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évêques le promirent & raporterent ce difcours à An- AN. 1095. felme, qui dit: Et moi je vous tiendrai toûjours pour mes freres & pour les enfans de l'églife de Cantorberi, & je ferai mon poffible pour vous ramener de cette erreur: quant au roi, je lui promets toutes fortes de fervices & de foins paternels, lorfqu'il voudra bien le fouffrir. Le roi commanda aux feigneurs de faire comme les évêques, & de renoncer à l'obéïffance & à l'amitié d'Anfelme. Ils répondirent: Nous ne fommes point ses vaffaux, & ne lui avons point fait de ferment: mais il eft nôtre archevêque, il doit gouverner en ce païs-ci la religion, & nous ne pouvons, étant Chrétiens, nous fouftraire à fa conduite: vû principalement, qu'il n'eft coupable d'aucun cri

me.

Alors les évêques demeurerent confus, & tout le monde les regardoit avec indignation, nommant l'un Judas, l'autre Pilate, l'autre Herode. Plufieurs dirent qu'ils ne prétendoient refufer obéiffance à Anfelme, que quant à l'autorité qu'il difoit tenir du pape Urbain, & s'étant attiré par là l'indignation du roi, ils fe le reconcilierent à force d'argent. Mais Anfelme voïant qu'il n'étoit plus en fûreté en Angleterre, car le roi le lui avoit déclaré : lui demanda un faufconduit jufqu'à la mer, pour fortir du roïaume, en attendant qu'il plût à Dieu d'appaifer ce trouble. Le roi fut fort embarraffé de cette propofition. Car quoiqu'il fouhaitât paffionnément la retraite du prélat, il ne vouloit pas qu'il fortît revêtu de la dignité pontificale, & ne voioit pas qu'il fût poffible de l'en dépoüiller. Enfin on convint de lui donner un délai jufques à la Pentecôte, & le roi promit de laisser jufFfff

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Tome XIII.

AN. 1095.

XXVI.

S. Anfelme re

ques-là toutes chofes en même état. Mais il ne tint point fa parole, & pendant cette tréve il chassa d'Angleterre le moine Baudouin, en qui l'archevêque avoit fa principale confiance Il fit prendre fon chambellan dans fa chambre & à fes yeux, & lui fit plufieurs autres infultes.

Le terme de la tréve approchoit, quand Gautier çoit le pallium. évêque d'Albane legat du pape Urbain arriva en AnEdmer. 2. Novor. gleterre. Il paffa fecrettement à Cantorberi, évita

l'archevêque, & fe preffa d'aller trouver le roi, fans rien dire du pallium qu'il apportoit, ni parler familierement à perfonne, en l'abfence des deux chapelains du roi qui le conduifoient. Le roi l'avoit ainfi ordonné, pour ne pas publier fon deffein. Le legat parla à ce prince, fuivant ce qu'il avoit apris qui lui feroit agréable, fans rien dire en faveur d'Anfelme. Ceux qui avoient conçû de grandes efperances de la venuë du legat, en furent furpris, & difoient : Si Rome prefere l'argent à la juftice, quel fecours en peuvent attendre ceux qui n'ont rien à donner? Le roi donc voïant la complaifance du legat, qui lui promettoit de la part du pape tout ce qu'il defiroit, pourvû qu'il voulut le reconnoître, accepta la condition, & ordonna par tout fon roïaume de recevoir Urbain pour pape legitime. Enfuite il voulut perfuader au legat de dépofer Anfelme de l'épifcopat, par l'autorité du pape, promettant, s'il le faifoit, d'envoier à Rome tous les ans une grande fomme d'argent. Mais le legat lui aïant fait voir qu'il étoit impoffible, il en fut extrêmement contrifté, comptant qu'il n'avoit rien gagné à reconnoître le pape Urbain. Voïant donc qu'il ne pouvoit changer ce qui étoit fait, il voulut au moins

fauver fa dignité, rendant en apparence fes bonnes AN. 1095. graces à l'archevêque, puifqu'il ne pouvoit lui faire le mal qu'il défiroit.

Le roi celebra à Oüindfor la Pentecôte, qui cette année 1095. fut le treiziéme de Mai. Delà il envoïa des évêques, qui prefferent encore Anfelme de lui faire un prefent, du moins à l'occafion du pallium, qu'il feroit allé querir à Rome à grands frais. Mais il demeura toûjours ferme, difant, que c'étoit faire injure au roi, de montrer que fon amitié étoit venale. Enfin le roi, par le confeil des feigneurs, fut réduit à lui rendre gratuitement fes bonnes graces; & il fut dit, que de part & d'autre on oublieroit le paffé. Il fut enfuite queftion du pallium. Quelques-uns, pour faire leur cour, vouloient perfuader à Anfelme de le recevoir de la main du roi: mais il reprefenta que ce n'étoit pas un prefent du prince, mais une grace finguliere du faint fiege; & on convint, que le legat qui l'avoit apporté le porteroit à Cantorberi & le mettroit fur l'autel, où Anfelme le pren

droit.

La ceremonie fe fit le dimanche dixiéme de Juin, Le legat vint à Cantorberi, & entra dans l'église metropolitaine, portant le pallium dans une caffette d'argent, avec beaucoup de décence. Les moines qui fervoient la même église allerent au devant avec ceux de l'abbaïe de faint Paul, un grand clergé & un peuple innombrable. L'archevêque accompagné de plufieurs évêques qui le foûtenoient à droit & à gau che, s'avança nuds piés, mais revêtu de fes ornemens. Quand le pallium eut été mis fur l'autel, il l'alla prendre & le fit baifer à tous les affiftans. Puis

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s'en étant revêtu, il celebra la meffe folemnellement. AN. 1095. Enfuite le moine Baudouin fut rappellé en Angleterre, & l'archevêque demeura quelque tems en paix.

Il écrivit au pape, pour le remercier du pallium 111 if 37. qu'il lui avoit envoïé, & lui faire fes excufes de n'avoir point encore été le vifiter, comme il étoit de fon devoir fuivant la coûtume; outre le defir qu'il avoit de l'entretenir & le confulter. Il s'excufe fur les guerres, la défense du roi, fon âge & fa mauvaise fanté. Cependant il lui reprefente ainfi fes peines : Je, fuis affligé, faint pere, d'être ce que je fuis & de n'être plus ce que j'étois. Dans une moindre place il me fembloit que je faifois quelque chofe : dans un rang plus élevé mon fardeau m'accable, & je ne fuis utile ni à moi, ni aux autres. Je voudrois quitter cette charge, que je ne puis porter: mais la crainte de Dieu, qui me l'a fait recevoir, m'oblige à la garder. Si je connoiffois la volonté de Dieu, j'y conformerois la mienne: faute de la connoître, je m'agite, je soûpire, & je ne fai quelle fin mettre à mes

XXVII.

France.

Bertold.

maux.

Cependant le pape Urbain aïant mis en bon état Le P. Urbain en les affaires de Lombardie, paffa en France par mer, & vint à Valence, où il dédia l'églife cathedrale: delà il vint au Pui en Velai, où il celebra l'Affomption de Nôtre - Dame, & y indiqua un concile à Clermont pour l'octave de la faint Martin, où il invita par fes lettres les évêques de diverses provinces. Du Pui le pape paffa à la Chaise Dieu, puis il retourna vers le Rône à faint Gilles, à Tarafcon, à Avignon. Enfuite il vint à Mâcon & à Clugni, où le vingt cinquiéme d'Octobre il confacra le grand autel de la

Bibl. C. Inn. f. $18.

nouvelle églife; & le même jour il y fit confacrer AN. 1095. trois autres autels par Hugues archevêque de Lion, Daïbert archevêque de Pise & Brunon évêque de Segni.

En cette ceremonie le pape parla ainfi au peuple en presence des évêques & des cardinaux : Les papes nos predeceffeurs ont particulierement aimé & pro- sup. liv. Lxv. n. tegé ce monaftere depuis fa fondation, & avec rai- 45. fon, puifque le pieux duc Guillaume fon fondateur, a voulu qu'il n'eût d'autres protecteurs après Dieu, que faint Pierre & les papes fes fucceffeurs.Je me trouve de ce nombre par la divine providence, après avoir été moine & prieur de ce monaftere sous le venerable Hugues, qui grace à Dieu eft encore en bonne fanté. Mais aucun de mes predeceffeurs n'a vifité ce lieu en perfonne, & Dieu, comme vous voïés, m'a fait cette grace: c'eft même la premiere & la principale caufe de mon voïage en France. Ensuite le pape accorda à Clugni une immunité, & en marqua les bornes; dans l'étenduë defquelles il défendit de faire aucune violence, incendie, pillage, capture, homicide, ou mutilation de membres, fous peine d'excommunication. Il avoit déja accordé la même année, étant à Plaisance, unè confirmation de tous les privileges de p. 516. Clugni.

XXVIII Concile de Cler

Le pape fe rendit à Clermont au tems marqué, & il s'y trouva felon Bertold, treize archevêques & mont. deux cens cinq prélats portant croffe, tant évêques qu'abbés d'autres en comptent jufques à quatre cens. Entre les archevêques il y en avoit deux d'Italie qui avoient fuivi le pape : favoir Daïbert de Pise & Ranger de Rege. Il y en avoit trois qui étoient legats

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