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AN. 1097.

Sup. liv. xxxII.

23.43.

Mifcell. p. 312.

XLIX.

S. Anfelme-fort d'Angleterre.

Eadmer. 2. Novor. P. 45. E.

au dimanche de l'octave de la Pentecôte de cette an née 1097. Il y invita les évêques de la province, & en particulier Lambert d'Arras : qui s'excufa de s'y trouver, principalement à caufe du peu de fureté des chemins. L'église de Tournai espera alors se separer de celle de Noïon, à laquelle elle étoit jointe depuis le tems de faint Medard il y avoit plus de cinq cens ans; & l'exemple de la feparation d'Arras & de Cambrai étoit favorable, car c'étoient les mêmes raisons. Sur cette contestation l'archevêque Manaffés envoïa Baudri à Rome, & les églifes de Noïon & de Tournai y foutinrent leurs prétentions. Mais le pape peut-être rebuté des difficultez qu'il avoit trouvées dans l'affaire d'Arras, ne voulut rien changer dans l'état des églifes de Noïon & de Tournai; & renvoia Baudri à l'archevêque de Reims, pour ordonner de lui & de fon églife felon fa conscience. L'archevêque fixa le jour du facre au dimanche d'aprés l'Epiphanie de l'année fuivante 1098. Ainfi Baudri fut ordonné évêque de Noïon, dont il tint le fiege quatorze ans. Il étoit homme de lettres, & eft fameux par fa chronique de Cambrai, qu'il a conduite depuis le commencement de cette église, jusques à l'an

1030.

Robert duc de Normandie allant à la croisade, ceda trois ans au roi d'Angleterre fon frere, la pour joüiffance de la Normandie, moïennant une fomme d'argent que le roi lui avança. Pour lever cette fomme, le roi pilla toutes les églifes d'Angleterre ; ; & leur ôta leur argenterie, jufques aux chaffes des reliques & aux couvertures des évangiles. Saint Anfelme donna pour cette fubvention la valeur de deux

cens marcs d'argent du trefor de fon églife; & pour AN. 1097. les remplacer, il lui ceda pendant fept ans la joüiffance d'une terre de fa menfe. Quelque tems aprés le roi d'Angleterre aïant foûmis par les armes les Galois qui s'étoient foulevez, manda à l'archevêque qu'il n'étoit point content des troupes qu'il lui avoit envoïées pour cette guerre ; & lui ordonna de fe tenir prêt à lui en faire juftice au jugement de fa cour. Anfelme vit bien que ce n'étoit qu'un prétexte pour lui fermer la bouche, quand il voudroit parler en faveur de la religion; & fachant d'ailleurs que les jugemens de la cour fe regloient absolument par la volonté du roi, il ne crût pas à propos de s'y expofer, & ne répondit rien à celui qui lui porta l'ordre de ce prince: mais il réfolut d'aller à Rome confulter le pape, fur les moïens de remedier aux maux de fon églife.

Il vint donc à la cour le jour de la Pentecôte en 1097. & voïant que le roi étoit toûjours auffi mal disposé à fon égard, il lui fit demander par quelques Seigneurs la permiffion de faire le voïage de Rome, où il ne pouvoit fe difpenfer d'aller. Le roi furpris de cette propofition répondit: Je ne croi pas qu'il foit coupable d'un affez grand peché pour avoir befoin de l'abfolution du pape; & il eft plus capable de donner confeil au pape, que de le recevoir de lui. Anfelme prit patience, & aprés avoir été refufé une feconde fois, it demanda encore fon congé au mois d'Octobre à Vincheftre. Le roi dit en colere : S'il part, je veux qu'il fache, que je reduirai tout l'archevêché fous ma puiffance, & que je ne le recevrai plus pour archevêque. Anfelme demanda confeil à quatre évêques qui fe trouverent

AN. 1097.

prefens, mais ils lui avouerent ingenuëment, qu'ils étoient attachez à leurs biens, & que fes maximes étoient trop fublimes pour eux : enfin qu'ils ne pouvoient fe feparer du roi & ne tenir comme Anfelme qu'à Dieu feul.

On lui vint dire enfuite de la part du roi : Quand vous vous reconciliates avec le roi à Rochingam, vous lui promîtes de garder les loix & les ufages de fon roïaume. Or il est abfolument contraire à ces loix qu'un feigneur, fur tout tel que vous faffe le voïage de Rome fans fon congé. Anfelme alla trouver le roi, & s'étant affis à fa droite, fuivant l'ufage, il dit : J'avouë que j'ai promis de garder les coûtumes de vôtre roïaume: mais je n'ai entendu que celles qui font selon Dieu & la droite raifon. Le roi & les feigneurs lui objecterent, qu'il n'avoit point fait alors cette reftriction. A quoi il repliqua : A Dieu ne plaise qu'aucun Chrétien garde des loix ou des coûtumes qui font contraires aux loix divines. Vous dites qu'il eft contre vôtre coûtume, que j'aille confulter le vicaire de faint

Pierre pour le falut de mon ame & pour le gouvernement de mon église ; & moi je vous déclare, que cette coûtume eft contraire à Dieu & à la droite raison, & que tout ferviteur de Dieu la doit méprifer. Enfin le roi lui permit d'aller à Rome, & Anfelme avant que de le quitter, voulut encore lui donner fa benediction que le roi reçut en baissant humblement la tête & admirant le courage du prélat. C'est ainsi qu'Anfelme fe fepara de lui le jeudi quinziéme d'Octobre

1097.

Il paffa à Cantorberi, où il consola les moines de la cathedrale, & les exhorta à fouffrir conftamment

la

la perfecution qui les menaçoit pendant fon abfence. A N. 1998, Puis en prefence de tout le clergé & le peuple ; il prit le bourdon & la gibeciere de pelerin, & les recommanda à Dieu fondant tous en larmes. A Douvres il trouva un clerc nommé Guillaume envoïé par le roi, qui ne lui dit rien pendant quinze jours qu'il attendit le vent: mais quand il fut prêt à s'embarquer, il l'arrêta fur le rivage de la part du roi pour vifiter fon bagage. Il fallut ouvrir toutes les malles, & laiffer foüiller par tout, au grand scandale du peuple amaffé à ce fpectacle, qui deteftoit hautement cette indignité.

,

Aiant traverfé la France Anfelme vint en Bourgogne, où le duc lui rendit beaucoup d'honneur: puis il arriva à Clugni le troifiéme jour avant Noël, Ꮍ fut reçu avec un tres grand respect & y fit quelque féjour. De-là il envoïa avertir de fa venue Hugues archevêque de Lion qu'il connoiffoit depuis long-tems & qui de fon côté defiroit ardemment de le voir. Anselme l'estimoit à tel point, qu'il avoit refolu de fe raporter à lui & à faint Hugues abbé de Clugni, touchant le parti qu'il devoit prendre en fon affaire. L'archevêque chargea l'évêque de Mâcon d'aller audevant d'Anfelme & l'amener à Lion, ou il fut reçu avec tout les honneurs, poflibles.

L.
S. Anfelme å

Lion..

Là il apprit qu'il n'y avoit pas de fûreté à passer outre, à cause des fchifmatiques du parti de Guibert, qui pilloient tous ceux qui alloient à Rome, principalement les ecclesiastiques & les religieux. Guibert lui-même étoit alors prés de Ravenne fon ancien fiege, où il tenoit une fortereffe, qui le rendoit maître du paffage du Po: mais il la perdit peu de tems Bertold. 109. Mmm m

Tome XIII.

AN. 1098. aprés. Anfelme donc aïant apris la difficulté de continuer fon voiage, joint la mauvaise santé, refolut décrire au pape, & d'attendre à Lion fa reponse. La lettre portoit en substance : J'avois refolu, tresfaint pere, de recourir à vous dans l'affliction de mon cœur, mais ne pouvant y aller moi-même par les raifons que vous apprendrez de ce porteur, je fuis reduit à vous consulter par écrit. On connoît assez avec qu'elle violence j'ai été engagé à l'épiscopat. Il y a déja quatre ans que j'y fuis fans aucun fruit, au contraire accablé de tant d'afflictions, que je fouhaite plûtôt de mourir hors de l'Angleterre, que d'y vivre, craignant de n'y pouvoir faire mon falut. Car quand j'y étois, je voïois plufieurs maux que je ne devois pas fouffrir & ne pouvois corriger; le roi vexoit les églifes aprés la mort des prelats; & me faifoit tort à moi-même & à l'églife de Cantorberi, don nant à ses vassaux des terres de l'archevêché, & le chargeant de fubventions nouvelles & exceflives. Je voïois la loi de Dieu & les conftitutions canoniques méprilées; & quand je voulois parler de tous ces defordres, au lieu de juftice on ne m'oppofoit que des coûtumes arbitraires. Voïant donc que fi je foufrois toûjours je chargeois ma confcience, en confirmant ces mauvaises coûtumes au prejudice de mes fucceffeurs; & que je ne pouvois demander juftice, parce que perfonne n'ofoit me donner aide ni confeil: : je demandai permiffion au roi d'aller trouver vôtre fainteté : ce qui l'irrita tellement, qu'il prétendit que je lui en devois faire fatisfaction, comme d'une grande injure; & que je devois lui donner affûrance de ne jamais avoir recours au faint fiege. Puis donc

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