페이지 이미지
PDF
ePub

c. 41.

C. 18.

6.30.

AN. 1091. gues prieres, je ne vois point de place pour l'oraifon mentale, fi ce n'eft en hyver aprés les nocturnes, mais chacun faifoit alors ce qu'il vouloit, & souvent le fommeil les accabloit. Ulric dit bien que l'on prioit avant chacune des heures de l'office: mais il ajoûte que cette priere n'étoit ordinairement que le Pater & quelquefois le Credo. La multitude des offices laiffoit peu de tems pour le travail des mains fi recommandé dans la regle. Aufli Ulric n'en parle-t-il qu'en paffant; & il avouë qu'il n'en a gueres vû d'autre que d'écoffer des féves, arracher dans le jardin les mauvaises herbes & paîtrir le pain: encore n'étoit-ce pas tous les jours. On pfalmodioit en allant au travail & en revenant & pendant le travail même. Dès le tems de Loüis le Débonnaire, on regardoit le gros travail comme indigne des moines, à caufe du facerdoce dont la plûpart étoient revêtus; & c'étoit pour y fuppléer, que l'on avoit ajoûté des pfeaumes à toutes les heures de l'office.

Fragm. tem, 1. Analect. p. 54.

6.32.4.

Dans le fecond livre. Ulric parle premierement de Lib. 11. c. 1. 2. l'instruction des novices. On leur donnoit l'habit en les recevant, mais ils demeuroient feparez des profés, avec lefquels ils ne fe trouvoient qu'à l'églife. A leur occafion il parle du filence qui étoit trésexact à Clugni: fur tout aprés les repas. On ne parloit qu'à certaines heures, favoir entre prime & tierce, none & vêpres, & cet intervale étoit souvent trés-court. On ne parloit jamais en certains lieux, favoir à l'églife, au dortoir, au refectoir & à la cuifine. Et comme dans ces lieux & ces tems de filence il étoit quelquefois neceffaire de se faire entendre, on parloit avec les doigts comme les muets, ufant de

certains

certains fignes établis, dont l'auteur rapporte un grand AN 1091. nombre d'exemples. Enfuite il décrit tout ce que chaque moine devoit faire pendant la journée, depuis fon ", c. 4° lever jusques à son coucher : car toutes ses démarches étoient reglées, même les moindres.

:

c 30.

A l'occafion du prêtre femainier, Ulric décrit fort au long les ceremonies de la messe folemnelle, pour montrer le respect que l'on rendoit au corps de Nôtre-Seigneur mais pour le mieux connoître, il y faut joindre ce qu'il dit ailleurs de la maniere de faire le pain qui en devoit être la matiere. On ne le faisoit jamais qu'avant le dîner : on prenoit du meilleur froment, Lib... 13. que l'on choififfoit grain à grain: on le lavoit foigneufement, & on le mettoit dans un fac fait exprès. Un ferviteur d'une pureté éprouvée le portoit au moulin, dont il lavoit les meules & les couvroit deffus & def fous. Il fe revêtoit d'une aube & d'un amict, qui lui couvroit la tête & le vifage au deffous des yeux : il mouloit ainfi le blé & faffoit la farine. Deux prêtres & deux diacres revêtus de même d'aubes & d'amicts, paîtris foient la pâte dans de l'eau froide, afin qu'elle fût plus blanche, & formoient les hofties. Un novice tenoit les fers gravez où on les devoit cuire : le feu étoit de bois. fec & preparé exprés, & on chantoit des pfeaumes pendant ce travail.

:

Pour le service du grand autel il y avoit deux ca- 11 e 30. lices d'or tous les freres offroient leurs hofties, enthe lefquelles on en choisissoit trois pour confacrer. A la communion on trempoit le précieux corps dans le fang, contre l'ufage des autres églifes d'Occident. p. 146. Les jours de ferie on portoit au refectoir les hofties offertes & non confacrées, que le prêtre distribuoit à

[blocks in formation]

p.149.

AN. 1091.
Lib. 1. 6.35.

ceux qui n'avoient pas communié. On distribuoit.de même les nouveaux raifins, que l'on avoit benis à la meffe Dur. Iv. Rat. c. à la fin du canon, fuivant l'ancien usage d'y benir les

45.22.7.

Lib. 1. c. 35.

Sup. liv. XLVI.

n. 28. 1. c. 44.

e. 49.

III. c. 18. 21.

r. 18.

fruits

La nourriture ordinaire des moines étoit des féves & des herbes, avec lefquelles on faifoit cuire du lard, que l'on preffoit enfuite pour en mêler le fuc avec les féves. Cette obfervance étoit ancienne, d'affaisonner les herbes & les legumes d'un peu de graiffe: pour montrer que l'on ne s'abitenoit pas de la chair par fuperftition, comme les Manichéens. A Clugni on retranchoit cette graifse pendant l'Avent, & depuis la Septuagefime jusques à Pâques. Depuis la Quinquagefime on retranchoit encore les œufs & le fromage; & ce jour on donnoit par extraordinaire des œufs épicez, du fruit & des oublies. Les dimanches & les jeudis on fervoit du poisson, s'il étoit à bon marché, & on donnoit de l'extraordinaire à plufieurs fêtes. On ne permettoit jamais de manger après complies, quelque befoin qu'on en eût.

Dans le troifiéme livre Ulric parle des officiers du monaftere, premierement de l'abbé, & à fon occafion des 11. c. 6. penitences qu'il avoit droit d'imposer. D'autres pouvoient punir les fautes legeres, dont la penitence étoit de fe tenir prosterné ou appuïé fur les genoux ou les coudes, ou en d'autres poftures penibles : ne point aller à l'offrande, ni baiser l'évangile, ni recevoir la paix, ni manger avec les autres. L'abbé feul pouvoit punir les fautes grieves; & la penitence étoit d'être fuftigé en plein chapitre avec des verges : demeurer dans un lieu feparé, y manger & y coucher, fe tenir à toutes les heures à la porte de l'églife. Que fi la faute avoit été commife devant le peuple, la penitence étoit publique :

III. c. 3.

[ocr errors]

13

le coupable étoit fuftigé au milieu de la place, ou pour AN. 1091. une moindre faute expofé le dimanche à la porte de l'églife, lorsque le peuple entroit à la messe, avec un ferviteur qui difoit la cause de la penitence à ceux qui la demandoient. Si un moine fe revoltoit contre la correction, les autres fe jettoient fur lui, fans attendre qu'on leur dît; & le menoient dans la prison, où on def cendoit par une échelle, & qui n'avoit ni porte ni fenêtre : quelquefois même on mettoit aux fers le coupable. L'abbé Hugues difoit, au raport d'Ulric, que les monasteres n'étoient point deshonorez par les fautes des moines, mais par leur impunité.

0.8.

Pour observer jusques aux moindres negligences & «. 7. les proclamer en chapitre, il y avoit des circateurs où furveillans qui faifoient la ronde par toute la maison plusieurs fois le jour. En forte qu'il n'y avoit ni lieu ni moment, où aucun des freres pû fe déranger en seureté. Mais ce qu'il y avoit de plus fingulier à Clugni, c'eft l'attention continuelle fuf les enfans, qui y étoient élevez. On leur donnoit l'habit fi-tôt qu'ils étoient offerts à Dieu folemnellement fuivant la regle; mais on differoit au moins jusques à quinze ans leur benediction; c'est-à-dire, leur profeffion. Ces enfans n'étoient que fix dans le monaftere, & avoient au moins deux maîtres, afin de les garder à vûë & ne les quitter jamais. Ils avoient un lieu feparé dans le dortoir, & aucun autre n'en approchoit : quelque part qu'ils allaffent, même pour les actions les plus fecretes, ils étoient toûjours accompagnez d'un maître avec un autre enfant. S'ils faifoient quelque faute à l'office, on les châtioit fur le champ à coups de verges, mais fur la chemife: car ils en portoiene au lieu de fergettes, & étoient auffi mieux

AN. 1091.

& pour conseiller, & le donna pour confesseur à la communauté. Enfuite il le fit fuperieur des religieufes de Marcigni: puis il l'envoïa avec un seigneur Alleman nommé Lutold, pour fonder un monaftere dans fes terres, & lui donna pour compagnon le moine Cuno. Après avoir marqué le lieu, en attendant le temps propre pour bâtir, les deux moines ne voulurent point loger chez des feculiers; mais ils fe retirerent dans une caverne, où ils pafferent le carême au pain & à l'eau. Cette maniere de vie attira les gens du pais à les venir voir, d'abord par curiofité, ensuite pour écouter leurs instructions qui en convertirent un grand nombre.

Le printems venu, on bâtit le monaftere avec le fecours du peuple d'alentour: de quoi deux curez du voisinage étant jaloux, & craignant la diminution de leurs offrandes, commencerent à déclamer contre ces nouveaux hôtes, les traittant d'hypocrites & d'intereffez. Un de ces curez quelque tems aprés, furpris de la nuit, fut obligé de demander le couvert dans le monaftere. Ulric alla au-devant, l'embraffa & le reçut avec toute la charité poffible Ce qui gagna tellement le curé, qu'il fe retracta publiquement devant fon peuple, & fut depuis le meilleur ami des moi

nes.

[ocr errors]

Ulric_retourna enfuite à Clugni, & faint Hugues l'envoïa prieur à Paterni dans le diocefe de Laufane dont l'évêque Burchard étoit fchifmatique & excommunié par Gregoire VII. Ulric s'efforça de ramener ce prelat à l'unité de l'églife; mais il ne fit que l'irriter. en forte que fachant qu'il n'étoit pas en feureté dans le païs, il fut obligé de revenir à Clugni. Mais

« 이전계속 »