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AN. 1061.

Lib. 1. ep. 20.

ques

dans cette élection comme nulle, ils firent élire Cadalus ou Cadaloüs évêque de Parme fous le nom d'Honorius II. Cette élection fe fit le jour de S. Simon. & S. Jude, vingt-huitiéme d'Octobre, par les deux évêr de Verceil, & de Plaisance concubinaires publics. Cadalous étoit lui-même concubinaire & fimoniaque, comme lui reproche Pierre Damien dans une lettre qu'il lui écrivit quelque tems aprés. Il dit d'abord que l'églife Romaine lui a souvent pardonné, quoi qu'il ait été condamné en trois conciles de Pavie, de Mantoüe & de Florence.Comment donc, continuë-t-il, avez vous fouffert d'être élû évêque de Rome, à l'infçu de l'églife Romaine, pour ne rien dire du fenat, du clergé inferieur & du peuple? Et que vous femble des évêques cardinaux, qui font les principaux électeurs du pape, & ont d'autres prérogatives qui les mettent au deffus, non feulement des évêques, mais des patriarches & des primats? Il marque enfuite la mitre & la chape rouge comme les marques de la dignité du pape. Il dit, qu'il doit être élû principalement par les évêques cardinaux, en second lieu le clergé doit donner son confentement, enfuite le peuple: puis on doit tenir l'affaire en fufpens, jufques à ce que l'on confulte le roi, fi ce n'eft, comme il vient d'arriver, qu'il y quelque danger qui oblige à preffer la chose.

ait

Venant enfuite aux crimes de Cadaloüs, il dit: Jufques ici on ne parloit que dans une petite ville du trafic criminel que vous faifiez des prébendes & des églifes, & d'autres actions bien plus infames, que j'ay honte de dire: maintenant tout le monde en parle dans toute l'étenduë du roïaume

Si je vous les reprochois, comme vous ne pourriez AN. 1062. nier ce que vous avez commis à la face du ciel & de la terre, vous ne manqueriez pas de promettre de vous en corriger, comme font tous ceux qui defirent des dignitez & fentent des remords pour leur vie paffée. Mais l'élevation les expofe à de plus grands perils de pecher. Pierre Damien conclut cette déclamation par une menace en vers latins, dont le dérnier peut être ainfi rendu : Je ne te trompe point, tu mourras dans l'année. Mais l'évenement ne con

firma pas cette prophetie.

les

Cependant Cadalous aïant amassé beaucoup d'ar-Ge pontif. gent & de troupes, vint se presenter devant Rome à l'improvifte le quatorziéme d'Avril Fan 1062. Il y avoit gagné beaucoup de gens par fes largeffes, entre autres les capitaines de la ville. Il campa dans prez de Neron prés le vatican, & cut de l'avantage au premier combat, où quantité de Romains furent tuez: mais Godefroi duc de Tofcane étant arrivé peu de tems aprés, Cadaloüs se trouva tellement preffé, qu'il ne put fauver même la perfonne qu'à force de prieres & de prefens. Il retourna donc à Parme, fans toutefois abandonner fon entreprise. Alors Pierre Damien lui écrivit une feconde lettre, Lib.r.ep. 21, où il lui reproche qu'il ruine fon églife peur en ufurper une étrangere: qu'il met fa confiance en fes trefors, & qu'il fait perir par le fer les Romains dont il pretend être le pere.

En Allemagne, le roi Henri celebra la fête de Pâque à Utrect avec l'imperatrice fa mere, mais il fut feparé d'elle quelque tems aprés. Les feigneurs étoient jaloux de l'autorité quelle donnoit à Henri

XLVIIL chevêque de

S Annon ar→

Cologne,

Cont, Herm

AN. 1062.

Lambert, an.

1062.

ap. Sur. 4. Dec.

Lanb an 1075. p.229. &c.

évêque d'Ausbourg son principal miniftre, & parloient mal de la familiarité qu'elle avoit avec ce prelat. Ainfi Annon archevêque de Cologne: de concert avec quelques autres, enleva le jeune roi âgé alors de. dix ans avec la fainte lance & les ornemens imperiaux & l'emmena à Cologne.

Annon qui en étoit archevêque depuis fix ans Vita S.Ann. naquit dans la haute Allemagne, d'une famille mediocre, mais honnête. Son oncle chanoine de Banberg l'y emmena, & l'y fit étudier avec tant de succés qu'il gouverna l'école de cette église. Sa reputation s'étant étendue jufqu'à l'empereur Henri le noir, il le fit venir auprés de lui, lui donna le premier rang dans fes bonnes graces entre tout le clergé de fa cour, & le fit prevôt de Goflar, qui étoit une place de faveur. Annon s'attira l'amitié du prince & de tous les gens de bien, par fon pur merite, fa doctrine, fon amour pour la juftice & fa liberté à la foûtenir. Il avoit auffi les avantages du dehors, la belle taille, la bonne mine, la facilité à parler: il favoit fe paffer au besoin de nourriture & de fommeil, & avoit toutes les difpofitions naturelles à la vertu.

Herman II. archevêque de Cologne étant mort, l'empereur choisit Annon pour lui fucceder, & lui donna la verge & l'anneau pastoral : mais il ne fut pas reçû à Cologne fans contradiction, & quelques uns ne le trouvoient pas d'une naiffance affez relevée, pour remplir un fiege qu'avoit occupé Brunon frere de l'empereur Otton. Toutefois la volonté de l'empereur l'emporta, & Annon fut facré folemnelHerm. Lamb, lement le dimanche troifiéme jour de Mars 1056. Sa conduite juftifia le choix de l'empereur; & bien-tôt

il fe diftingua entre tous les feigneurs du roïaume, AN. 1062. par fa vertu autant que par fa dignité. Il s'acquittoit également bien de fes devoirs dans l'églife & dans l'état ; & porta pour le moins auffi loin que fes prédeceffeurs la dignité exterieure du siege de Cologne. Cependant il n'en avoit pas moins d'application, aux exercices fpirituels. Il jeûnoit frequemment: il paffoit en priere la plupart des nuits, & vifitoit les églifes nuds pieds, fuivi d'un feul domestique. Il faifoit quantité d'aumônes & de grandes liberalitez aux clercs, aux moines & aux pelerins. Il ne laissa aucune communauté dans fon diocese, qu'il n'eût gratifiée de terres & de penfions ou de bâtimens: & il paffa pour conftant, que depuis la fondation de l'églife de Cologne jamais évêque n'en avoit tant augmenté les biens & la dignité.

Il rendoit la juftice à fes fujets avec une droiture parfaite. Il prêchoit avec tant de force, qu'il tiroit des larmes de ceux dont les cœurs étoient les plus durs; & à tous fes fermons l'église retentiffoit des gemiffemens du peuple. Il fonda à Cologne deux monafteres de chanoines, & en divers lieux trois de moines, dont le plus fameux fut celui de Sigeberg. Mais voyant que la difcipline étoit extrémement relâchée par toute l'Allemagne, il craignoit que les grandes dépenfes qu'il faifoit pour ces fondations ne fuffent mal emploïées. Allant à Rome pour des affaires d'état, il paffa au monaftere de Frutare en Lombardie, où il admira la regularité des moines, & en amena quelques-uns qu'il mit à Sigeberg. A fon exemple les autres évêques d'Allemagne reformerent la plûpart des monasteres, par des moines

Sup. 1. LIX. .

21,

AN. 1062. qu'ils tirerent de Gorce, de Clugni, de Sigeberg & d'autres lieux. Pour lui il refpectoit tellement fes moines de Sigeberg, qu'il leur obéiffoit comme à fes maîtres les fervoit de fes propres mains, & quand il étoit avec eux gardoit exactement le filence & leurs autres obfetvances. Tel étoit Annon atchevêque de Cologne. Aïant pris le gouvernement du jeune toi Henri du confentement des feigheurs, il ôta auffi-tôt à Guibert de Parme la charGefta pontif. ge de chancelier d'Italie, qu'il donna à Gregoire évêque de Verceil; & fit tenir un concile à Ofbor en Saxe, où Cadaloüis fut dépofé. Pierre Damien aïant avis que l'on alloit tenir ce concile, compofa pour la défense du pape Alexandre II. un écrit en To. 9. conc. p. forme de dialogue entre l'avocat du roi Henri & le défenfeur de l'église Romaine, comme s'il parloit dans le concile, où il eft probable que cet écrit fut envoïé. En voici la fubftance.

Opufc.IV.

1156.

XLIX Difpute fyno

mien.

L'avocat : Vous avez intronifé le pape fans le condale de P. Da- fentement du roi, au mépris de la majefté roïale. Or felon les canons l'évêque doit être élû par ceux qui lui doivent obéit, & le roi comme chef du peuple Romain doit obéïr au pape : Ion confentement eft donc neceffaire pour l'élection du pape. Le défenfeur: Saint Etienne, faint Corneille, faint Clement, faint Pierre même n'étoient donc pas papes, puifqu'ils n'ont pas été élûs par les empereurs de leur tems. L'avocat : Ces empereurs étoient païens; mais les empereurs chrétiens ont toûjours élû les papes. Le défenfeur: Parcourez avez moi le catalogue

des

papes, vous en trouverez trés- peu qui aïent été élus du confentement des princes. Il nomme la plu

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