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tout. La ferme se contente de quel ques bois épars; elle a feulement en propre des fauffaies pour les lieux bas & frais, & furtout des vergers qui font fes bois d'agrément. Enfin toutes fortes de culture, créés par l'utile industrie, & dirigées par le goût de la fimplicité, font 'de fon reffort; que fi le pays les admet également, c'eft que la ferme peut faire partie du pays, & qu'il eft lui-même la collection de tout ce que la végétation peut produire.

CHAPITRE

ES

CHAPITRE X.

Des Rochers.

Les rochers ne font un objet digne de nos regards, & ne fe font remarquer que, quand, revêtus d'un grand caractere, ils ont une forte expreffion. Trop âpres & trop aufteres pour prétendre aux graces & à l'élégance, ils ne conviennent qu'aux perspectives fauvages dont ils font le plus bel accident, & aux lieux déferts qu'ils rendent plus affreux.

S'ils font rafsemblés en maffes fortes leur ma

& élévées, ils en impofent par jesté : telle est l'impression des grands tableaux de la Nature. Dans leurs diverfes combinaisons, ils fe montrent quelquefois fous les formes les plus bizarres & les plus extraordinaires, & leur effet tient alors du terrible ou du merveilleux. Comme ils ne fe rencontrent que dans

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les lieux très-montueux & qu'ils ont une grande folidité, ils donnent au paysage un mouvement étonnant qu'augmente encore la chûte des torrens & des cafcades qui les accompagnent prefque toujours. Ils fe couvrent de mouffes qui les colorent; ils s'ornent de plantes rampantes; ils fe coëffent d'arbres & d'arbuftes qui, le plus fouvent, s'attachent où ils peuvent, ne prennent racine qu'avec peine, & ne croiffent qu'avec effort. La contrainte & les obftacles qu'ils éprouvent, les tourmentent, & leur font prendre des formes & des fituations fingulieres & pittorefques qui ajoutent à l'effet de la fcène.

Les rochers font un des matériaux de la Nature, dont l'Artiste peut s'emparer,lorfqu'elle les a placés fous fa main; mais il ne peut jamais les créer, & rarement peut-il les transporter & les arranger avec fuccès; ils font trop peu traitables pour se prêter à fes defirs. Auss

toute imitation de ce genre fera-t-elle petite, & par conféquent fans intérêt ; excepté dans quelque cas, elle n'offrira qu'un effet pauvre & mesquin; on ne parviendra jamais à en faire un enfemble majestueux qui nous en impose, terrible qui nous effraie, ou merveilleux qui nous étonne : expreffions par lefquelles ils ont des droits fur notre attention.

D'ailleurs fi quelqu'un étoit affez hardi, affez vain pour ofer le tenter, où placera-t-il des rochers? dans le Jardin? il fe refuse à tout ce qui eft impofant, fauvage ou effrayant ; & de petits rochers qui ne fauroient produire aucun de ces effets ne lui donneroient certainement ni de la grace, ni de la gaieté. Et que feront, au milieu des gazons & des fleurs, fur un terrein dont tous les effets doivent être frais & doux, des pierres brutes fi peu analogues au lieu que, fi la Nature les y avoit mifes, le premier soin de l'Artiste eût été de les

détruire ou de les cacher. Sera-ce dans la ferme? il ne lui faut qu'un fol fertile qui fe prête à la culture; leur ftérilité y porteroit obftacle, fans y répandre nulle forte d'agrément. S'il eft un genre de ferme qui ne les rejette pas, comme on le verra, ils y feront en telle quantité & diftribués avec un tel défordre , que la grandeur de l'entreprise & l'incertitude du fuccès rebuteront. Ce n'est pas avec des rochers factices qu'on peut changer l'expreffion d'un payfage, & donner un caractere fauvage à une grande fcène, quand la Nature ne s'en eft pas mêlée elle-même. Le Jardinier veut-il en faire usage dans le parc? celui-ci ne les admet que dans quelques parties éloignées & lorsque le fite s'y prête; il les rejette, fi l'effet n'eft vrai, fi la maniere de les traiter n'eft affez grande pour détruire tout foupçon de factice. Les destine-t-il enfin au pays, la feule efpece de Jardin, où ils peuvent figurer dans

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