페이지 이미지
PDF
ePub

p.212.

Tur.

[ocr errors]

AN 1088. du faint fiege Amat & Hugues, avec trois archevêques, Gofcelin de Bourdeaux, Raoul de Tours Ġuillaume d'Auch & plufieurs autres évêques. En ce concile Berenger, amené apparemment par l'archeChr. Mall. 100, Vêque de Tours, rendit raifon de fa foi : soit pour confirmer la profeffion qu'il avoit faite à Rome, soit pour retracter fon dernier écrit. Depuis ce concile il n'eftplus parlé de lui dans les auteurs du tems, jus Chr. S. Mart. ques à sa mort arrivée le cinquiéme de Janvier 1088. Il avoit prés de quatre vingts-dix ans ; & eft loüé pour fa Ch. S. P. vivi charité envers les pauvres. Quoiqu'on ne voïe point d'acte autentique de fa derniere retractation, il eft certain qu'il mourut dans la communion de l'église; & on tient pour conftant, qu'il paffa les huit dernieres années de fa vie dans la penitence en l'Ifle de faint Cofme près de Tours. Il fut enterré dans le cloître de faint Martin de la même ville, & deux poëtes fameux du tems lui firent des épitaphes magnifiques, Hildebert depuis évêque du Mans & Baudri abbé de Bourgucil.

an. 1083.

XLI. Urbain II. pape Chr. Caffin. IV.

C. 2.

En Italie aprés la mort du pape Victor, tout le parti catholique tomba dans une grande confternation; & ils ne favoient prefque plus comment s'y prendre pour conferver l'églife. Les évêques étant difperfez de toutes parts, il vint de frequentes députations, tant des Romains que de ceux de deçà les monts & de la comteffe Mathilde: pour les prier de s'affembler & donner un chef à l'églife prête à tomber. S'étant réunis, ils écrivirent à Rome aux clercs & aux laïques catholiques, que tous ceux qui pourroient vinssent à Terracine la premiere femaine de Carême ; & que ceux qui ne pourroient, envoïaffent un deputé avec

pouvoir

pouvoir par écrit de confentir à leur nom. Ils écrivi- AN. 1088. rent de même à tous les évêques & les abbez de Campanie, des principautez & de la Poüille. L'affemblée le tint en effet à Terracine le mercredi de la premiere semaine de Carême, qui étoit la huitiéme de Mars 1088. De la part des Romains, Jean évêque de Porto avoit pouvoir de tous les cardinaux & de tout le clergé catholique, & le préfet Benoît de tous les laïques : ils étoient en tout quarante tant évêques qu'abbez.

Le lendemain jeudi, ils s'affemblerent dans l'église cathedrale dediée à faint Pierre & à faint Cefaire; & quand ils furent affis, l'évêque de Tufculum se leva, & rapporta ce que le pape Gregoire & enfuite le pape Victor avoient ordonné pour le gouvernement de l'église, & quel étoit le fujet de l'affemblée. L'évêque de Porto & le préfet Benoît reprefenterent leurs pouvoirs : Orde-. rife abbé du mont-Caffin, l'archevêque de Capoue & tous enfin approuverent ce qui avoit été dit, & l'on convint de passer ces trois jours jeudi, vendredi & famedi en jeûnes & en prieres, accompagnées d'aumônes, pour demander à Dieu de faire connoître fa volonté.

Le dimanche douziéme de Mars, ils s'affemblerent tous de grand matin dans la même églife; & après qu'ils eurent deliberé quelque tems, les trois cardinaux qui étoient à la tête du concile, favoir les évêques de Porto, de Tufculum & d'Albane fe leverent, monterent fur l'ambon & prononcerent tout d'une voix, qu'ils étoient d'avis d'élire pour pape l'évêque Otton. Ils demanderent, felon la coûtume, l'avis de l'affemblée; & tous répondirent à haute voix qu'ils approuvoient ce choix, & qu'Otton étoit digne d'êQqq

Tome XIII.

A N. 1088. tre pape. L'évêque d'Albane déclara qu'on devoit le nommer Urbain; & tous fe leverent, le prirent, lui ôterent sa chape de laine, le revêtirent d'une de pourpre, & avec des acclamations & l'invocation du faint Efprit, le traînerent à l'autel de faint Pierre & le mirent dans le trône de l'évêque. Il celebra la meffe folemnellement, & tous fe retirerent chez eux avec joïe & action de graces.

Bertold. an. 1088.

[ocr errors]

Le pape Urbain II. dès le lendemain de fon élection, écrivit à tous les catholiques pour leur en donner part, & leur déclarer, qu'il fuivroit en tout les traces de Gregoire VII. De ces lettres on a celle qu'il écrivit à l'archevêque de Salfbourg & aux autres évêques d'Allemagne : celle qu'il écrivit aux évêques de la province de Vienne; & la lettre à faint Hugues de Chr. Caff. IV. e..Clugni, dont il fe reconnoiffoit difciple. Peu de tems après, le pape vint au mont-Caffin, d'où il tira le moine Jean Gaëtan, qu'il fit diacre cardinal de l'église Romaine, & qui fut depuis pape fous le nom de Gelafe II.

5. 7.

XLII.
Le pape en Sicile.

to X. conc.

Gaufr. Malat. IV. c. 13.

fa

Delà, à la priere du duc Roger, le pape alla sa Urb. 6.1.& 6. crer l'église du monaftere de Bantin en Poüille, & lui accorda de grands privileges. Ensuite il paffa en Sicile où commandoit le comte Roger oncle du duc de Poüille, & affiegeoit alors une place nommée Bu-tere. Le pape l'envoïa prier de le venir trouver à Traïne ou Troïne ville épiscopale, dont le siege fut depuis transferé à Meffine. Le comte avoit peine à quitter fon fiege, mais il ne put refufer le pape, qui l'étoit venu chercher de fi loin. Le fujet de leur entrevuë fut, que le pape avoit envoïé peu de tems auparávant Nicolas abbé de la Grotte-ferrée & Ro

ger diacre à l'empereur Alexis Comnene, pour l'aver- AN. 1088. tir paternellement, qu'il avoit tort de défendre aux Latins qui demeuroient dans fes terres, l'usage des azymes au faint facrifice, voulant les reduire au rite des Grecs. L'empereur Alexis avoit bien reçu la remontrance du pape; & par les mêmes nonces lui avoit écrit en lettres d'or, qu'il vint à CP. avec des hommes favans, qu'on y affemblât un concile, & qu'on y examinât la queftion des azymes entre les Grecs & Latins, promettant de s'en tenir à ce qui feroit déterminé, fuivant les autoritez des peres; & donnant au pape un an & demi de terme pour venir à CP. Le comte de Sicile confeilla au pape, d'y aller., pour ôter ce fchif me de l'église, mais le schifme plus preffant de Guibert, qui étoit maître de Rome, empêcha le pape Urbain de faire ce voïage; & le comte de Sicile le renvoïa chargé de préfens.

XLIII. Bernard arche

& primat.

6. 24.

Cependant Bernard nouvel archevêque de Tolede, vint à Rome fe plaindre de l'abbé Richard legat vêque de Tolede en Espagne, & pourfuivre le rétablissement des an- Roderic VI. c. 234 ciens privileges de fon églife. Alfonfe VI. roi de Leon & premier de Caftille, prit Tolede par intelligence avec les Mores le vingt-cinquiéme de Mai 1085. après qu'elle eut été fous leur puissance 368. ans. Le dix-huitième de Décembre on élut pour archevêque le moine Bernard, & le roi dota magnifiquement cette églife. Bernard étoit François, né en Agenois à la Salvetat. Il étudia d'abord pour être clerc, puis il porta les armes, mais étant tombé malade, il embraffa la vie monaftique à faint Orens d'Auch, d'où il fut appellé par faint Hugues à Clugny, & y vêcut très - regulierement. Enfuite le roi Alfonfe voulant

c. 25.

AN. 1088. retablir le monaftere de faint Fàgon, & le distinguer autant en Espagne que Clugni l'étoit en France, envoïa demander à laint Hugues un fujet digne d'en être abbé, & ce faint lui envoïa Bernard, qui fe fit tellement aimer, que peu après il fut élu tout d'une voix archevêque de Tolede, dans le concile que le roi y avoit assemblé pour ce fujet.

Maria IX. hift.

c. 17.

6. 26.

Le toi étant allé vers Leon, le nouvel archevêque pouffé par la reine Conftance, se saisit à main armée de la grande mosquée, y dreffa des autels, & mit des cloches dans la grande tour. C'étoit contre la parole du roi, qui avoit promis aux Mores de leur conferver cette mofquée; c'est pourquoi l'aïant appris, il en fut tellement irrité, qu'il revint promptement à Tolede, & menaçoit de faire brûler 1 archevêque & la reine. Les Mores l'aïant appris, vinrent au devant du roi avec leurs femmes & leurs enfans; & comme il crut qu'ils venoient fe plaindre, il leur dit: Ce n'est pas à vous que l'on fait injure, c'est à moi qui ne pourrai plus me vanter d'être fidele à mes promeffes: c'eft mon interêt de vous fatisfaire par une severe vengeance. Les Mores lui demanderent à genoux & avec larmes de les écouter. Ils retinrent fon cheval & ils dirent: Nous favons que l'archevêque eft le chef de vôtre loi: fi nous ous fommes cause de fa mort, les Chrétiens nous extermineront un jour, & fi la reine perit à caufe de nous, nous ferons toûjours odieux à fes enfans, & ils s'en vengeront après vôtre regne. C'est pourquoi nous vous prions de leur pardonner, & nous vous quittons de vôtre ferment. Le roi fut ravi de conferver la mofquée fans manquer à fa parole.

Le pape Gregoire VII: à la priere du roi Alfonse;

« 이전계속 »