Arnoul aïant achevé fon voïage, fut facré par Hugues de Die le dimanche avant Noël, qui cette année 1081. fut le dix-neuvième jour de Decembre. Comme le fiege de Vienne étoit vacant, le peuple vouloit enlever Arnoul & l'élire pour archevêque, mais il fe preffa de fortir du pais. Hugues abbé de Clugni averti de fon paffage, l'envoïa prier de venir à son monaftere, & l'y reçut avec grand honneur plus en confideration de fa vertu que de fa dignité. Car Arnoul fe conduifoit depuis long tems par les confeils de l'abbé Hugues, & on difoit même que le faint abbé avoit contribué à le faire élire évêque de

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Lib. I. c. 30.

AN. 1081.

XV.

de Chartres.

Soiffons. L'abbé qui craignoit qu'il n'eût pas la doctrine neceffaire pour une telle place, lui propofa quelques queftions de l'écriture, & demeura fort content de fa capacité.

Cependant le fiege de Soiffons étoit toûjours occupé par Urfion, que le roi protegeoit, parce qu'il étoit frere de Gevais fon fénéchal. Quand donc Arnoul voulut entrer à Soissons, Gervais vint au devant avec une troupe de gens armez, & l'avertit qu'il fe gardât d'y entrer s'il vouloit conferver fa vie. Arnoul fans s'étonner, piqua fon cheval pour paffer outre. Mais Gervais l'arrêta par la bride, & le faint prélat ne voulant pas en venir aux mains ceda à la violence, & se retira au château d'Ouchi dans le diocese : où il exerça ses fonctions sous la protection de Thibaud comte de Champagne.

Geoffroi évêque de Chartres, déja déposé pour fi Geoffroi évêque monie par le legat Hugues, & rétabli par le pape au quatrième concile de Rome en 1078. fut encore dév. eb. 17. Sup. I. pofé par le même legat deux ou trois ans aprés; & LXII. m. 44 alla s'en plaindre à Rome avec fon oncle Geoffroi évêque de Paris. Le pape les retint jusques à ce qu'il eût reçu réponse de Hugues de Die; & aprés l'avoir reçûë, quoi qu'elle ne s'accordât pas avec l'expofé de l'évêque de Paris, le pape ne laiffa pas de rétablir l'évêque de Chartres, aprés qu'il fe fut purgé par ferment fur le corps de faint Pierre. Hugues de Die s'en plaignit, la fuite fera voir que c'étoit avec raison. Geboüin arVirdun. p.2 27. chevêque de Lion étant mort, Hugues évêque de Die fut élu pour luy fucceder par le clergé & le peuple, & l'élection confirmée par le pape. Ainfi il entra dans ce grand fiege en l'année 1080.

1x. ep. 31. Chr.

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La

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