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le second des deux difcours qui nous reftent feuls de AN 1085. faint Anfelme de Luques.

XXIX. Ecrit de S. An

to. I. p 7.5.

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Le premier eft adreffé à l'antipape Guibert, & eft la replique à la réponse de Guibert fur une premiere felme contre les lettre, par laquelle Anfelme l'exhortoit à renoncer fchifmatiques. au fchifme. En celle-cy il ramaffe plufieurs paffages Act. Bibl. PP des peres contre les fchifmatiques, & charge Guibert d'injures, fans entrer dans le fond de la queftion, qui étoit de montrer les nullités de la dépofition d'Hildebrand, & par consequent de l'élection de Guibert: Il convient qu'il feroit plus parfait de ne pas emploïer les armes de fer, même pour la juftice: mais il prétend que c'eft une neceffité dans l'état prefent des chofes, & que l'on ne doit pas imputer àceux qui font bien, le mal qui peut fuivre de leur conduite. Or il foutient qu'on eft obligé de fe feparer des méchans, & de travailler à leur correction, fous peine de fe rendre leur complice.

23.

P. 727..

Dans le fecond discours, faint Anfelme entreprend de répondre à ceux qui difent, que l'église est soumise à la puissance roïale : en forte que le roi peut, comme il lui plaît, lui donner des pasteurs & difpofer de fes biens. Il rapporte premierement le canon des apô- Can. apost. 31. gr tres, qui porte, que fi un évêque a obtenu fon église par le moien des puissances seculieres, il doit être dépofé & excommunié, lui & tous ceux qui communiquent avec lui. Il ajoûte, qu'aprés les apôtres, toutes les églifes du monde ont gardé inviolablement cette coûtume qu'elles avoient reçuë d'eux qu'à la mort d'un évêque le clergé & le peuple de l'église vacante par déliberation commune, se donnaffent un pasteur tiré du clergé de la même église ou d'un autre. Que

:

AN 1085. Zenon & Anastase empereurs Eutyquiens, ont été les premiers qui ont affervi l'église, en chaffant les éveques catholiques pour en mettre de leur fecte. Il avoue que les empereurs avoient ordonné, que le decret de l'élection du pape leur feroit envoïé avant que lė pape fut facré mais il remarque qu'ils n'ont jamais changé l'élection faite à Rome; & prétend que les empereurs pofterieurs ont revoqué ce decret, parce qu'il faifoit trop long-tems vaquer le faint fiege.

Il rapporte quelques autoritez des papes & des conciles, pour montrer quelle doit être l'élection canonique des évêques. Il s'objecte le decret de Nicolas II.au Sup. liv. LX. concile de Rome en 1059. où il eft dit, que l'élec

n. 31.

tion du pape fe fera fans prejudice de l'honneur dû au roi ; c'est-à-dire comme Anfelme l'explique, que le pape ne fera facré qu'aprés que fon élection aura été notifiée au roi. Surquoi aprés quelques autres réponfes plus foibles, il apporte comme une folution invincible, que le pape Nicolas n'étant qu'un des patriarches, n'a pû, avec quelque concile que ce fût, revoquer les decrets des conciles generaux, particulierement du huitième, autorifez par les cinq patriarches. & plus de 250. évêques en prefence des empereurs. Il eft remarquable que celui qui parle ainfi eft l'admirateur de Gregoire VII. & un des plus zelez défenseurs de l'autorité du saint fiege. Il ajoûte, que le pape Nicolas étoit homme, & que par confequent il a pû faillir par furprise.

Quant à la longue poffeffion qu'on alleguoit en faveur des Rois, il dit qu'il faut revenir à l'origine, & que le tems ne peut jamais autorifer les abus. Puis il

décrit

décrit ainfi les inconveniens du pouvoir que les prin- A N. 1086. ces s'étoient attribué fur l'églife. Qui ne voit, dit-il, que c'eft la fource de la fimonie & la deftruction de toute la religion? Car quand on espere obtenir du prince la dignité épifcopale, les clercs méprifent leurs évêques & abandonnent l'églife; les uns répandent beaucoup d'argent parmi les courtifans pour achepter leurs recommandations, les autres font de grandes dépenfes pour fervir à la cour pendant plus de dix annees, fouffrant avec patience le chaud, le froid, là pluïe & les autres incommoditez des voïages. Ils fouhaitent la mort de celui dont ils briguent la place, & font jaloux de ceux par lefquels ils craignent d'être fupplantez. Quelquefois le mauvais choix va jufques à donner la dignité épifcopale à des ferfs & à des debauchez parce qu'on fait bien que de telles gens étant en place, n'oferont reprendre les pechez des grands, qui les y ont élevez; & c'est pour cela même qu'on les y met. Ces faux pasteurs ne fongent qu'à s'engraiffer aux dépens du troupeau, dont ils ne gligent abfolument le falut. D'autres donnent dans toutes les vanitez du ficcle, entretenant des chiens & des oifeaux pour la chaffe, & portant des fourrures précieuses. Ils quittent leurs églifes pour fuivre les empereurs : quoique les canons défendent aux évêques d'aller à la cour, leur permettant feulement d'y envoïer leurs diacres s'ils y ont quelques affaires. Et au lieu que les canons défendent à un évêque de s'abfenter de fa cathedrale pendant trois dimanches, quelques uns n'y vont que trois ou quatre fois l'année, d'autres à peine une fois : donnant au clergé l'exemple d'abandonner leurs églifes. On dit qu'il

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AN. 1086. faut qu'il y ait des clercs à la fuite de la cour, pour faire le service divin aux princes: comme s'il n'étoit pas plus raifonnable, que l'évêque dans le diocese du quel le prince fe trouve, lui envoïât des clercs vertueux pour faire l'office, & leur en fit fucceder d'autres felon la longueur du sejour. C'est pour reme. dier à ces abus, que Gregoire VII. a deffendu lesinveftitures dans un concile de cinquante évêques.

P: 775. C.

Can, 5. Sup.

Liv. XII. n. 12.

xxx.

Mort de S. An

Anfelme prétend enfuite prouver, qu'il n'y a chez les. fimoniaques ni vrai facerdoce, ni vrai facrifice, ce qui pris à la rigueur feroit une erreur : mais il faut entendre qu'ils ne peuvent exercer licitement leurs fonctions. Il raporte le canon du concile d'Antioche, qui dit, que les schifmatiques qui troublent l'église, doivent être reprimez par la puissance feculiere, comme feditieux : d'où il conclut que les fimoniaques qui font encore pires que les fchifmatiques, s'ils ne fe convertissent pas aprés avoir été avertis, doivent être reprimez par le bras feculier. Mais il faut remarquer que ce cinquiéme canon d'Antioche ne parle que d'un prêtre qui fait fchifme avec fon évêque, & qui paffe jusques à exciter une sedition dans la ville: ce qui met l'églife dans la neceffité d'avoir recours au magiftrat : d'où il ne s'enfuit pas qu'elle foit en droit d'emploïer l'autorité temporelle contre toutes fortes de pecheurs, beaucoup moins d'exciter des guerres & des revoltes. Ce fecond difcours de faint Anfelme est suivi d'un recueil de paffages, pour montrer que les biens ecclefiaftiques ne font point à la disposition des princes.

Ce faint évêque vivoit dans une grande abstinenfulme de Luques. ce, ne buvant point de vin, & fe privant fous divers

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vita c. s.

prétextes des viandes délicates, quand il fe trouvoit à AN. 1086. quelque table bien fervie. Il dormoit tres - peu & ne fe mettoit prefque jamais au lit. Il fondoit en larmes en difant la meffe, quoiqu'il la dît tous les jours; & de quelques affaires qu'il fût occupé, il ne perdoit point de vue les chofes celeftes. Dans tous les états de la comteffe Mathilde, il établit la regularité chez les moines & les chanoines : difant, qu'il eût mieux aimé que l'églife n'eût eû ni clercs ni moines, que d'en avoir de déreglez. Il avoit grand foin que la pfalmodie fe fît avec la gravité convenable, & ne fouffroit point qu'on lût dans l'églife des livres apocryphes, mais feulement les écrits des peres. Se voïant près de la mort, il recommanda à fes difciples, en leur donnant fa benediction & pour la remiffion de leurs pechez, de perfeverer dans la foi & la doctrine du pape Gregoire VII. Enfin il mourut à Mantoue le dix-huitiéme de Mars 1086. qui étoit la treizième année de fon épiscopat, & fut enterré dans la cathedrale. Il avoit fait quelques miracles de fon vivant, mais il s'en fit beaucoup à fon tombeau, rapportez par l'auteur de fa vie fon prêtre penitencier, qui ne l'avoit point quitté depuis plufieurs années. L'église honore la mémoire de faint Anfelme le jour de la mort.

c. 6. n. 31.

c. 7.

Martyr. R. 18. Mart.

XXXI.

Victor III. pape.
Chr. Caff. lib. 111.

c. 68,

L'année fuivante 1087. à la mi- Carême on tint un concile à Capouë, où l'abbé Didier fe trouva avec les autres cardinaux. Cencius conful y affiftoit avec plufieurs nobles Romains, Jourdain prince de Capouë Roger duc de Calabre, & prefque tous les feigneurs de la cour. Robert Guischard etoit mort dés l'année bid. c. 57. 58. 1085. le jour de faint Alexis dix - feptiéme de Juillet. Il avoit plus de foixante ans & en avoit regné vingt

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