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AVERTISSEMENT.

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UOIQU'ON ne foit pas obligé de rendre compte de fon travail, & qu'un Lecteur ne juge gueres d'un Ouvrage fur le motif qui l'a fait naître ; je ne laifferai pas néanmoins de dire ce qui m'a fait compofer celui que je donne. C'est un usage d'ailleurs que je trouve observé par la plupart de ceux qui produifent au jour leurs Ecrits ; & je fuis encore trop nouveau venu dans la Republique des Lettres, pour y avoir acquis le privilege de m'en difpenfer. Ce n'eft pas que j'aïe deffein de fatiguer d'abord mes Lecteurs par une longue Preface, ni d'impofer à leurs lumieres. Je fçai bien qu'en m'expofant au jugement du Public je n'ai point de grace à lui demander. En effet, comme nous en affûre agréablement

Tom. I.

ǎ l'Au

l'Auteur des Jugemens des Scavans, il n'y en a point à efperer, J'ai commencé cet Ecrit à la follicitation d'un Ami celebre dans fes emplois, qui m'a toujours honoré pendant fa vie d'une eftime patticuliere. Il ne me demanda d'abord qu'un Memoire de Medailles rares & curieufes pour un de fes Parens qui fe propofoit un Voyage au Levant. Comme cet Ami n'avoit gueres de goût pour cette efpece d'étude, dont je faifois mon divertiffement je crus que je devois faire plus qu'un Memoire. Je voulus lui montrer que la recherche de l'Antiquité n'étoit pas n'étoit pas moins utile qu'elle étoit agréable; qu'un homme de Lettres fçavoit en profiter à fa maniere, & pouvoit en tirer des fecours merveilleux

pour les autres études. Enfin j'ai regardé cet Ami plus que perfonne dans le Traité que je publie. Je me fuis étudié à détruire fes préventions contre ceux qui don

nent

nent quelques momens à l'étude ou à la recherche des Antiques, & à meriter fon approbation. Ceux qui l'ont connu, fçavent qu'il n'étoit pas Alâteur, & qu'il n'avoit pas fouvent pour luimême plus d'indulgence que pour les autres. Son fens natu rel, la fineffe de fa critique, & l'experience qu'il avoit du monde, ne donnoient pas une autorité mediocre à fes jugemens, & ne me faifoient pas elperer une legere fatisfaction fi je pouvois le perfuader. La fuite me fit voir que j'y avois réaffi, je détruifis fes préjugez, & lui infpirai des fentimens plus favorables même que je ne m'étois imaginé. Illût mon Ecrit, il y prit plaifir, & l'eftima peut-être trop, puifqu'il crût que je devois le donner au Public. Ce confeil à la verité tout dangereux qu'il étoit, me flâta: je m'y rendis fans peine, & j'ajoutai beaucoup de chofes à ce que j'avois écrit d'abord. Quoiǎ 2 que

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que je fçache qu'un gros livre, Calli- comme dit un Poëte Grec, refmaque. femble fouvent à un grand mal, j'ai crû néanmoins que je pou yois m'étendre fur les fujets qui n'ont été traitez par perfonne, où dont les Auteurs n'avoient

parlé qu'en paffant. Ainfi je n'ai pû m'empêcher de groffir mon Ouvrage & d'en faire deux Volumes. Mais foit que la nouveauté y plaise aux autres autant qu'à mon Ami, ou que l'on goûte la varieté des matieres que j'y traite, on y verra fur-tout que la connoiffance de l'Antiquité eft une partie des plus néceffaires pour l'études que fans elle un efprit non-feulement languit dans le commerce des Lettres, mais qu'il eft toûjours hors d'état d'y faire aucun progrès raifonnable. Je ne fçai au-refte fi les régles de l'Art Poëtique que donne un des plus illuftres Poëtes François de ce tems, tombent fur ceux qui ne traduisent en vers que de très

petits morceaux, comme font les eitations. Si cela eft, je ne doute point que je n'aïe peché contre fes loix, & que je ne merite la feverité de fa critique. Voicineanmoins ce que je crois pouvoir dire pour ma défense. Quand j'ai traduit les autoritez que je tire des Poëtes, j'ai moins voulu faire des vers, qu'une copie figurée, qui répondît aux matieres que je Voulois expliquer.

Eft quodam prodire tenus, fi non datur ultra.

Horat. Lib. 1. Epift. 1.

AD

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