페이지 이미지
PDF
ePub

l'an 1055. Pierre doïen du monaftere, vieillard veneraAN. 1957. ble, fut élû par les moines: mais le pape Victor II. mal fatisfait que cette élèction eût été faite fans fa permiffion, envoïa le cardinal Humbert au montCaffin pour s'en informer. Les anciens protefterent,

Petr. Dam.ad

que
fuivant la regle & la conceffion du faint fiege, l'é-
lection de leur abbé n'appartenoit à homme vivant
qu'aux moines: que Pierre avoit été élû canonique-
ment & malgré lui, & qu'ils n'en recevroient point
d'autres par ordre de qui que ce fût. Humbert n'eût
rien à repondre & fe retira. Mais enfuite quelques
moines aïant excité du tumulte, Pierre ceda volontai-
rement; & Humbert aïant fait affembler le chapitre,
le moine Frideric fut élû d'un confentement unani-
me le vendredi d'aprés la pentecôte vingt-troifiéme
de Mai 1057. Il alla auffi-tôt en Toscane trouver le
pape, qui de cardinal diacre le fit prêtre du titre de
faint Chryfogone, qui lui donna la benediction ab-
batiale, que fuivant l'ancienne coûtume l'abbé du
mont-Caffin ne devoit recevoir que du pape. Frideric
aïant enfuite pris congé du pape, revint à Rome
prendre poffeffion de fon titre de faint Chryfogone:
mais il n'y avoit pas fejourné un mois quand il fut
ordonné pape
fous le nom d'Eftienne IX.

Il demeura quatre mois à Rome, où il tint plufieurs conciles, pour empêcher principalement les mariages des prêtres & des clercs, & les mariages incefepifc. Taur. o tueux entre parens. Il chassa tous ceux du clergé qui avoient été incontinens depuis la défense du pape Leon IX. Quoi qu'ils euffent quitté leurs femmes & embraffé la penitence: il voulut qu'ils fortiffent du fanctuaire pour un tems, & n'euffent

pufc.

XVIII. c. 7.

plus d'efperance de pouvoir celebrer la messe. Le pape AN. 1057. retourna au mont-Caffin à la faint André, & y paffa deux mois & plus jufques à la fête de fainte Scolaftique dixiéme de Février. Là il s'appliqua particulicrement à banir le vice de proprieté, qui depuis plufieurs années s'étoit infenfiblement gliffé dans ce monaftere. Il avoit gardé le titre d'abbé: mais étant tombé dangereusement malade vers Noël, & croïant mourir, il fit élire pour fon fucceffeur le moine Didier, qui fut auffi pape.

Eftienne IX. connoiffant le merite de Pierre Damien, le tira de fa folitude & le fit évêque d'Oftie & premier des cardinaux, comme tres-digne de l'épifcopat & tres-neceffaire aux affaires de l'églife. Le pape, les évêques & tous ceux qui aimoient l'églife en jugeoient ainfi : mais Pierre ne pouvoit fe refoudre à quitter fa retraite, & refiftoit de tout fon pouvoir. Il fallut en venir à le menacer d'excommunication, s'il s'obstinoit davantage; & le pape lui prenant la main, lui donna l'anneau & le bâton pastoral pour marque qu'il époufoit l'église d'Oftie: mais il fe plaignit toûjours de la violence qu'on lui avoit faite, ne cherchant qu'à fe décharger de l'épiscopat.

XXIV.

Pierre Damien évêque,

Via Pet, c. 14.

On peut rapporter à ce tems de fa promotion la let tre qu'il écrivit aux évêques fes confreres : c'est-à-dire aux fept évêques cardinaux, qu'il appelle évêques de l'églife de Latran, parce que c'étoit ceux qui avoient droit d'y officier au lieu du pape. On les nommoit cod. Vat. ap: auffi Collateraux, comme étant ordinairement à fes Baron. An.1057. côtez, Hebdomadiers, comme fervant tour à tour par femaine. Cette lettre commence par une lamentation fur les maux de l'églife. Sa difcipline, dit-il,

lib.2.cp.44

AN. 1507.

eft prefque par tout negligée : on ne rend point aux évêques le refpect qui leur eft dû; on foule aux pieds les canons, & on ne travaille qu'à fatisfaire la cupidité. Ceux qui portent le nom de Chrétiens vivent judaïquement. Il montre enfuite que l'épifcopat ne confifte pas dans la pompe exterieure, la magnificence des habits, l'or & les fourures precieuses dont on ufoit alors, les chevaux fringans, la nombreuse suite des cavaliers armez: mais dans la pureté de la vie & l'exercice de toutes les vertus.

Il infifte fur cette parole de l'apôtre, que l'évêque 1. Tim. III. 2. doit être irreprehenfible, & ajoûte: Malheur à ceux qui menant une vie blâmable se rendent encore plus criminels, en defirant une place où on doit vivre fans reproche. Tels font ceux qui oubliant leur patrie, fuivent les armées des rois dans des païs barbares & inconnus : l'amour des dignitez periffables a plus de pouvoir fur eux que la promeffe des recompenfes celeftes ; & pour obtenir à la fin le pouvoir de commander ils fe foumettent à une dure fujettion. Il leur en couteroit moins, s'ils donnoient une fois de l'argent pour acheter ces dignitez. Car comme il y a trois fortes de prefens, il y a trois fortes de fimonies: celle de la main en donnant de l'argent, celle des fervices, celle de la langue par les flateries. Or ceux qui fuivent ainfi les princes dans leurs voïages commettent toutes

Chr. Caff. lib. III. c. 9.

les trois.

Le pape Eftienne IX. avoit réfolu de garder toute sa vie l'abbaïe du mont - Caffin; c'eft - pourquoi aïant approuvé l'élection du moine Didier, il ne changea pas le deffein qu'il avoit pris de l'envoïer son legat prés de l'empereur de C. P. mais il ordonna que fi

:

Didier revenoit de ce voïage, lui vivant, il lui don- AN. 1058. neroit le gouvernement de l'abbaïe ; fi le pape mouroit avant le retour de Didier, celui-ci feroit reconu pour abbé fans difficulté. Le pape envoïa avec lui Eftienne cardinal & Mainard depuis évêque de fainte Rufine, les chargea de lettres pour l'empereur de C. P. & leur recommanda de revenir au plûtôt, aprés avoir accompli leur legation. C'étoit au commencement de l'année 1058.

eunuques,

XXV. Mott de Theo

Ifaac Comnene

Cedr. p. 791. Zonar. lib. XVII.6.29.

Scylitz

L'empereur de C. P. étoit alors Ifaac Comnene. La vieille Theodora étant demeurée feule imperatri- dora. ce aprés la mort de Conftantin Monomaque, c'eft à- empereur. dire au commencement de Deccembre 1054. ne déclara point d'empereur par le confeil de fes qui fous fon autorité difpofoient de tout, s'étant fait donner les plus grandes charges.Nonobftant fon grand âge elle fe flatoit d'un long regne, fondée fur fon corps robufte & fur les promeffes de quelques moines, fuivant lefquelles elle devoit vivre des ficcles : toutefois elle ne regna qu'un an & neuf mois. Leon d'Acride archevêque des Bulgares étant mort, elle mit à fa place le moine Theodule natif d'Icone & abbé du monaftere de faint Mocius, ignorant des fciences profanes, mais trés-savant dans la theologie & trés- vertueux. Theodora regna donc pendant toute l'année 1055. & jusques au vingt-deuxième d'Aouft 1056. l'an du monde 6564. indiction neuvième, qu'elle mourut fans avoir été mariée, & en elle finit la race de Bafile Macedonien.

Comme elle étoit à l'extremité, fes eunuques l'engagerent à déclarer empereur le patrice Michel Strationique, qui étoit tres-vieux & ne favoit

que

la

guerre,

[ocr errors]

AN. 1058.

étant aurefte incapable du gouvernement. Auffi s'éle-
va-t-il bien-tôt des revoltes contre lui, & enfin le dixić-
me de Juin de l'an 1057. 6565. indiction dixième, Ifaac
Comnene fut déclaré empereur. Michel voulut quel-
que tems foûtenir la guerre contre lui: mais il fut
obligé de ceder l'empire avant deux mois. Comme on
vit Ifaac proche de Ĉ. P. plusieurs patrices allerent à
fainte Sophie fuivis de quantité d'autres perfonnes le
dernics jour d'Août dés le grand matin: criant au
patriarche qu'il defcendit, parce qu'ils avoient à le
confulter fur une affaire importante. C'étoit toûjours
Michel Cerularius. Il s'étoit enfermé, & refufant de
defcendre, il leur envoïa fes neveux pour lui rappor-
ter ce qu'ils defiroient. Les feditieux les menacerent
de les étrangler fi le patriarche ne descendoit auffi-
tôt. Il defcendit revêtu des ornemens pontificaux, té-
moignant une grande indignation de la violence
qu'on lui faifoit. Ils le porterent dans l'églife prés de
l'autel, & d'abord ils le prierent de retirer de l'empe-
reur Michel le ferment qu'ils lui avoient fait par
mais incontinent aprés ils proclamerent Comnene
empereur, déclarant ennemis de l'état tous ceux qui
n'y confentoient pas. Le patriarche Michel fut le pre-
mier à témoigner qu'il l'aprouvoit, auffi- bien que
Thedore patriarche d'Antioche qui étoit prefent; &
qui dit qu'il falloit abatre les maisons des grands, qui
ne l'approuveroient pas.

écrit:

Le patriarche de C. P. enyoïa dire à Comnene de venir inceffamment, & de lui tenir compte du fervice qu'il lui avoit rendu : mais pour Michel Strationique, il lui fit dire de fortir du palais, où il n'avoit plus que faire. Ainfi on vit clairement que Michel

« 이전계속 »