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Matth. XX111. 24.

Romaine s'appliquaffent à guerir de plus grands maux, A N. 1097. & ne s'attiraffent pas le reproche de paffer le moucheron & d'avaler le chameau, puifque par tout le monde on commet publiquement tant de crimes, sans que vous vous mettiez en peine de les reprimer. Je me réduits donc à dire, que vous permettiez de facrer l'élu de l'églife de Sens, felon l'ancienne coûtume, fi vous n'y trouvez aucun empêchement canonique. Car nous ne voulons point nous relâcher le moins du monde du droit de nos églifes. Si vous y acquiefcez, nous ferons nôtre poffible pour perfuader au nouvel archevêque, de reconnoître la primatie de l'église de Lion.

Ives de Chartres écrivit au pape fur le même sujet en ces termes: Mandez-nous ce que nous devons faire p. 63. touchant l'archevêque élu de Sens, dont le sacre est arrêté par l'archevêque de Lion vôtre legat, parce qu'il ne veut pas lui promettre obéiffance à caufe de fa primatie. Car encore que perfonne n'ait fait aucune autre oppofition à ce facre, nous nous fommes abftenus de paffer outre par respect pour vous : quoiqu'il n'y ait ni loi, ni coûtume, qui oblige les métropolitains de promettre obéiffance aux primats. Ives envoïa cette lettre au pape par le nouvel évêque de Paris Guillaume de Montfort, qui alloit à Rome & qu'il lui recommande avec affection; priant le pape d'exhorter ce prelat à quitter la chaffe & les autres amusemens de la jeuneffe, pour s'appliquer à la priere & à la lecture.

XLV.
Les croifez à Cr.

Vers le printems de cette année 1097. le pape Urbain vint à Thiete, où il eut une conference avec les évêques & les feigneurs touchant la croifade, & y 5. Specil. p 470.

a

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Chr. Cafaur. to.

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AN. 1097.

Chr. Caffin 1v.

C. 11.

724.

exhorta tout le monde. Robert duc de Normandie & Eftienne comte de Blois, qui avoient passé l'hiver en Ful: bur. c. 3. Poüille, s'embarquerent à Brindes le cinquiéme d'Avril, qui étoit le jour de Pâques. Boëmond étoit au fiege d'un château en Campanie, avec le comte RoOlerie. 1x. . ger fon oncle, quand il apprit la nouvelle de la croifade. Il s'informa foigneufement de la qualité des seigneurs croifez & de leurs troupes ; & quand il en fut bien inftruit, il fe fit apporter une piece de drap de foïe, qu'il fit couper en petits morceaux, & en diftribua des croix à tous fes gens, en gardant une pour lui. Car la marque de ces pelerins étoit une croix rouge coufuë fur l'épaule droite. Auffi-tôt tous les compagnons de Boëmond s'écrierent en François du tems: Deus lo volt, Deus lo volt, comme on avoit fait à Clermont.

Urb. ep. 16.

une lettre

pour

Le pape écrivit en même tems à l'empereur Alexis où il dit : qu'aprés la résolution prife au concile de Clermont de faire la guerre aux Sarrafins, le nombre des croifez s'eft trouvé monter à trois cens mille hommes. Il lui en nomme les chefs, entre lefquels il dit, que Boëmond mene fept mille hommes choifis. Il prie l'empereur de donner les ordres ne. ceffaires la fubfiftance de ces troupes, & de favorifer de tout fon pouvoir une guerre fi jufte & fi Anna Alex. lib. glorieufe. Mais l'empereur Alexis y étoit peu difpox. p. 283. 285. lé. Il fut terriblement allarmé de voir fes états inondez de ces troupes innombrables de Francs, que les Grecs traittoient de barbares, & qu'ils crurent avoir été fignifiez par des nuées de fauterelles qui les avoient precedez. Lempereur craignoit fur tout Boëmond, dont il avoit éprouvé la valeur & la conduite. Il

croïoit que la croisade n'étoit qu'un pretexte, & que AN. 1097. ce prince ambitieux en vouloit à fa couronne, & ne prétendoit pas moins que fe faire empereur de C. P. Ces foupçons porterent Alexis à traiter les feigneurs croifez avec honneur; mais leur nuire en effet de tout fon pouvoir; & ils ne lui en donnerent que trop de fujet. Les troupes qui campoient prés de C. P. abattoient Anonym. n. 3. & brûloient les belles maisons qu'ils trouvoient dans la campagne, & découvroient les églises pour vendre le plomb aux Grecs mêmes : ce qui preffa l'empereur de leur faire paffer l'Hellefpont, nommé deflors le bras faint George: mais ils ne fe conduisirent pas mieux en Afie, où ils pilloient & brûloient les maifons & les églifes.

que

Ce fut-là se raffemblerent les feigneurs Francs, qui étoient partis les uns aprés les autres, & ils mirent le fiege devant Nicée le quatorziéme de Mai 1097. jour de l'Ascension. Aiant fait la revûë de leurs troupes, ils trouverent cent mille cavaliers armez, & de gens de pied, en comptant les femmes fix cens mille. Nicée qu'ils affiegeoient, eft la même où fut tenu

l'an 325.

XLVI. Prife de Nicée.

Guill, 11.c. 21. 23.

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Sup. liv. LXI. m.

le premier concile general; & elle étoit alors Bibl. Orient p. 8:2 au pouvoir de Soliman-fcha, fondateur de la troifiéme dynastie des Turcs Seljoudiques, qui eft celle de Roum ou Natolie. Ce prince étoit fils de Cotloumiche petit fils de Seljouc & coufin germain de To groulbec, dont j'ai parlé en fon tems. Melic-fcha fon fecond fucceffeur, envoïa Soliman faire la guerre aux Grecs en Natolie; & il y fit tant de conquêtes qu'il s'y établit entierement dés l'an 480. de l'hegire, 1087. de Jelus-Christ, & y regna vingt ans. Sa capi. tale étoit Couniet ou Cogna, qui eft l'ancienne Iconie,

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AN. 1097. Nicée fut prise par composition le vingtiéme de Juin, Guill. 11. 1. & fe rendit à l'empereur Alexis, du confentement des feigneurs croisez: mais au grand déplaifir de leurs troupes, qui s'étoient attendues à la piller.

12.

Par les traitez que les princes croifez avoient faits. avec l'empereur Alexis, ils lui avoient fait hommage & avoient promis de lui remettre toutes les places de l'empire qu'ils prendroient sur les infideles, ou les tènir de lui comme fes vaffaux; & l'empereur de fon côté devoit joindre fes forces avec les leurs, & leur fournir des vivres pour les aider à la conquête de Jerufalem. Mais comme l'empereur ne tint rien de ce qu'il avoit promis, les croifez prétendirent être quittes de leur ferment. Ainfi continuant leur route aprés la prise de Nicée, ils prirent grand nombre de places dans la Natolie, où ils mirent des garnifons & des gouverneurs pour les garder en leur nom. Ils avoient déja pris TarGaill. 1. c. L. fe & le refte de la Cilicie, quand Baudouin frere du. duc Godefroi fe fepara de la grande armée, & prit à gauche vers le Nord, conduit par un noble Armenien nommé Pancrace. Il-vint en peu de tems jufques. à l'Eufrate: car tout le pais étant peuplé de Chrétiens, fe rendoit volontiers à lui. Sa reputation le fit même appeller à Edeffe, dont tous les habitans étoient Chrétiens, & avoient pour gouverneur un vieux Grec incapable de les défendre. Baudoüin fut donc rcconnu prince d'Edeffe, s'y établit & Y fonda un puissant

XLVII.

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état.

Cependant la grande armée avançant dans la Syrie, Siege d'Antioche. vint jusques à Antioche & en forma le fiege le vingtbid c. 9. 10. r. uniéme d'Octobre 1097. Antioche étoit encore alors une trés-grande ville & trés-forte, dont la plû-part des

Sup. liv. LVI. n.
Bibl. Orient. pp.

habitans étoient Chrétiens. Le patriarche avoit fous fa AN. 1097. jurifdiction vingt provinces, dont quatorze avoient chacune leur metropolitain, & les fix autres étoient governées par deux prelats nommez Catholiques, c'està-dire generaux: dont l'un refidoit à Ani en Armenie vers la fource de l'Eufrate, l'autre à Irenopolis qui est Bagdad: ce dernier catholique étoit Neftorien, & l'autre Eutyquien, tous deux heretiques. Les Grecs avoient repris Antioche, comme j'ai dit, en 9.68. fous Nicephore Phocas, & l'avoient gardée cent feize ans jufques en l'année de l'Hegire 477. de Jesus- 28. Chrift 1084 que Soliman fils de Cotloumich, l'af- 118. fiegea & la prit par ordre de Melic fchá : qui la donna enfuite à un autre Turc fon parent nommé Acfian, pour défendre cette frontiere contre le Calife Fatimite d'Egypte, dont l'empire s'étendoit en Syrie jufques à Laodicée. Melic fcha mourut en 485. de JefusChrift 1092. âgé feulement de trente-sept ans, dont il avoit regné vingt. Son fils aîné Barquiarouc lui fucceda, mais les premieres années de fon regne furent troublées de guerres civiles, qui faciliterent les conquêtes des croisez. Car comme les principales affaires de ces princes étoient à Bagdad & en Perfe, ils avoient moins d'attention à leurs frontieres de Syrie & de Natolie.

Ratbod II. évêque de Noïon étant mort, Baudri fut elû pour lui fucceder, par un confentement una nime du clergé & du peuple. Il étoit fils du feigneur de Sarchinville en Artois, & avoit été élevé dans l'églife de Noïon, dont il étoit chanoine & archidiacre. Manaffés archevêque de l'élection de Baudri, & marqua

le

Reims, approuva
jour de fon facre

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de

XCVIII. Baudri évêque

Noïon. Epift. 10. 5. Mif cell. baluz. p. 309..

.

Gall. Chr. te 35

816.

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