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AN. 1509.

XXXII.

Berenger.

4. 1. 2.

Berenger étoit venu à Rome fous ce pontificat, se fiant à la protection de ceux qu'il avoit gagnez Retractation de par fes bienfaits. Toutefois il n'ofa défendre fes Lanfr. de corp. fentimens, & pria le pape Nicolas, & ce concile de cent treize évêques de lui donner par écrit la foi qu'il falloit tenir. La commiflion en fut donnée au cardinal Humbert, qui dreffa la confeflion de foi en ces termes: Moi Berenger indigne diacre de l'église de faint Maurice d'Angers, connoiffant la vraye foi apostolique, j'anathématise toutes les heresies, principalement celle dont j'ay été accufé jufques ici: qui prétend foûtenir, que le pain & le vin qui font mist fur l'autel, ne font aprés la confecration que le facrement, & non pas le vrai corps & le vrai sang de N. S. J. C. & que ce n'eft qu'en facrement qu'il peut être fenfiblement touché ou rompu par les mains des prêtres, ou froiffé par les dents des fideles. Je fuis d'accord avec la fainte église Romaine & le fiege apoftolique; & je proteste de cœur & de bouche, que je tiens la même foi touchant le facrement de la table du Seigneur, que le pape Nicolas, & ce faint concile m'a prefcrite, fuivant l'autorité des évangiles & de l'apôtre. C'est à fçavoir que le pain & le vin qui font mis fur l'autel, font aprés la confecration, non feulement le facrement, mais encore le vrai corps & le vrai fang de nôtre Seigneur Jefus Chrift, & font touchez & rompus par les mains des prêtres, & froiffez par les dents des fideles fenfiblement: non feulement en facrement, mais en verité. Je le jure par la fainte Trinité & par ces faints évangiles; & je déclare dignes d'un anathême éternel ceux qui contreviendront à cette foi, avec leurs dogmes & leurs fectateurs

Que fi jamais j'ose moi-même penfer ou prêcher rien AN. 10. au contraire, je ferai foumis à la severité des canons. L'aïant lû, & relû je l'ai foufcrit volontairement

Le cardinal Humbert aïant dreffé cette formule, elle fut approuvée de tout le concile, & Humbert la donna à Berenger : qui l'aïant lûë, déclara que c'étoit fa créance, le confirma par ferment, & enfin y foufcrivit de fa main. Même il alluma un feu au milieu du concile, & y jetta les livres qui contenoient cette erreur. Le pape Nicolas fe rejoüiffant de fa conversion, envoïa fa profeffion de foi à toutes les villes d'Italie, de Gaule & de Germanie; & en tous les lieux où on pouvoit avoir oui parler de fon erreur, pour reparer le fcandale qu'elle avoit caufé en tant d'églifes: mais fi-tôt que Berenger fut hors du concile, il écrivit contre cette profeffion de foi, chargeant d'injures le cardinal Humbert qui l'a

voit dreffée.

XXXIII. Gui archev. de

n. 35.

Heribert ou Aribert archevêque de Milan étant mort le feiziéme de Janvier 1046. aprés vingt-fix ans Milan. d'épiscopat; Gui Vavafeur de Velate lui fucceda la sup.liv. LIX. même année. Le peuple avoit propofé quatre prêtalfas. to. 4° tres de la métropolitaine pour en élire un, & Gui P-141-145+ étoit propofé par une partie de la noblesse: mais il termina le differend, en donnant de l'argent à l'empereur Henri, qui le mit en poffeffion de l'archevêché. Il parut clairement combien il étoit odieux, dés la premiere messe pontificale qu'il celebra dans la grande églife: car tout le clergé & le peuple le laiffa feul à l'autel. Toutefois il demeura dans le fiege de Milan, & le tint pendant vingt-deux ans. Au commencement de l'année suivante 1047. il affista au

AN. 1059.
Sup. liv. LIX.

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XXXIV.
P. Damien le-

ap. Baron. an.

1059.

pape

concile de Rome tenu par le Clement II. & y difputa le premier rang à Humfroi archevêque de Ravenne, qui l'emporta fur lui. Il fut cité comme fimoniaque devant le pape Leon IX. il y comparut, & s'y défendit si bien, que le pape le déclara archevêque legitime, & étant revenu triomphant à son siege, il affifta au concile de Verceil en 1050.

Mais Nicolas II. étant monté fur le faint fiege, gat à Milan. l'églife de Milan lui envoïa une députation, pour le Gefta. pontific. fupplier d'avoir compaffion de fes maux : c'étoit principalement la fimonie & l'incontinence des clercs. Le pape y envoïa Pierre Damien cardinal évêque d'Ostie & Anfelme évêque de Luques en qualité de legats: qui trouverent une grande divifion entre le clerPetr.Dam, op.s. gé & le peuple de Milan, au fujet de ces deux vices. On les reçût toutefois avec le refpect dû à des legats du faint fiege, & ils déclarerent le fujet, qui les avoit amenez mais un jour aprés, il s'éleva tout d'un coup par la faction des clercs un murmure parmi le peuple, qui difoit, que l'églife de Milan ne devoit point être foûmife aux loix de Rome; & que le pape n'avoit aucun droit de juger ou de regler cette églife. Il nous feroit honteux, difoient-ils, de la laiffer affujettir à un autre, puisqu'elle a toûjours été libre fous nos ancêtres. Avec ces cris, ils accouroient de tous côtez au palais épiscopal : on fonna les cloches & une grande trompe qui fe faifoit entendre par toute la ville.

:

On menaçoit les legats; & Pierre Damien fut averti que l'on en vouloit à fa vie. Ce qui le rendoit plus odieux, c'eft que tout le clergé du diocese de Milan étant affemblé comme en fynode, il y avoit

préfidé

prefidé, aïant à fa droite l'autre legat Anfelme de AN. 1059 Luques, & à fa gauche l'archevêque de Milan. Pour appaiser ce tumulte il monta au jubé, & aïant avec peine obtenu filence, il parla ainsi : Sachez, mes freres, que je ne fuis pas venu ici pour chercher la gloire de l'églife Romaine, mais la vôtre & vôtre falut. Comment auroit-elle befoin des loüanges d'un homme méprisable, aprés l'éloge qu'elle a reçû de la bouche du Sauveur? & quelle province fur la terre eft exempte de fon pouvoir, qui s'étend jufques à lier & délier le ciel même. Ce font les rois, les empereurs, & enfin de purs hommes, qui ont établi les bornes des patriarcats, des métropoles, des dioceses de chaque évêque, & leur ont accordé des privileges : mais c'est Jefus - Chrift même qui a fondé l'église Romaine, en donnant à faint Pierre les clefs de la vie éternelle au ciel & fur la terre. Ainfi ce n'eft qu'une injustice de priver de fes droits quelque autre églife que ce foit: mais de difputer à l'églife Romaine fa prérogative, c'est une herefie.

Enfuite pour établir la fuperiorité de l'églife Romaine fur celle de Milan en particulier, Pierre Damien dit, que faint Lin, par ordre de faint Pierre, avoit baptifé faint Nazaire, qui avec faint Celfe fut martyrifé à Milan; & que faint Gervais & faint Protais etoient difciples de faint Paul: par confequent que l'églife de Milan eft fille de l'églife Romaine. Ce qui eft de remarquable, c'est qu'il ne dit rien de faint Barnabé, que l'on prétend avoir été le premier évêde Milan. Le peuple appaifé par ce discours, proque mit d'executer tout ce que Pierre propoferoit. Dans le clergé trés- nombreux de Milan, à peine s'en trouTome XIII.

K

v. Tillem, to 11.

p. 687.

AN. 1059.

XXXV.
Serments de

du clergé

voit-il un feul qui eût été ordonné gratis. Car c'étoit une regle inviolable dans cette église, que pour tous les ordres, même pour l'épifcopat, il falloit avant que de les recevoir, payer la fomme prescrite. Pierre Damien fe trouva fort embaraffé. D'interdire toutes les églises d'une ville fi confiderable & d'une province fi étendue, il fembloit que c'étoit y détruire la religion. Il étoit odieux & même injufte de pardonner à quelques – uns préferablement aux autres, puisque prefque tous étoient coupables; & la moindre divifion dans ce peuple auroit caufé une grande effufion de fang.

En cet embarras Pierre Damien se fouvint de cette regle rapportée par le pape Innocent, que les pechez de la multitude demeurent impunis. C'est-à-dire, que l'on ne doit pas exercer contre une multitude entiere la feverité des canons. Il confidera l'indulgence dont les peres avoient ufé envers les Donatistes, les Novatiens & les heretiques femblables; & ne pouvant remedier aux maux de l'églife de Milan suivant la pureté des canons, il refolut de chercher au moins à mettre fin aux abus, & établir pour l'avenir, que les ordinations fuffent gratuites.

Il obligea donc l'archevêque & le clergé de Milan, l'archevêque & à le promettre par écrit & avec ferment. La promeffe de l'archevêque Gui adreffée à fon clergé & à fon peuple portoit en fubftance: Vous n'ignorez pas la deteftable coûtume qui s'étoit anciennement établie en cette églife, que pour recevoir le foûdiaconat on donnoit douze deniers, pour le diaconat dix-huit, pour la prêtrife vingt-quatre, comme une taxe reglée. Maintenant en presence de Dieu & des saints,

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