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AN.
A N. 1091.

ordonné. Il alla donc à Rome avec les députez de cette église, qui s'y plaignirent du refus de l'archevêque de Sens; & le pape pour éviter le préjudice qu'un plus long retardement pouvoit faire à l'églife de Chartres, facra Ives lui-même fur la fin de No. vembre l'an 1091. & le renvoïa avec deux lettres : Urb. ep. 8. 9. l'une au clergé & au peuple de Chartres : l'autre à l'archevêque Richer. Dans l'une & dans l'autre, it deffend fous peine d'excommunication à Geoffroi, de faire aucune tentative pour rentrer dans l'églife de Chartres, & à qui que ce foit de le favorifer. Dans la lettre à l'archevêque, il dit : Nous avons facré Ives, sans préjudice de l'obéïssance qu'il doit à vôtre églife; & nous vous prions d'étoufer tout reffentiment, de le recevoir avec la bonté convenable, & lui donner vôtre fecours pour la conduite de fon diocése. Ces lettres font du vingt-quatre & du vingt-cinquiéme de Novembre. On y a joint un difcours du pape à Ives, qui n'est autre chofe que la formule d'inftruction que le confecrateur donnoit au nouvel évêque: telle, mot pour mot qu'elle fe lit encore à la fin du pontifical Romain: excepté que celle du pape Urbain eft beaucoup plus courte, & n'en contient que le com

Vita Ivon.

mencement & la fin.

Ives de Chartres ne prit poffeffion de fon église que l'année fuivante 1092. Ce qui fait que l'on ne compte ordinairement que de cette année fon pontificat, qui dura vingt-trois ans. Il étoit né dans le Beauvoifis de parens nobles, & après les études d'humanitez & de philofophie, il alla à l'abbaie du Bec apprendre la theologie fous Lanfranc. Gui évêque de Beauvais, qui

avoit été doïen de faint Quentin en Vermandois, AN 1092. aïant fondé en 1078. un monaftere de chanoines reguliers près la ville de Beauvais, en l'honneur de ce faint martyr: Ives y embrassa la vie clericale & y don. na des terres de fon patrimoine. Enfuite il en fut fuperieur, foit fous le nom de prevôt ou d'abbé; & pendant qu'il gouvernoit ce chapitre, il enseigna la theologie, & compofa fon grand recueil de canons, connų fous le nom de decret. Il en explique ainfi le dessein dans fa preface.

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II.

Decret d'Ives de

J'ai raffemblé en un corps avec quelque travail les extraits des regles ecclefiaftiques, tant des lettres des Chartres. papes, que des actes des conciles, des traitez des peres & des conftitutions des rois catholiques: afin que celui qui n'a pas ces écrits en main, puiffe prendre ici ce qu'il trouvera utile à fa caufe. Nous commençons par le fondement de la religion Chrétienne c'est-à-dire, par la foi, puis nous mettons fous differens titres ce qui regarde les facremens, la conduite des mœurs & la difcution des affaires : en forte que chacun puiffe trouver aifement ce qu'il cherche. En quoi nous avons crû devoir avertir le lecteur judicieux, que s'il n'entend pas affez ce qu'il lit, ou s'il croit y voir de la contradiction, il ne fe preffe pas de le blâmer : mais qu'il confidere attentivement ce qui eft dit felon la rigueur du droit, ou felon l'indul. gence: parce que tout le gouvernement ecclefiaftique eft fondé fur la charité. L'auteur s'étend enfuite à montrer que par ce même principe, l'église tantôt fe tient à la feverité des regles, & tantôt s'en relâche par condescendance. Il prétend en particulier, que l'on a eu raifon de moderer l'ancienne rigueur tou

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AN. 1092.

:

chant les tranflations des évêques. Tout l'ouvrage est divifé en dix-fept parties, dont chacune contient un grand nombre d'articles, comme de deux ou trois cens. Les fauffes décretales y font emploïées comme les vraïes entre les loix des princes Chrétiens, il cite le Code de Juftinien, le Digefte retrouvé depuis peu, & les Capitulaires de nos rois. Au refte il tranfcrit Sup. l. LVIIL.. 52. pour l'ordinaire Bouchard de Vormes, comme Bouchard avoit transcrit Reginon : conservant les mêmes fautes, fur tout dans les infcriptions des articles. Mais il étoit impoffible alors, qu'un particulier eût en main tous les livres originaux d'où font tirez tant de paffages.

III.

Concile d'Eftam

pes.

:

Richer archevêque de Sens, irrité de ce que fur fon refus Ives étoit allé à Rome fe faire facrer par le Ivo epift. 8. pape, lui écrivit une lettre pleine d'amertume & de mépris où il ne le traitoit ni d'évêque ni de confrere, & l'accufoit de vouloir démembrer sa province, en ufurpant le siege de l'évêque Geofroi, qu'il ne tenoit point pour dépofé. Ives lui répondit : Si je fuis un étranger à vôtre égard, pourquoi m'appellez-vous en jugement, & pourquoi prétendez-vous que je vous doive obéissance? vous vous élevez manifeftement contre le saint siege, en voulant détruire ce qu'il a édifié, & vous ne menagez pas affez vôtre reputation, quand vous nommez évêque, & vous efforcez de rétablir un bouc émisfaire, dont les adulteres, les impuretez, les parjures, les trahisons ont été publiées prefque dans toute l'églife Latine; & dont le pape vous écrivant à vous-même, a deffendu fous peine d'excommunication de le favorifer pour rentrer dans le fiege de Chartres.

Vous traitez par dérifion de bencdiction telle quelle, AN. 1092. celle que j'ai reçue par l'impofition des mains du pape & des cardinaux : quoi qu'il appartienne au faint fiege de confirmer ou d'infirmer les confecrations, tant des métropolitains que des autres évêques : d'examiner vos conftitutions & vos jugemens, & ne foûmettre les fiens à l'examen d'aucun de fes inferieurs. Ives apporte enfuite des passages de faint Gelase & de faint Gregoire, pour montrer que les jugemens du pape ne font point fujets à revision. Il conclut, qu'encore qu'il n'ait point été appellé canoniquement, il eft prêt à fe prefenter en lieu leur dans la province de Sens, même à Eftampes pourvû qu'il ait un faufconduit du comte Eftienne, qui l'affure, tant de la part du roi du roi que de l'archevêque. Eftienne étoit comte de Chartres & de Champagne, & les hoftilitez universelles obligeoient à prendre de telles précautions pour de fi petits yoïages.

Ivo. ep. 12.

L'archevêque Richer tint en effet un concile à Eftampes, par le confeil de Geoffroi évêque de Paris, Gall. Chr. homme de grand credit. Il étoit frere d'Euftache comte de Boulogne, & oncle de Godefroi de Bouil. lon depuis fi fameux. Il étoit chancelier du roi Philippe, ou plûtôt grand chancelier, car on en voit plufieurs autres qui firent la fonction fous lui. L'évêque de Chartres Geoffroi étoit aufsi son neveu, & c'est ce qui excitoit l'évêque de Paris à prendre cette affaire à cœur. Il affifta donc au concile d'Eftampes, avec les évêques de Meaux & de Troies de la même province, & qui agiffoient par le même efprit. En ce concile l'archevêque accufa Ives de Chartres, de s'être fait ordonner à Rome, prétendant que c'étoit

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C. 9.

AN. 1091. nourris que les moines. Perfonne n'approchoit d'eux que leurs maîtres. Enfin, dit Ulric, voïant avec quel foin on les garde jour & nuit, j'ai fouvent dit en moimême, qu'il est difficile qu'un fils de roi foit élevé dans fon palais avec plus de précaution, que le moindre enfant à Clugni. Les jeunes profés avoient auffi, tant qu'on le jugeoit neceffaire, un cuftode ou gardien, qui ne les quittoit point.

28.

C. IT.

6. 16.

6. 17.

Le chambrier de Clugni gardoit non seulement les habits, mais l'argent, parce qu'il achetoit tout ce qui regardoit le vestiaire. Outre les habillemens marquez par la regle, ils portoient des pellices ou robbes fourSup. liv. XLV. n. rées, mais de mouton seulement; & des bottines de feutre pour la nuit, des fergettes & des calleçons : ce qui étoit permis par la regle d'Aix la-Chapelle, dont les moines de Clugni avoient confervé plufieurs usages. On rafoit les moines environ une fois en trois semaines, & pendant cette action on chantoit des pfeaumes. Ils se baignoient deux fois l'an, avant Noël & avant Pâques. Outre les aumônes ordinaires qui étoient de la charge de l'aumônier, le chambrier faifoit celle de l'entrée du carême, qui étoit accompagnée d'une distribution de lard ou d'autre viande. Ulric dit, que l'année qu'il écrivoit il s'y étoit trouvé dix fept mille pauvres. Cette entrée du carême, ou comme dit l'auteur, le carême entrant, fignifie les derniers jours gras.

c. 23.

Ces coûtumes de Clugni n'étoient pas nouvelles du tems d'Ulric, il y a apparence que la plûpart s'y observoient dés l'origine de ce monaftere, & Jean qui écriSac. 5. ačta. Ben. Voit la vie de saint Odon vers le milieu du dixiéme fie_ cle, en raporte quelques unes, particulierement touchant l'éducation des enfans & le filence.

p. 161.

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