que les ennemis fe prépareront à donner l'affaut. En effet, Diocletian qui 1527. craint pour la vie du Duc, propose ane tréve d'un an, que Danus accepte, en rendant ce prifonnier. L'Empereur ordonne auffitôt un Sacrifice, pour remercier les Dieux de fes heureux fuccès: & Sautereau va de la part du Roy de Lyffie ordonner à Antropatos de le faire préparer. J'obéirai, répond ce Grand Prêtre, quoiqu'ajoutet-il, je ne fois pas né fujet de Dioclé tian. SAUTEREAU. J'entens affez, je fçai que c'est: Antropatos dit à Yfengrin fon Clerc, de préparer le Sacrifice avec foin: Ne vous embarraffez de rien, répond Yfengrin, je suis au fait, & fçais la maniere de vous procurer une recette abondante. Le lendemain la cérémonie fe paffe avec magnificence, chacun des affifsans préfente fon offrande, & le Duc d'Albanie, par reconnoiffance, vote aux Dieux le licol qui devoit fervir à lui ôter la vie. Enfuite chacun fe retire chez 1527. foi (a). La premiere journée de ce Mystére eft terminée par l'arrivée d'un puissant & énorme Géant, appellé Reprobe, qui vient offrir fes fervices au Roy de Cananée, fur les terres duquel il a pris nailfance. SECONDE JOURNÉE. Lle commence par les entretiens E d'un fou, & d'une folle, perfon nages fort à la mode au tems des Myftéres dont nous parlons (6). Réptobe qui veut s'attacher au fervice du plus puiffant Prince du monde, quitte le Roi de Cananée, & passe à Damas. La Cour brillante du Roi, dont cette ville eft le féjour ordinaire, éblouit les (a) On peut voir de pareils facrifices pages 20 & 462. du II. Volu me de cette Hiftoire, aux Extraits du myftere de fainte Barbe, & de là deftruction de Troye. (b) Nous avons remar(1) Tom.II, qué (1) à quel ufage nos vieux Dramatiques employoient les perfonnages de fou & de folle, & pag. 30. en quoi confiftoient leurs difcours: on croira aifément que ceux que l'Au teur leur fait ici tenir, font fort libres, puifqu'on regardoit alors ces obfcénités comme un agrément néceffaire à ces fortes de caractéres, & que d'ailleurs elles étoient du goût de Chevalet, yeux de notre Avanturier, & le dé- MAULO U.E. Baftons, Bacins, Souffletz, Timballe, Le Synge, la Chievre, le Chien Et l'Ours: Que nous n'oublions rien, (a) Pour achever de donner une idée des Opérateurs du fiécle auquel notre Auteur vivoit, & de la façon dont ils attrapoient les dupes de feurs tems, nous joindrons les vers fuivans, c'eft Mauloüe qui parle, & appelle le peuple. Seigneurs Voici la pourtraicture Du glorieux fain& Alpantin. (1) Qui fuft écorché d'un patin, Le jour de Karefime prenant. Après voici fain&Pim ponant, Avecques faint Tribolandeau Qui furent tous deux d'un fceau d'eau Décollez, dont ce fur dommage. Si vous avez intention content. Ung peintre n'en fe roit pas tant De bonnes couleurs, II. Ch. VII. pour deux francs. & la note de Avant, avant, petits Duchat, enfans, Vous n'en payez pas la Avec le Mole (1) des ymages, 1527. (1) Lemoule. Pour courir Villes, & Villages. Le hazard veut que pendant que Mauloüe débite fa marchandife, le Roi de Damas, accompagné de Reprobe, & de plufieurs Seigneurs de fa Cour vient prendre le frais dans la Plaine, au moment que ce Charlatan chante une chanfon dont voici le premier couplet: Reveillez-vous, gentilz Galans Et entendez bien mon Latin ; Gentilz Pions, mes bons Chalans, Ne vous levez point trop matin. Quant vous aurez beu ung tarin Cela vous reconfortera; Mais fi vous mettez d'eau au vin, Ce dernier Vers qui fait le refrain de chaque Couplet, produit un effet furprenant le Roi de Damas, qur profeffe la Religion Chrétienne, fait le figne de la Croix, toutes les fois qu'il entend prononcer le nom de l'ennemi du genre humain : Reprobe s'en apperçoit & lui en demande familiérement la raifon; c'eft, répond ce pieux Prince, pour me munir contre un fi redoutable adverfaire. A cette 1527. réponse, qui fait connoître clairement le pouvoir du Démon, Reprobe ne balance pas à prendre le parti de fuivre ce nouveau Maître, malgré les priéres, & les inftances du Roi de Damas. Il rencontre en chemin Landureau; ce Manant preffé de lui enfeigner ce qu'il cherche, répond en tremblant qu'il ne connoît point le diable mais, ajoûte-t-il, en montrant fa femme, voici une diableffe à votre fervice. Ce difcours ne fatisfait point Reprobe, & attire au pauvre Landureau une volée de coups de bâton que fa femme lui donne, pour fe venger de fes mauvaifes plaifanteries. Reprobe continuant fon chemin apperçoit une troupe de Soldats, qui, pour éviter l'oifiveté, fe battent avec excès. Il les fépare fans peine avec fon bâton: Landureau, fpectateur de cet exploit, en marque fon étonnement. |