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C'est une fimple bergerie:

Vous voyez dans un même tems
Mille objets, & tous différens,
Que fa main habile apparie :

Elle les confond à nos yeux,
Et fait briller fon induftric,
Dans un défordre qui vaut mieux
Que la plus belle symetrie.

Que j'aime à voir couler ces eaux,
Qui trouvant diverses barricres,
Entrent dans différens canaux,

Et font de nouvelles rivieres !

Mais, ô Dieux! qu'est-ce que je vois, Que de prodiges à la fois,

Quelle merveilleufe structure * !

Je me trompe, ou l'art envieux

Semble vouloir en ces beaux lieux,

Le difputer à la nature,

N'est-ce point un enchantement,
Qui m'impose agréablement ?
L'onde s'éleve par étage,

Montant par cent tuyaux divers,
Et fe faifant avec courage,

Un nouveau chemin dans les airs,
S'empreffe d'aller rendre hommage
Au plus grand Roi de l'Univers.
Ici du haut d'une éminence,

Je la vois fe précipiter;

Puis fe répandre & ferpenter

Dans ce charmant lieu de plaifanec,
Où LOUIS trouve tant d'attraits
Là redoublant fa violence,

Elle entre en des conduits fecrets,
D'où vers le Ciel elle s'élance
Avec pompe & magnificence,
Et contribuant quelquefois
Au plaifir du meilleur des Rois
Elle en fait à toute la France.

Mufe, en voilà plus qu'il ne faut,
Vous prenez votre vol trop haut,
Ce feroit être témeraire

De pouffer les chofes plus loin;
D'autres s'il faut le fçauront faire,
De votre art on n'a pas befoin,
Et vous feriez mieux de vous taire,
L'avis me femble falutaire,

Laiffons donc à d'autres ce foin.

Peut-être que c'eft la pareffe,
Qui par surprise & par adreffe
Me fait cette belle Oraison.

Je

me rends pourtant, & je celse; Car il faut que je le confesse, Pour cette fois, elle a raison,

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D

A MONSIEUR

I. D. F. A. G. A. P.

Sur la décadence du bon goût.

Epuis un tems, mon filence en fait foi, Dans vos Cantons n'oferois plus écrire, Grand Magiftrat, fi demandez, pourquoi ? Tout bonnement je m'en vais vous le dire. A maint écrit qu'à Paris on admire Ou peu s'en faut, ne puis comprendre rien; Le style en eft très-beau, je le vois bien; Mais tel qu'il eft, fi n'y puis rien entendre N'ai-je pas lieu d'apprehender qu'au mien Paris auffi ne puiffe rien comprendre? Grand mal m'en veux, & ne fuis D'avoir l'efprit fi dur & fi bouché, Car j'ai beau faire, & hauffer mes lunettes Et Profe & Vers tout eft fi haut perché, Qu'également je m'y trouve empêché, Et c'eft toûjours pour moi lettres fecrettes Goutte n'y vois. Oh! que tout a changé

peu

touché

Pour le langage; & que dans la grand-Ville,
Depuis le tems que j'en fuis délogé,
On s'eft rendu terriblement habile!

Un point pourtant fur cela m'a furpris,
Vous le dirai-je ? Excusez ma franchise,
C'est vous, Seigneur, qui caufez ma surprise;
Tout ce qui part de vous eft d'un grand prix,
fervir de regle & de modele,

Et peut
C'eft verité dont perfonne n'appelle;
Jugez par-là de mon étonnement.
Lorsqu'en difcours fortis de votre bouche
A nous forains tranfinis fidellement
J'ai trouvé tout énoncé clairement,
Rien de forcé, rien d'obscur, rien de louche.
Eft-ce donc là, d'abord me fuis-je dit,
Ce Magiftrat dont par toute la France
On prife tant le merveilleux efprit,
On vante tant la force & l'éloquence ?
Je le croyois un oracle du tems

Et cependant il parle & je l'entens.

Je vous le dis, Seigneur, c'eft grand dommage;

Cette clarté qui fut une vertu

Au tems pallé, n'eft plus du bel usage;

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