페이지 이미지
PDF
ePub

AN. 1097.

XLIII.

Eglife d'Espagne.

Roderic. vi. hift.

C. 27.

trouverent en si grand nombre, qu'ils furent obligez de camper. Le roi Henri fut aufli chaffé de Lombardie par les troupes de la comteffe Mathilde & reduit à se retirer en Allemagne.

Bernard archevêque de Tolede s'étoit croisé pour pafser à la terre fainte, & aïant recommandé au clergé du païs le gouvernement de fon églife, il s'étoit mis en chemin. Mais à peine eut il fait trois journées, que les clercs de Tolede s'imaginant qu'il ne reviendroit jamais, élurent un autre archevêque, & chafferent les domestiques de Bernard, qui l'aiant promptement fuivi, lui dirent ce qui s'étoit paffé. Il revint, dégrada les auteurs de la conjuration avec celui qu'ils avoient élû; & mit dans l'églife de Tolede des moines de faint Fagon, pour la deffervir pendant fon abfence : puis il continua fon chemin & vint à Rome. Mais le pape Urbain le difpenfa de fon vou, & lui défendit de paffer outre, & d'abandonner fon églife: qui étant nouvellement rétablie, avoit befoin de fa prefen

ce.

En revenant, Bernard passa par la France, où il choifit des hommes favans & vertueux & de jeunes gens dociles, qu'il emmena en Espagne. De Moiffac il tira Girauld, qu'il fit premierement chantre de l'église de Tolede, puis archevêque de Brague. De Bourges, Pierre, qu'il fit archidiacre de Tolede, puis évêque d'Olma. D'Agen, il en tira quatre : Bernard, qu'il fit chantre de Tolede, puis évêque de Siguença, & enfin archevêque de Compoftelle. Pierre qui aïant été élevé dans l'églife de Tolede, fut évêque de Segovie : un autre Pierre qui fut évêque de Palencia & Raimond originaire de Salvetat, d'où l'archevêque Bernard

étoit lui-même, & qui fut fon fucceffeur immediat AN. 1097. dans le fiege de Tolede. Il tira de Perigord Jerôme, qu'il fit évêque de Valence : mais cette ville aïant été peu aprés perdue par les Chrétiens, il le mit à Zamora, pour y faire les fonctions épifcopales, quoi qu'il n'y eut pas encore de fiege établi. Après la mort de Jerôme, il mit à Zamora pour premier évêque titulaire, Bernard qu'il avoit amené du même païs. Enfin il amena de Limoufin, comme j'ai dit, Bourdin, qu'il fit archidiacre de Tolede, évêque de Conimbre, puis archevêque de Brague. C'eft ainfi que la France fournit des évêques à l'Espagne auffi-bien qu'à la Sicile, pour y rétablir la religion après l'oppreffion des sup. n. 13. Mufulmans.

Cependant Pierre I. roi d'Arragon; prit Huefca fur eux, aprés qu'ils l'eurent poffedée plus de trois cens ans, & gagna une grande bataille à la mi- Novembre 24 1096. Le pape y rétablit l'évêque qui avoit été transferé à Jaca; & le jour de Pâque, cinquième d'Avril de l'année fuivante 1097. Amat archevêque de Bourdeaux dédia la mofquée d'Huefca, pour en faire une églife.

Chr. Maleac...

XLIV. Daimbert arche

En France, Richer archevêque de Sens mourut à la fin du mois de Decembre 1096. aprés avoir tenu vêque de Sens. ce fiege prés de trente-cinq ans. Daïmbert vidame

to.

de la même églife, homme noble & confideré, fut Chr. S. P. vivi. élu par tout le clergé & le peuple pour lui fuccefpicil. p 7494 der: mais il demeurà quatorze mois fans être facré par l'oppofition de Hugues archevêque de Lion, qui prétendoit que Daimbert lui devoit prêter ferment comme à fon primat. Quoique cette élection eut été faite fans confulter les évêques de la province, le cler

Kkkk iij

AN. 1097. gé de Sens écrivit à Ives de Chartres, pour le prier Ivo. ep. 58. d'ordonner prêtre Daïmbert le jour de la Purification

1097. car il n'étoit que diacre : & de le facrer évêque dimanche fuivant. Mais Ives leur reprefenta, que fuivant les canons les ordinations ne fe devoient faire qu'aux quatre-tems; & qu'il avoit befoin de conferer avec fes confreres fur cette affaire, & avec l'élu même. Ainfi fon ordination fut remife au commencement du carême. Surquoi lves de Chartres écrivit à Hugues epift. 59. de Lion, pour favoir ce qu'ils devoient faire; & aprés avoir reçu fa réponse, il lui écrivit encore ainfi :

epift. 62.

:

Vos ordres ont été fuivis, nous nous fommes abftenus de facrer l'archevêque élû de Sens; & nous avons envoïé vos lettres aux évêques de nôtre province, pour obéir à l'autorité apoftolique. Mais nous vous prions & vous confeillons, d'ufer à l'avenir de cette autorité avec plus de retenuë de peur qu'en nous prefcrivant des choses impoffibles, vous ne nous mettiez dans la neceffité de défobéir. Quant aux ordres du faint fiege, qui regardent la confervation de la foi, ou la correction des mœurs : nous fommes refolus à les obferver, quoiqu'il nous en coûte. Mais quand vous nous enjoignez fi expreffement des chofes indifferentes pour le falut, ou quand vous changez comme il vous plaît ce qui est établi par la coûtume & par l'autorité des peres: regardez à qui l'on doit plûtôt obéir, aux peres, ou à vous, qui prétendez ne faire que fuivre leurs traces. Il rapporte enfuite plufieurs autoritez des papes, qui déclarent qu'ils ne veulent rien innover contre la tradition & l'autorité des canons : puis il ajoûte :

[ocr errors]

Les canons aïant donc reglé comment un métropo- AN. 1097. fitain doit être ordonné, nous nous étonnons que vous prétendiez que l'élû de Sens vous doive être prefenté avant fon facre, & vous promettre obéiffance en vertu de vôtre primatie : ce qui n'a jamais été observé, ni dans la province de Sens, ni dans aucune autre. D'où vient que le pape Nicolas écrit à Raoul archevêque de Bourges, que les primats ou les patriarches n'ont aucun privilege au deffus des autres évêques, qu'autant que les canons ou la coûtume leur en donnent. Au refte celui dont il s'agit eft, fuivant ce que nous en avons oüi dire, d'une naissance noble & fuffifamment inftruit, ceux qui le connoiffent en rendent bon té-moignage, & il étoit diacre dans fon église, quand il a été élû gratuitement & tout d'une voix. Mais s'il cedoit maintenant à ce que vous exigez de lui, on diroit qu'il auroit acheté fa confecration par cette complaifance..

Quant à ce que vous avez écrit, qu'il a reçu de la main du roi l'inveftiture de l'évêché, nous n'en avons point de connoiffance. Mais quand il l'auroit: fait, nous ne voïons pas en quoi cette ceremonie nuit à la religion, puifqu'elle n'a aucune force de ferment, & qu'il n'y a aucune défense aux rois de la part du faint fiege d'accorder les évêchez,, aprés l'élection canonique. Au contraire nous lifons que les papes ont quelquesfois intercedé auprés des rois, pour les évêques élus, afin qu'ils leur accordaffent les: évêchez; & qu'ils ont differé le facre de quelques-uns. parce qu'ils n'avoient pas encore obtenu la conceffion des rois. Nous en aurions rapporté les exemples, fi nous n'avions craint la longueur. Le pape Urbain

[ocr errors]

AN. 1097. lui-même, felon que nous l'avons compris, n'exclut les

rois que de l'inveftiture corporelle, non de l'élection, en tant qu'ils font chefs du peuple, ou de la conceffion. Et qu'importe que cette conceffion se faffe de la main, ou par un figne de tête, ou de la bouche, ou par une croffe? Puifque les rois ne prétendent rien donner de fpirituel, mais feulement confentir à l'élection, ou accorder à l'élu les terres & les autres biens exterieurs, que les églifes ont reçus de leur liberali

té.

Que fi les inveftitures étoient défenduës par la loi éternelle, il ne feroit pas au pouvoir des fuperieurs de les condamner rigoureufement en quelques-uns & les tolerer en d'autres. Mais parce que c'eft principalement la défense de ces fuperieurs, qui les rend illicites, nous ne voïons prefque perfonne condamné pour ce fujet : mais plufieurs vexations, plufieurs fcandales, la divifion entre le roïaume & le facerdoce, dont la concorde est necessaire pour la fureté des choses humaines. Nous voïons les évêques & les abbez, au lieu de s'appliquer à la correction des mœurs, ou à la conservation de leur temporel : uniquement occupez à se procurer quelque patrón, dont l'éloquence puiffe les défendre; & plufieurs dont l'élection a été gratuite, tombent ainfi dans la fimonie, en achetant des interceffeurs.

Puis donc que toutes les loix ecclesiastiques doivent se rapporter au falut des ames, il faudroit corriger plus feverement les tranfgreffions de celle-ci, ou les paffer fous filence. Ce que je ne dis pas pour m'élever contre le faint fiege mais je voudrois, & plufieurs autres avec moi, que les ministres de l'église

Romaine

« 이전계속 »