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LE S

PENSEES

INGENIEUSES
OULES

EPIGRAMMES
D' OWEN,

Traduites enVersFrançois.Par Mr.leB. AVEC LE LATIN A COTE

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A PARIS,

Chez PIERRE RIBOu, Quay des Auguftins. Avec Approbation & Privilege du Roi, 1710.

Et fe vend A BRUXELLES, Chez JEAN LEONARD, rue de la Cour, 20033

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1

A MADAME

LA MARQUISE

M

DE***

ADAME,

Vous m'avez témoigné, que la Lecture des Epigrammes d'Owen en Latin, vous avoit fait beaucoup de plaifir, & que vous fouhaiteriez, qu'on rendit, en le tra duifant, un Auteur tel que luy, plus connu dans le monde, je l'ai entrepris. Quoique le temps ne fasse rien à l'affaire, je ne laifferay pas de dire, que l'espace de fix femaines, paffées pendant l'Automne à la campagne, a été le temps que j'ai mis à faire ces traductions. La vérité, les Mufes, & quelques perfonnes de mes amis en font témoins. Ceux qui ont le bonheur.

de vous connoître, n'ignorent pas que dés Page de vingt ans, vous poffediez la connoiffance de plufieurs Auteurs, que leur génie, & l'antiquité nous doivent rendre fi vénérables. Vous prouvez chaque jour, que la fcience n'eft point seulement l'apanage des hommes, que l'esprit eft de tout Sexe, & que la coutume qui interdit au vôtre l'entrée dans le Sanctuaire des Mufes, eft injufte & tyrannique. l'ôtre Modeftie qui m'oblige à taire ici vôtre nom, eft le comble de vôtre mérite, & chacun luy send malgré vous le tribut & l'hommage des louanges qui lui font dues avec tant de juftice.

Owen étoit l'homme de fon temps qui avoit le plus d'efprit; on peut l'appeller le Martial moderne. Il naquit dans la ville d'Oxford, fi celebre par fa fameuse Univerfité, fondée par Alfred; il vivoit dans le dix-feptiéme fiécle, fous le regne de l'infortuné Charles Premier. On ne fait rien de particulier de fa vie, finon qu'il compofa les excellens Ouvrages, dont je donne

ici la traduction, & qui lui attirerent l'e ftime & l'admiration de tout le monde. On y voit qu'il fut cher aux Grands, qu'il n'étoit pas fort riche, mais qu'il avoit de bonnes mœurs, & qu'il avoit autant étudié la fageffe, que la Poefie. On ne fçauroit lire la fienne, qu'on ne le plaigne du malheur qu'il eut d'être Proteftant. Il déclama fort contre les vices de fon fiécle

il ne lui manquoit que d'étre éclairé des véritables lumieres, que Dieu ne communique qu'à ceux qu'il lui plaît. Né dans le fein de l'erreur, il y eft mort malheureusement.

La fageffe & la vivacité qui compofent le caractere du bon efprit, accompagnoient· toûjours le fien. Il fçut réünir ensemble la folidité, l'agrement & la fcience. Son ftyle eft aife, pur, fimple, précis & na-turel. On lui reproche de n'avoir point fui. vi l'élocution des anciens; mais fi la fienne: eft peu conforme à la leur, on peut dire qu'il leur a reffemblé au moins par l'élevation & par la fublimité de fon génie. Le

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