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Append. Marca

du pape Urbain II. une belle adreffée aux trois com- AN. 1089. tes Berenger de Barcelone, Ermengaud d'Urgel & Benard de Befalu, aux évêques de la province & à n.303. tout le clergé & àda nobleffe: par laquelle le pape les exhorte à faire tous leurs efforts pour rétablir la ville de Tarragone, enforte que l'on puiffe y remettre un fiege épiscopal. Il leur donne cette bonne œuvre pour penitence, & promet à ceux qui devoient aller à Jerufalem ou ailleurs, la même indulgence que s'ils avoient accompli leur pelerinage. Cette ville étant rétablie pour le temporel, il promet de lui rendre fes privileges pour le fpirituel, c'eft-à-dire, le droit de métropole: fauf toutefois le droit de l'église de Narbonne, fi elle peut montrer que la province de Tarragone lui appartienne par l'autorité du faint fiege. Cette bulle eft dattée de Rome du premier de Juillet la seconde année du pontificat d'Urbain II. indic tion douzième, qui eft l'an 1089. Elle fut expediée par Jean diacre cardinal, qui eft Jean Gaëtan, & l'on voit par-là, que deflors il étoit chancelier de l'église Romaine. Cette affaire eut des fuites, & Berenger devint, comme il prétendoit, archevêque de Tarragone.

XLIX.

to. x. conc. p. 478.

Le pape paffa enfuite dans la Poüille, où le dixiéme de Septembre il tint un concile à Melfe. Tous les Concile de Melfe. évêques du païs y affifterent au nombre de foixante & dix, & douze abbez, le duc Roger s'y trouva avec tous les feigneurs, & y fit hommage lige au pape. Le fecond jour du concile on y publia feize canons, qui ne font que confirmer les anciens contre les inveftitures. On défend d'ordonner un foudiacre avant quatorze ans, un diacre avant vingt-quatre, un prêtre avant

c. 4.

c. It.

trente, & de mettre dans le lergé des hommes de conAN. 1089. dition fervile. On condamne les clercs acephales ou indépendans & les moines vagabonds. On permet aux feigneurs de reduire en fervitude les concubines des clercs. Défense aux laïques de donner aux monasteres les dîmes ou les églifes qui leur appartiennent, fans le confentement de l'évêque ou du pape.

6. 9. 10.

C. 12.

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Ital. fac. to. 7. p.

860.

Pendant ce concile Elie qui venoit d'être élû archevêque de Bari; envoïa à Melfe Jean archidiacre de la même églife, prier le pape Urbain de venir à Bari le facrer. Le duc Roger & fon frere Boëmond à qui Bari appartenoit, joignirent leurs prieres à celle de l'archevêque, & le pape y condefcendit : quoiqu'il fût contre l'usage de l'églite Romaine, qu'il facrât un évêque ailleurs qu'à Rome. Mais l'églife de Bari étoit Sup, n. 32, devenue fi celebre depuis deux ans, par la translation Ital. fac. to. 7. P. des reliques de faint Nicolas : que le pape ne pût lui refufer cette grace. Elie étoit ce même abbé de faint Benoist, à qui on avoit confié la garde de reliques. Il avoit été tiré du monaftere de Cave près de Salerne où le pape Urbain l'avoit connu, & avoit lié amitié avec lui au commencement de fon fejour en Italie, & l'archevêque Ourfon étant mort, il fut élû pour lui fucceder.

36.

:

Le pape étant donc venu à Bari, transfera les reliques de faint Nicolas dans la nouvelle églife, qui avoit été bâtie en fon honneur, & facra l'archevêque Elie dans fon propre fiege. En même tems il lui confirma fes droits fur les dix-huit évêchez de fa province qui y font nommez: entre lefquels Canoffe ou Canufe étoit deflors uni à Bari, & plufieurs ne font plus connus. Le pape confirme à l'archevêque fa ju

rifdiction

rifdiction fur tous les monafteres d'hommes & de A N 1089. femmes, de Grecs & de Latins, & lui accorda le pal

ep. s. to. X,

lium. Ceft ce qui fe voit par fa bulle donnée à Bari conc. p. 414. le neuvième d'Octobre 1089.

L

Saint Bruno fon

treux.

Apolog. Mana.

En ce voïage de Pouille faint Bruno fondateur des Chartreux accompagnoit le pape, qui l'avoit ap- dateur de Charpellé auprés de lui pour fe fervir de fes confeils. Bru. Mabill pref. 1. no étoit né à Cologne, où il fut chanoine de faint Jac. 6. n. 85. &c. Cunibert. Il vint étudier à Reims étant encore jeune, y fut chanoine, chancellier & maître des grandes études : car il étoit un des plus fameux docteurs de fon tems. J'ai marqué les differends qu'il eut avec Manaffés alors archevêque de Reims, dont il ne pouvoit foufrir les deregleinens; & ce fut la cause de sa retraite: comme raporte Guibert abbé de Nogent au- De vita fus c 11. teur du tems.

Sup. n. z.

Il y avoit, dit-il, à Reims un homme nommé Bruno inftruit des arts liberaux & recteur des grandes études tres renommé dans les églifes de Gaule: qui ne pouvant foufrir les mauvaises mœurs de l'archevêque Manaffés, fortit de la ville avec quelques autres des plus confiderables du clergé de Reims. Il refolut même de renoncer au monde & de s'éloigner de toutes les connoiffances. Bruno dit lui-même, qu'un jour étant encore à Reims, comme il s'entretenoit avec Raoul ep. ad. Radulf. le Vert prevôt de cette églife, & un troifiéme nommé Fulcius, aprés avoir parlé quelque tems de la vanité des plaisirs & des richesses de ce monde, & des joïes de la gloire éternelle: ils firent vœu de quitter le fiecle au plutôt, & de prendre l'habit monaftique, l'execution fut differée, parce que Fulcius alla à Ro. me, & ils la remirent à fon retour. Comme il tarda

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AN 1089. long-tems, Raoul fe refroidit & demeura à Reims, dont il fut depuis archevêque: mais Bruno fuivit conftamment fon deffein.

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Pour cet effet, il alla trouver Hugues évêque de Grenoble, qui ayant été élu en 1080. au concile d'A. vignon & facré à Rome par le pape Gregoire VII. quitta fon diocefe, & fe retira à la Chaise Dieu : mais aprés y avoir paffé un an dans les exercices de la vie monaftique, il reprit, par ordre du même pape; la conduite de fon églife; & il y avoit trois ans qu'il y étoit revenu quand Bruno le vint trouver. Il avoit fix compagnons, le docteur Landuin né à Luques en Toscane, Eftienne de Bourg, Eftienne de Die, tous deux chanoines de faint Ruf prés d'Avignon, qui s'étoient joints à lui par la permiffion de leur abbé : Hugues qu'ils nommoient le chapelain, parce que c'étoit le feul prêtre d'entre eux; & deux laïques André & Guerin. Ils cherchoient un lieu propre pour la vie éremitique, & n'en avoient point encore trouvé; & ils étoient attirez par la reputation du faint évêque de Grenoble. Il les reçut avec amitié & refpect, & leur conseilla de s'établir dans la Chartreuse, lieu folitaire entouré de montagnes affreufes & de difficile accés au voifinage de Grenoble. Il avoit vû en fonges, vers le même tems, fept étoiles qui le con. duifoient en ce defert, où il lui fembloit que Dieu fe bâtiffoit une demeure.

may

Bruno & fes compagcons commencerent à habiter la Chartreuse vers la faint Jean l'an 1084. & par une charte du mois fuivant, Hugues défendit aux femmes de paffer par la terre des freres de la Chartreuse, & à qui que ce fût d'y pêcher, d'y chaffer ou d'y me

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De vita fua. c. 1°

ner paître des beftiaux. Guibert décrit ainfi la ma- AN S089. nière dont ils vivoient. Ils ont, dit-il, une église & chacun une cellule autour de l'enceinte du monaf tere, où ils travaillent, dorment & mangent. Le dimanche ils reçoivent du dépenfier leur nourriture, favoir du pain & des legumes, qui eft leur feul mets & chacun le fait cuire chez foi. Ils ont de l'eau pour boire & pour les autres ufages, d'un ruiffeau qui coule devant toutes leurs cellules & y entre par certains trous. Ils mangent du poisson & du fromage les dimanches & les grandes fêtes: je dis du poiffon, non pas qu'ils achetent, mais que des gens de bien leur donnent. Ils ne reçoivent de perfonne ni oroni argent ni ornemens d'églife, finon un calice d'argent. Ils s'affemblent à l églife, non aux heures ordinaires comme nous, mais à certaines heures. Ils entendent la messe, fi je ne me trompe, les dimanches & les fêtes folemnelles. Ils ne parlent presque jamais, car s'ils ont befoin de quelque chofe ils le demandent par figne. Si quelquefois ils boivent du vin, c'eft du vin fi foible qu'il ne vaut gueres mieux que de l'eau commune. Ils portent des cilices fur la chair, & le refte de leurs habits eft fort pauvre. Ils font foumis à un prieur: l'é vêque de Grenoble, homme d'une grande pieté, leur tient lieu d'abbé. Quoiqu'ils cherchent en tout la pauvreté, ils amaffent une trés-riche bibliotheque: travaillant principalement pour la nourriture qui ne perit point. Ils cultivent peu la terre pour faire venir du bled, mais ils nourriffent quantité de moutons, dont ils vendent les toifons, pour acheter ce qui leur eft neceffaire. Lorfque Guibert faifoit cette defcription des habitans de la Chartreufe, ils n'étoient que treize

Jo. VI. 27.

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