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AN. 1092. à l'archevêque de Reims & à fes fuffragans, leur reprochant d'avoir fouffert un crime fi fcandaleux. Nous vous ordonnons, ajoût-t-il, quand vous aurez vû cette lettre d'aller promptement trouver le roi, lapour vertir de la part de Dieu & de la nôtre, & l'obliger à fe relever d'un crime fi horrible. Que s'il méprife vos avis, nous ferons obligez, & nous & vous, d'emploter le glaive fpirituel contre ses adulteres. Faites aufli la même instance pour la délivrance de nôtre confrere l'évêque de Chartres : que fi celui qui l'a pris ne vous obéit pas, excommuniez & mettez en interdit les châteaux où il le retiendra & fa terre : afin que l'on ne faffe plus de telles entreprises contre des perfonnes de ce rang. La lettre est du vingt-septiéme d'Octobre

Epift 23.

Epist. 20.

1092.

Le pape en envoïa de femblables à tous les évêques de France : car Ives de Chartres en parle, écrivant à Gui fenechal du roi, qui vouloit le reconcilier avec ce prince. Je vû, dit-il, des lettres que le pape Urbain a envoïées à tous les archevêques & les évêques de fon roïaume, afin qu'ils le mettent à la raison: elles auroient déja été publiées, mais pour l'amour de lui je les ai fait retenir jufques à prefent, parce que je veux empêcher autant qu'il eft en moi, que fon roïaume s'éleve contre lui.

Les principaux de la ville de Chartres avoient conjuré enfemble de faire la guerre au vicomte, pour la délivrance de leur évêque. L'aïant appris, il leur écrivit pour le leur défendre abfolument. Car, dit-il, ce n'eft pas en brûlant des maifons & pillant des vres que vous appaiserez Dieu : vous ne ferez que l'irriter; & fans fon bon plaifir, ni vous ni perfonne

pau

ne pourra me délivrer. Permettez que je porte seul la AN. 1092. colere de Dieu, jufques à ce qu'il me juftifie, & n'augmentez pas mon affliction par la mifere d'autrui. Car j'ai refolu non feulement de demeurer en prifon : mais de perdre ma dignité & même la vie, plûtôt que d'être caufe que l'on faffe perir des hommes. Souvenez-vous qu'il eft écrit, que Pierre étoit en prifon, & que l'église faifoit fans ceffe des prieres pour lui.

Act. XII. S.

VII. Rétabliffement de

Gerard le jeune évêque de Cambrai, étant mort l'on ziéme d'Août 1092. le clergé & le peuple d'Arras fon- l'évêché d'Arras. gerent à rétablir chez eux un évêque, comme ils en avoient eu autrefois. L'occafion étoit favorable: le Gefta v. Mifcel: pape Urbain élevé à Reims connoiffoit l'ancien état Baluz. p.237. des églifes de la province; & les habitans d'Arras, qui le reconnoiffoient pour pape, étoient perfecutez par ceux de Cambrai attachez à l'empereur Henri. Il y avoit prés de cinq cens ans, que ces deux églifes n'avoient qu'un évêque, favoir depuis faint Vast, que faint Coins. an. 6 0. Remy fit évêque d'Arras, & qui le devint aussi de Cambrai, depuis que Clovis eût foûmis cette ville à fon

obéïffance.

Le pape Urbain reçut favorablement la demande des Artefiens, & écrivit en ces termes à Renauld archevêque de Reims; Sachez que l'église d'Arras a été une des plus nobles de la métropole de Reims; & il pa roît par des monumens autentiques, qu'elle a eu de trés pieux évêques & les autres droits épifcopaux. C'eft: pourquoi nous vous ordonnons de confacrer & inftaller fans délai, celui qui fera élû canoniquement pour évêque par le clergé & le peuple de cette églife car il arrive fouvent, que pendant la perfecution, les églises destituées de clergé, de peuple &

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n. 5.

AN. 1092.

chant les translations des évêques. Tout l'ouvrage eft divifé en dix-fept parties, dont chacune contient un grand nombre d'articles, comme de deux ou trois cens. Les fauffes décretales y font emploïées comme les vraies entre les loix des princes Chrétiens, il cite le Code de Juftinien, le Digefte retrouvé depuis peu, & les Capitulaires de nos rois. Au refte il tranfcrit Sup. I. LVIIL. 52. pour l'ordinaire Bouchard de Vormes, comme Bouchard avoit tranfcrit Reginon : conservant les mêmes fautes, fur tout dans les inscriptions des articles. Mais il étoit impoffible alors, qu'un particulier eût en main tous les livres originaux d'où sont tirez tant de pasfages.

III. Concile d'eftam

pes.

:

fur

Richer archevêque de Sens, irrité de ce que fon refus Ives étoit allé à Rome fe faire facrer par le Ivo epif. 8. pape, lui écrivit une lettre pleine d'amertume & de mépris où il ne le traitoit ni d'évêque ni de confrere, & l'accufoit de vouloir démembrer fa province, en ufurpant le siege de l'évêque Geofroi, qu'il ne tenoit point pour dépofé. Ives lui répondit : Si je fuis un étranger à vôtre égard, pourquoi m'appellez-vous en jugement, & pourquoi prétendez-vous que je vous doive obéiffance? vous vous élevez manifeftement contre le faint fiege, en voulant détruire ce qu'il édifié, & vous ne menagez pas affez vôtre reputation, quand vous nommez évêque, & vous efforcez de rétablir un bouc émiffaire, dont les adulteres, les impuretez, les parjures, les trahisons ont été publiées prefque dans toute l'églife Latine; & dont le pape vous écrivant à vous-même, a deffendu fous peine d'excommunication de le favorifer pour rentrer dans le fiege de Chartres.

Vous traitez par dérifion de bencdiction telle quelle, AN. 1092. celle que j'ai reçue par l'impofition des mains du

pape

& des cardinaux : quoi qu'il appartienne au faint fiege de confirmer ou d'infirmer les confecrations, tant des métropolitains que des autres évêques d'examiner vos conftitutions & vos jugemens, & ne foûmettre les fiens à l'examen d'aucun de fes inferieurs. Ives apporte enfuite des paffages de faint Gelafe & de faint Gregoire, pour montrer que les jugemens du pape ne font point fujets à revifion. Il conclut, qu'encore qu'il n'ait point été appellé canoniquement, il est prêt à se presenter en lieu leur dans la province de Sens, même à Eftampes pourvû qu'il ait un faufconduit du comte Eftienne, qui l'affure, tant de la part du roi que de l'archevêque. Eftienne étoit comte de Chartres & de Champagne, & les hoftilitez univerfelles obligeoient à prendre de telles précautions pour de fi petits voïages.

L'archevêque Richer tint en effet un concile à Eftampes, par le confeil de Geoffroi évêque de Paris, homme de grand credit. Il étoit frere d'Euftache comte de Boulogne, & oncle de Godefroi de Bouillon depuis fi fameux. Il étoit chancelier du roi Philippe, ou plûtôt grand chancelier, car on en voit plufieurs autres qui firent la fonction fous lui. L'évêque de Chartres Geoffroi étoit auffi fon neveu, & c'est ce qui excitoit l'évêque de Paris à prendre cette affaire à cœur. Il affifta donc au concile d'Eftampes, avec les évêques de Meaux & de Troïes de la même province, & qui agiffoient par le même efprit. En ce concile l'archevêque accufa Ives de Chartres, de - s'être fait ordonner à Rome, prétendant que c'étoit

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Ivo. ep. 12.

Gall. Chr.

AN. 1092. rent environ foixante & quinze évêques & douze abbez. On y parla des mariages contractez entre parens

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& on y fit le reglement fuivant. Les évêques dioce35. q. 5. c. 4. fains feront citer les parties jufques à trois fois. Si deux ou trois hommes affirment par ferment la parenté, ou fi les parties en conviennent, on ordonnera la dissolution du mariage. S'il n'y a point de preuve, l'évêque prendra les parties à ferment, pour déclarer s'ils fe reconnoiffent pour parens, fuivant la commune renommée. S'ils difent que non, il faut les laiffer, en les avertiffant, que s'ils parlent contre leur confcience, ils demeurent excommuniez, tant qu'ils continuent dans leur incefte. S'ils fe feparent fuivant le jugement de l'évêque & qu'ils foient jeunes, il ne faur pas leur défendre de contracter un autre mariage. On fit un autre canon dans ce concile pour l'obfervation de la treve de Dieu.

X.

S. Anfelme arche

Depuis quatre ans que Lanfranc étoit mort, le fie. éque de Cantor- ge de Cantorberi étoit demeuré vacant; & Guillaume le roux roi d'Angleterre ne vouloit point le remEadm. Novor, plir, pour profiter des grands revenus de cette eglife

beri.

Lib. 1. p. 34.

Il fit faire inventaire de tous les biens qu'elle poffedoit; & aiant reglé la fubfistance des moines qui la fervoient, il joignit le refte à fon domaine, & le donnoit à ferme tous les ans au plus offrant. On voïoit tous les jours dans le monaftere des hommes infolens, qui venoient faire des exactions & menacer les moines, dont plufieurs furent difperfez & en voïez à d'autres monafteres: ceux qui refterent fouffrirent beaucoup d'infultes & de mauvais traitemens. Les fujets de l'églife furent tellement pillez & reduits à une fi extreme mifere, qu'il ne leur reftoit que la

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