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DES

SAVANS

SUR LES

PRINCIPAUX OUVRAGES

DES AUTEURS,
PAR ADRIEN BAILLET;
Revûs, corrigez, & augmentez par
Mr. DE LA MONNOYE.

NOUVELLE EDITION,
TOME TROISIEME,

SECONDE PARTIE.

LIBERT
**
TATRIE

A AMSTERDAM,
AUX DE PENS DE LA COMPAGNIE.
M DC C. X X V.

JUGEMENS

DES SAVANS,

SUR LES

PRINCIPAUX OUVRAGES

DES POETES.

SECONDE PARTIE.... Contenant les Poëtes Latins depuis les Guerres Puniques, & quelques-uns des Grecs, jusqu'à la renaissance des Lettres.

De quelques Anciens Poites Tragiques &
Comiques, dont il nous refte dos Frag-

mens.

IM.LIVIUS ANDRONICUS, à la fin de la premiere Guerre Punique." 2CN. NEVIUS mort à Utique (aujourd'hui Bizerte) en la 144. Olympiade, l'année que Scipion pafla en Afrique. 3Q. ENNIUS né l'an 15. de la Ville de Rome, mort l'an 586. ou 585. en 1'Olympiade 153. fous le Confulat de Q. Marcius Philipp. & de Cn. Servilius Cæpion, comme dit Ciceron. *

1130

* In Bruta, &de Se

IVIUS ANDRONICUS nectute,
eft confideré comme le
premier de tous les Poë-
tes Latins. La premiere
piéce qu'il fit fut repre-

fentée en la premiere année de la 135. O

Tom. III.Part. II.

A

lym

Liv. An

dronicus. Sept ans

devant la naiffance de Caton

l'ancien, felon Ci

ceron, de

Senectute.

lympiade, l'an 14. de la fondation de Rome, fous le Confulat de C. Claudius Centon fils de l'aveugle, & de M. Sempronius Tuditanus, l'année d'après la premiere guerre Punique, un an devant la naiffance d'Ennius, 240. ans devant notre Epoque vulgaire, 22r. ans devant la mort de Virgile, & felon le calcul d'Agellius ou Aulu-Gelle, 160. ans plus ou moins depuis la mort de Sophocle & d'Euripide, & environ 52. depuis celle de Ménandre (1).

Les Cenfeurs de ce Recueil ne me vou. dront peut-être point pardonner cette efpece de digreffion qu'ils jugeront être un peu éloignée de mon fujet, s'ils la confiderent toute feule; mais on les prie de remarquer qu'il n'étoit point hors de propos de fixer l'Epoque de la Poëfie Latine, pour donner lieu au Lecteur de porter fon jugement fur la naiffance, le progrès & la perfection de cette Poëfie, qui ne fut à fon période que plus de deux ficcles après Andronicus.

On a donné le nom de Tragédies & de Comédies à fes Poëfies; mais quelque plai

1. A. Gell. No&t. Atticar. lib. 17. cap. 21.
Vid. & Voff. de Poët. Lat. lib. fing. p. 3.
2. Cicero in Bruto. Item Tufculan. qu. r.

T. Cicéron, dans l'endroit cité, immediatement après avoir dit que du tems d'Aëtion, de Nicomaque, de Protogéne, & d'Apelle la Peinture avoit atteint fa perfection, ce qui n'étoit pas du tems de Zeuxis, de Polygnotus & de Timanthe, ajoute qu'il en eft ainfi généralement de toutes chofes: nihil eft enim fimul & inventum & perfectum. Enfuite dequoi avant que d'en venir à Livius Andronicus, il parle des Poëtés qu'il suppose avoir précédé Homére,

plaifir qu'on prit alors à les chanter ou à Liv. An les reprefenter, il faut avouer qu'elles é- dronicus toient encore fort brutes & fort groffiéres. C'est à fon fujet que Ciceron (2) dit que les chofes ne peuvent point avoir leur perfection dans leur naiffance; & Suetone l'appelle un demi Grec (3), pour mon trer peut-être que fon langage étoit dou blement barbare.

Mais il ne nous eft refté de fes Ouvra ges que quelques fragmens qui furent im primés à Lyon en 1603. puis à Leyde en 1610. par les foins de Scriverius, avec les notes & les corrections de Voffius. On y a joint ce qui nous eft refté des Tragé dies & Comédies de Nævius, d'Ennius, de Pacuvius, d'Attius & de quelques au tres anciens Poëtes. Mais c'eft une erreur de croire qu'il ait écrit l'Hiftoire Romaine en vers, & ceux qui ont avancé ce fait l'ont pris pour Ennius. (4).

2 NAVIUS fit auffi diverfes Piéces Navius, dramatiques, dont la premiere fut reprefentée l'an 19. de la fondation de Rome (5), qui felon la remarque d'Aulu-Gelle fut auffi celui du premier divorce qu'on eût

3. Sueton. lib. de Illuftrib. Grammat,

4. Diomed. lib. 3. Grammatic. & alii poft illum 4. Il faloit citer ici Voffius Inftit. Poët. lib. 3. pag. 9. Baillet le cite plus bas: mais pour entendre ce qu'il veut dire il faut recourir à l'endroit que -j'ai marqué de Voffius.

S¶ Aulu Gelle qui fuit cette fupputation 1. 17. C. 21. en avoit fuivi une autre 1. 4. c. 3. où il dit que ce fut l'an 523. fous le Confulat de M. Attilius & de P. Valerius. Mais alors ce ne feroit ni en 523. ni en $19. puifque c'eft en 526. que les Fakes Cas pitolins marquent ce Confulat.

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