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de ceux qui croiffent communément dans les lieux arides; & qu'enfin le fite & le local veulent être disposés de maniere à faire douter fi l'absence des rochers n'est pas un oubli de la Nature. Une légere expérience lui aura appris qu'il n'obtiendra jamais qu'une imitation imparfaite, en employant toute forte de pierres, quand même par leur fingularité elles fembleroient se prêter à fes vues, fuffent-elles taillées & arrangées par le plus habile Sculpteur; & qu'il ne parviendra jamais à produire un effet vrai, qu'en tranfportant de véritables rochers, diftribués dans le même ordre que la Nature les lui a offerts dans les lieux d'où il les a tirés.

A ces précautions il joindra celle de les affembler avec affez d'art, pour qu'ils préfentent des blocs d'une grande dimenfion; & c'eft-là un des grands moyens d'éloigner toute idée de factice: idée que ce genre de fabrique doit fur-tout crain

dre de faire naître, parce qu'elle détruit le prestige. Il aura foin encore d'amener cette fcène par des préparations qui l'annoncent naturellement ; une transition fubite, & des alentours d'un genre dif parate auroient l'air d'un contrafte fait à la main. Bref, à force d'art il retrouvera la Nature.

ment,

traita

Ce qui rend les rochers si peu bles, c'eft qu'ils ne doivent jamais paroî→ tre une fabrication ni par leur arrangeni par la place qu'ils occupent; c'eft la difficulté des moyens qui, ne suffifant pas toujours à la grandeur des ef fets, & ne pouvant atteindre à une illufion parfaite, n'en font fouvent qu'un accident pitoyable & quelquefois rifible.

Au goût qui donne de la grace, au fentiment qui répand de l'intérêt il faut encore affocier les reffources du génie qui facilitent les entreprises les plus hardies & l'adreffe qui les fait exécuter avec fuccès. L'heureux Artiste qui réunit tous

ces talens

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celui dont ils dirigent le crayon, marchant d'un pas affuré, détermine d'un coup d'œil le rapport de chaque partie au tout & entr'elles ; il allie les grands effets & les petits objets; il imagine des oppofitions faillantes; il connoît les liaisons délicates & bien ménagées; il emploie avec fuccès les contraftes les plus frappans, fans craindre les contrefens; il ne facrifie jamais les beautés d'ensemble à celles de détail; en un mot, il met chaque chofe à sa place & dans sa jufte proportion, & arrive toujours à fon but par la voie la plus courte & les moyens les plus fimples.

E

CHAPITRE XI.

Des Bâtimens.

Ce n'eft pas de la conftruction qu'il s'agit ici; elle est la science de l'Architecte: ce n'eft pas positivement de la décoration qui en eft l'art. J'envisagerai les bâtimens par leur expreffion & leur caractere. Mon projet eft de confidérer ceux de la campagne, dans leur affociation avec les objets de la Nature; d'examiner l'effet qu'ils produisent dans un paysage, dans un Jardin ; enfin ce qu'ils ajoutent à une fcène.

La convenance en Architecture eft une partie fine & délicate qui tient au fentiment, & qui s'acquiert moins par l'étude des regles que par une profonde connoiffance des mœurs, des ufages du fiecle & du pays où l'on vit; (1) elle

(1) La convenance en Architecture eft comme

n'est pas tout-à-fait la même à la camî, pagne & à la ville. Dans celle-ci chaque efpece de bâtiment à bien fon caractere propre, mais elle compofe un tout indépendant & fans influence fur ce qui l'avoifine; les habitations fe touchent, & cependant s'ifolent par la

la bienféance dans les vêtemens & les manieres ; c'est une convention générale que l'ufage nous apprend. Les formes de l'Architecture n'ont rien par elles-mêmes qui déterminent cette convenance, puifqu'elles font de pure invention. Soumises à un goût local, livrées à des combinaisons arbitraires, elles ont varié de fiecle à fiecle, de pays à pays, de climat à climat, à raifon des moeurs, des ufages des nations qui varient elles-mêmes fans ceffe, & n'ont eu de bornes que celles de la fo lidité: on fe convaincra encore mieux de cette vé→ rité, fi l'on jette les yeux fur les anciens monumens, fur le genre que chaque nation a adopté & fur les viciffitudes que cet art a éprouvées dans tous les temps & dans tous les lieux. C'eft encore là ce qui doit le diftinguer de celui des Jardins qui, trouvant fon type dans la Nature, auroit dû être dans tous les pays & dans tous les fiecles invariable Comme elle.

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