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AN. 1079. quité accorda à Geboüin ce qu'il demandoit ; & ordonna aux archevêques de Rouen, de Tours & de Sens de le reconnoître pour primat. Toutefois le lecteur attentif peut fe fouvenir, que jufques ici nous n'avons vû aucune preuve de cette primatie, ny d'autres primats dans les Gaules, que ceux à qui les papes ont quelquefois delegué leurs pouvoirs, comme les archevêques d'Arles & de Vienne.

Sup. 1. xxv1.8.45.

WI. epift. Sm

Mais on voit dans la lettre de Gregoire VII. aux trois archevêques, le fondement de fa prévention en faveur de l'église de Lion, car il parle ainfi : Les provinces ont été divifées pour la plûpart long-tems avant l'avenement de Jefus-Chrift; & depuis, cette division a été renouvellée par les apôtres & par faint Clement nôtre predeceffeur. En forte que dans les capitales des provinces où étoient les primats de la loi du fiecle, & où avoient recours ceux qui ne pouvoient aller à la cour des princes : en ces villes les loix divines & ecclefiaftiques, ont ordonné d'établir des patriarches ou des primats, qui ont le même pouvoir fous divers noms. Les autres villes métropolitaines qui avoient de moindres juges, quoique plus grands que les comtes ont des évêques métropolitains foûmis aux primats, & fuperieurs aux fimples évêques. Or tout cet endroit de la lettre de Gregoire VII. eft tiré mot pour mot d'une fauffe decretale attribuée à faint Anaclet, & eft conforme à une autre fauffe lettre de faint Clement; mais avant ces pieces tirées de la collection d'Ifidore, fous le nom de primats, on v. Marca. differt. n'entendoit que les métropolitains ou ceux qui en tex.conc.p.520 &c. noient le rang en quelques provinces. Sur ce fondement dont Gregoire VII. ordonne aux trois arche

nael. ep. 2. n. 4.

30. 1. conc. p. 254

Clem. ep. 1. ibid. p.i.

n. 2. 3. 50. c to.

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vêques, de Rouen, de Tours & de Sens, de rendre à AN. 1079. Teglife de Lion l'honneur & la reverence que les papes fes predeceffeurs ont prefcrite à leurs églifes: ce qui montre qu'il fuppofoit dans le fait, que ce privilege avoit déja été accordé par d'autres papes à l'églife de Lion. Ces deux lettres touchant cette primatie font du vingtiéme d'Avril 1079.

LXII.

S. Staniflas

martyr.

Bel 7. Mai to. 13)

En Pologne le roi Cafimir le moine étant mort dès l'an 1058. Boleflas II. furnommé le cruel, lui avoit fuccedé & regnoit depuis vingt ans. Staniflas évêque 18. de Cracovie s'attira l'indignation de ce prince, en le reprenant hardiment de fes vices, particulierement de fa cruauté & de fon impudicité. Après l'avoir averti plufieurs fois en public & en particulier, enfin il l'excommunia; & le roi devenu plus furieux, le tua de fa main, comme il venoit d'achever la meffe dans une chapelle de faint Michel près de Cracovie le huitiéme jour de Mai 1079. Il fit enfuite mettre le corps en pieces, mais elles furent raffemblées, & il fe fit plufieurs miracles au tombeau du faint martyr. Les auteurs Polonois qui ont écrit fa vie fort au long quatre cens ans après, difent que le pape Gregoire VII. aïant appris ce meurtre, excommunia le roi Boleflas & tous fes complices: qu'il mit en interdit toute la province de Gnefne, qu'il priva Boleflas de la dignité roïale, & difpenfa fes fujets du ferment de fidelité. Mais je n'en trouve rien dans les lettres de Gregoire VII. & je ne fache aucun auteur contemporain qui parle de cette hiftoire. Saint Stanislas fut canonifé par le pape Innocent IV. en 1252. & l'église Romaine l'honore le septiéme jour Marty. R.7 Ma.

de Mai.

Ap. Boll. 260.

LXIII.

Le pape Gregoire VII. avoit une haute estime de Legation en AG

gleterre.

AN. 1079.

1. f. 79.

v. ep. 17.

tre

,

Guillaume roi d'Angleterre, comme il lui témoigna dès la premiere année de fon pontificat, par une letoù après avoir marqué les devoirs d'un prince chrétien, il ajoûte: Nous appuïons fur cesveritez, parce que nous croïons que de tous les rois vous êtes celui qui les aimez le plus ; & dans une autre lettre il loüe particulierement fon amour pour la juftice. Il lui avoit envoïé pour legat Hubert foudiacre de l'églife Romaine avec un moine nommé Teuzon, touchant l'affaire de Dol en Bretagne ; & il l'avoit chargé de demander au roi, qu'il prêta ferment de fidelité au pape & à fes fucceffeurs, & qu'il fut plus foigneux d'envoier à Rome l'argent que les rois fes predeceffeurs avoient accoûtumé d'y envoïer. Le roi répondit au pape, qu'il avoit accordé l'un & refufé l'autre. wp. Lanf. ep. 7. Quant au ferment de fidelité, dit-il, je ne l'ai voulu ni le veux faire, parce que je ne l'ai point promis, & je ne trouve point que mes prédeceffeurs l'aïent fait aux vôtres. Quant à l'argent, la collecte s'en eft faite negligemment pendant environ trois ans, que j'ai été en France : maintenant que je fuis de retour dans mon roïaume, je vous envoïe par vôtre legat ce qui a été recueilli, & vous envoïerai le refte par les deputez de l'archevêque Lanfranc.

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Le pape fut irrité de carefus, comme il paroît par fa lettre au legat Hubert en datte du vingt-troifiéme de Septembre 1079. où il marque qu'il eftime peu l'arlans l'honneur. Il fe plaint enfuite de ce que le roi d'Angleterre empêchoit fes évêques d'aller à Rome. C'est ajoûte-t-il, ce que n'a jamais ofé faire aucun roi, même payen; & s'il ne fe modere, il doit favoir qu'il attirera l'indignation de faint Pierre. Et

enfuite : Ordonnez aux Anglois & aux Normans, AN. 1079. d'envoier de chaque archevêché au moins deux évêques au concile que nous celebrerons, Dieu aidant, le carême prochain.

Six mois auparavant, le pape avoit écrit à Lanfranc une lettre pleine de reproches, de ce que la crainte du roi l'avoit empêché de le venir voir, depuis qu'il étoit monté sur le faint fiege. Il l'exhorte à conseiller à ce prince, d'en mieux ufer avec l'église Romaine, & le preffe de venir lui-même. Par une autre lettre plus dure, il lui ordonne abfolument de venir dans Ix. p. 10. quatre mois, fous peine de fufpenfe. Lanfranc répons dit avec modestie & fermeté, que l'éloignement des lieux ne diminuëroit jamais l'affection qu'il portoit au pape, ni l'obéiffance qu'il lui devoit felon les canons. Puis il ajoûte : je me fuis joint à vôtre legat, pour perfuader au roi ce que vous defirez, mais je n'y ai pas réussi, comme vous verrez par sa lettre.

a

Lanfr. ep. 8.

Soin des eglifes

On voit le foin que Gregoire VII. prenoit des égli- LXIV. fes du nord par deux lettres; l'une de lannée prece- éloignées. dente, l'autre de la fuivante. La premiere eft adreffée VI. p. 13 à Olaf roi de Norvege, à qui il dit; Nous fommes d'autant plus obligez à prendre foin de vous, qu'é tant à l'extrémité de la terre, vous avez moins de commodité d'être inftruits & fortifiez dans la religion chrétienne. C'est pourquoi nous defirons, fi nous le pouvions, vous envoier quelques-uns de nos freres : mais comme il nous eft très difficile, tant à caufe de l'éloignement que la difference des langues: nous vous prions, comme nous avons mandé au roi de Dannemarc d'envoïer à la cour apoftolique de jeunes gens de la nobleffe de vôtre pais: afin qu'étant inftruits

AN 1079. de la loi de Dieu, fous les aîles des faints apôtres, ils puiffent vous reporter les ordres du faint fiege; & cultiver utilement chez vous la religion. La lettre eft du quinziéme de Decembre 1078. L'autre lettre dattée du quatrième d'Octobre 1080. eft adreffée au roi de SueW!IL. epift. 11. de, que le pape exhorte à envoïer à Rome quelque évêque, ou quelque autre perfonne capable d'entre fon clergé, afin, dit-il, qu'il puiffe nous informer des qualitez de vôtre païs & des mœurs de la nation, & s'inftruire pleinement de tout pour vous porter nos ordres.

VII. ep. ult.

VIII. ep. I.

D'un autre côté Gregoire étendoit fes foins fur l'églife d'Armenie. Un prêtre nommé Jean se plaignit à lui de la part de l'archevêque Armenien de Synnade en Phrygie, qu'un nommé Machar chassé du païs pour herefie, étant venu à Rome & aïant été convaincu de la même erreur, avoit foûtenu que c'étoit la doctrine des Armeniens. Le prêtre Jean donna au pape une profeffion de foi orthodoxe, & le pape écrivit à l'archevêque de Benevent, dans le diocese duquel Machar s'étoit retiré, de le chercher pour le convertir, ou le punir; c'est-à-dire, le marquer d'un fer chaud comme heretique, & le bannir du diocefe. Mais pour s'afsurer davantage de la foi des Armeniens, le pape écrivit à l'archevêque de Synnade en ces termes: Nous avons appris, qu'au faint facrifice yous ne mêlez point d'eau dans le vin que vous faites le faint chrême, non avec du baume, mais avec du beurre ; & que vous honorez & approuvez l'heretique Diofcore d'Alexandrie. Quoique le prêtre Jean vôtre député nous ait dit, qu'il n'étoit pas ainfi, nous voulons toutefois que vous nous écrivicz ce que

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