1587. LES PRINCES. Et que pourroit-on voir plus voifin de la tombe Que celui qui au faix du Cuiffe-né fuccombe. Noé, Loth, Efau, Holoferne, Sanfon, &c. Pendant le repas, la conversation tombe fur les femmes : les Princes en difent beaucoup de mal, & le Roy voulant les convaincre par l'exemple de la fienne, dont il exalte fur-tout l'obéiffance, ordonne qu'on faffe venir la Reine Vafthi, qui refuse de se rendre à fes ordres, malgré les remontrances des Dames de fa fuite. LES PRINCESSES. Il faut que la douceur une Princeffe flanque. Bafte, je n'iray pas, & fi je vais le fouldre Au III Acte, le Roy répudie la rebelle Vafthi. Il époufe Efther au IV. Et au dernier il charge un Meffager d'annoncer ces nouvelles à Vasthi. Madame, appaisez-vous, un Prince ne de mande Raifon de fon vouloir, feulement il com mande. Un Roy a pour fa loy, je le veux, plaist: Quand ces mots font en jeu, il faut foit fait. VASTHI. il me que tout Il n'y a rien qui foit au malheur plus fàcheux 1587. A MAN, TRAGE DIE DE PIERRE MATTHIEU. T Out le monde connoît le fujet de cette Piéce; contentons-nous d'en rapporter ici quelques paffages, pour montrer que Matthieu, toujours femblable à lui-même, ne s'eft point démenti dans celle-ci. Aman élevé au faîte de la grandeur, témoigne fa fatisfaction par ces Vers. Commence donc, Aman, d'un vol & roide & haut, De furpaffer des Cieux l'eftoillé efchaffaut. Je feray le fuzil de l'infernale trope: Je tiens à mon vouloir la cime de Rhodope; J'iray ravir là-bas la femme de Pluton, Je prendray le trident de Neptun pour bafton. Ce Miniftre outré de fureur contre Mardochée, qui refufe de lui rendre 1587. des refpects honteux, invoque les Furies. Zarés fa femme l'interrompt par ce difcours. Tu t'abufes appellant les Ombres infernales, Aux efprits inventifs des femmes font in- Efther vient fe jetter aux pieds du Roy, pour lui demander justice des indignes complots de fon favori, & s'écrie les yeux baignés de pleurs. Conjurer contre un Roy, contre moy, contre Ifac, Le chaffer, le bannir avecques le biflac : Ah! Dieu! fi tu permets regner telle injuf tice, On verra triompher de la vertu le vice. Aman qui voit fa perte certaine veut prier Esther de parler en fa faveur. ESTHE R. O homme abominable, ofes-tu me toucher? 1587. ASSUER E. / Mais voyez le P.... Quelle amoureuse amorce Luy fait prendre la Royne entre fes bras à force? Prêt de monter fur l'échaffaut Aman s'addreffe aux Spectateurs, & prie les Courtisans qui font de ce nombre de venir affifter à fon fupplice, & de prendre exemple fur lui. AMAN. Vous qui engeolez des Princes le cerveau, veau: Et vous qui excitez l'affection inique D'un Roy, pour acquérir un estat magnifique ; Venez tous, je vous prie, accourez tous afin De voir du pauvre Aman la douloureuse fi |