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9. Je pourrois donc me flater d'avoir mis ceux qui travailleront à l'avenir fur notre Droit public, en état de l'éclaircir mieux qu'il ne l'a été jusqu'à prefent, fi j'étois venu à bout de détruire l'idée qu'on a communément de la maniere dont la Monarchie des Francs a été établie dans les Gaules. C'eft auffi ce que je me fuis propofé d'exécuter, après m'être convaincu par une longue étude de la matiere, que l'idée reçûe étoit contraire à la vérité. Les raifons qui m'ont perfuadé, font même fi folides, que je devrai m'en prendre uniquement à mon infuffifance, au cas qu'elles ne faffent pas fur le lecteur l'impreffion qu'elles ont faite fur moi. Au refte, je ne me fuis épargné aucune peine de celles que j'ai dit qu'il étoit neceffaire de fe donner pour rétablir le commencement de nos Annales. En fecond lieu, pour empêcher qu'on ne pût me reprocher avec quelque raifon, d'avoir bâti fur le fable, je n'avance aucun fait comme certain, fans être fondé fur l'autorité d'un Auteur contemporain ou prefque contemporain. C'eft des Ecrivains qui ont vecu dans le cinquième fiecle ou dans le fixiéme que je tire toutes mes preuves. S'il m'arrive quelquefois, foit pour confirmer, foit pour expliquer ce qu'ils ont dit, de citer un ouvrage écrit dans les fiecles pofterieurs; c'eft après avoir averti du tems où vivoit celui qui l'a compofé.

Je fais encore imprimer au bas de la page les paffages dont je tire quelque preuve, foit pour réfuter le fentiment des autres, foit pour appuyer le mien. Cette précaution doit empêcher qu'on ne me foupçonne d'avoir eu la vûe de favorifer mon opinion, dans les endroits de mon ouvrage, où m'attachant uniquement à rendre dans toute fon étendue le fens des paffages dont je donne la verfion, je ne traduits point mot à mot toutes leurs expreffions & principalement leurs phrafes figurées. Une pareille liberté j'en tombe d'accord, feroit toujours blâmable dans un Ecrivain qui donneroit la verfion d'un endroit de Sallufte ou de Titelive. Quand on traduit ces Auteurs célébres & leurs femblables; il ne fuffit pas de rendre fidellement les moindres circonstances de leurs narrations, & de n'alterer en rien le fens de leur texte : On leur doit quelque chofe de plus. Il faut s'affujettir à fuivre l'ordre de leurs phrases, à rendre fidellement les expreffions figurées dont ils ont jugé à propos de fe fervir, & à faire fentir, autant qu'il eft poffible l'élégance & la facilité de leur ftyle. Mais j'ai crû pouvoir me difpenfer d'un pareil afferviffement, quand j'avois à traduire la profe de Sidonius Apollinaris, celle d'Ennodius, celle de Grégoire de Tours & celle de Jornandés, ou d'au

tres

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tres Ecrivains dont le ftyle, pour ne rien dire de plus fort, ne fait point le mérite. Quelquefois il m'arrivera ce qui arrive aux Archirectes, qui entreprennent de donner le plan entier & les profils d'un édifice antique, dont il ne refte plus que des mafures & des ruines éparfes, & quelques débris mutilés. Nos Architectes font obligés à fuppléer celles des parties de leur bâtiment dont il ne demeure plus aucuns veftiges, de maniere qu'elles s'affemblent, pour ainfi dire d'elles-mêmes, avec les parties qui fubfiftent encore. Je ferai donc réduit comme eux, à fuppléer par des conjectu res aux lacunes qui fe trouvent dans nos Annales, afin de lier enfemble les faits conftans & certains de notre Hiftoire. Ainfi l'on ne pourra point me reprocher d'avoir conjecturé; mais feulement d'avoir mal conjecturé, d'autant plus que je donne alors mes idécs pour ce qu'elles font, & non point pour des vérités prou

vées.

Comme on ne fçauroit donner une jufte idée de l'origine & des progrès de la Monarchie Françoife fans avoir expofé auparavant quel étoit l'état de l'Empire d'Occident, & particulierement, quel étoit celui des Gaules, lorfqu'elle commença de s'y établir, j'efpere que je ne ferai point blâmé d'avoir employé tout mon premier Livre à expofer quel étoit cet état au commencement du cinquième fiecle. D'ailleurs cette expofition eft abfolument neceffaire; dès que je prétends, comme je le dirai: Que l'état des Gaules a été fous Clovis & fous fes premiers fucceffeurs à peu-près le même qu'il avoit été fous les derniers Empereurs.

J'employerai mon fecond Livre à raconter tout ce qui s'eft paffé dans les Gaules depuis la grande invasion que les Barbares y firent en quatre cens fept, jufqu'à l'année quatre cens cinquantefix. Il n'y fera point parlé trop fouvent des Francs qui ne jouoient pas encore dans cette contrée un perfonnage bien important. Néanmoins tous les évenemens que je rapporte dans ce Livrelà, ne laiffent pas de faire en quelque forte une partie effentielle de l'Hiftoire de notre Nation, parce qu'ils difpoferent les Romains des Gaules à fe jetter entre fes bras. Mon troifiéme Livre comprendra le regne de Childeric & le regne de Clovis jufqu'au tems où il fe fit Chrétien. Le refte du regne de ce Prince fe trouvera dans le quatrième, & dans le cinquième, qui contien-. dra encore ce qui eft arrivé depuis fa mort, jufques en l'année cinq cens quarante. Je deftine le fixiéme & dernier Livre à l'expofition de l'état des Gaules fous le regne de Clovis, & fous celui de fes premiers fucceffeurs.

Tome I.

f

per

J'ai crû ne pouvoir pas donner une forme plus convenable à un ouvrage où j'avois en même tems un systême reçu à détruire & un nouveau fyftême à établir, que celle d'une Hiftoire critique. En effet, ce genre d'écrire maintenant affez acrédité, permet tout ce que je me trouve dans l'obligation de faire. Il met d'interrompre fouvent la narration, foit pour examiner la poffibilité des faits, & quelle doit être l'autorité de ceux qui les attestent, foit pour rendre raifon des motifs qui déterminent à prendre parti entre deux Auteurs qui fe contredifent, ou bien à concilier deux Hiftoriens qui ne font oppofés l'un à l'autre qu'en apparence, foit enfin pour adopter ou pour réfuter les explications que nos Hiftoriens modernes ont données aux passages importans de nos anciens Hiftoriens. Ce genre d'écrire permet en un mot, tout ce qu'il faut faire en fuivant cette méthode fi vantée quimene du connu à l'inconnu par voye de raifonnement.

Je n'ignore point que ces difcuffions fatiguent fouvent le Le&teur. Il trouve bien plus d'agrément dans une Histoire écrite dans la forme ordinaire, & qui, n'interrompant fa narration que par des réflexions intereffantes & courtes, n'employe d'autres preuves que des notes & des citations marginales. Je comparerai même, fi l'on veut, toutes les difcuffions dont l'Hiftoire Critique eft obligée de fe charger, au harnois qu'endoffoient les hommes d'armes des derniers ficcles. Il les rendoit prefqu'invulnerables, mais il leur ôtoit en même tems l'agilité & la bonne grace qu'ils auroient euës, s'ils n'avoient point été furchargés de fer: Néanmoins étant obligé comme je le fuis, à détromper & à perfuader à la fois, j'ai dû choifir le genre d'écrire le plus propre à convaincre, quoiqu'il fût le moins propre à plaire.

Veritas ufu & mora, falfa, feftinatione & incertis valefcunt.
Tacit. Ann. Lib. fecundo.

L

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A Notice de l'Empire & la Notice des Gaules fe trouvent citées fouvent dans cet Ouvrage, que j'ai cru devoir mettre à sa tête, un extrait des endroits de la Notice de l'Empire, qui concernent les Gaules, & la Notice entiere des Gaules, publiée par le Pere Sirmond. On devinera facilement par quelles raifons j'y joins encore une Carte Géographique des Gaules, divifées comme elles l'étoient au commencement du cinquième fiecle.

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NOTITIA DIGNITATUM

IMPERII,

tam Civilium, quam Militarium, per Gallias, antequam eas Franci, Burgundiones, & Gothi occuparent.

Ex Notitia Imperii Occidentis, ultra Arcadii Honoriique

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Lugdunenfis prima.
Germania prima.
Germania fecunda.
Belgica prima.
Belgica fecunda.
Alpes Maritimæ.

Alpes Penninæ & Graix.
Maxima Sequanorum.
Aquitania prima.

Aquitania fecunda.

Novem Populi.

Narbonenfis prima.

Narbonenfis fecunda.

Lugdunenfis fecunda.

Lugdunenfis tertia.

Lugdunenfis Senonia.

INTRA GALLIAS CUM VIRO ILLUS-
TRI MAGISTRO EQUITUM GAL-

LIARUM.

Mattiaci juniores.
Leones feniores.
Brachati juniores.
Salii feniores.
Gratianenfes.
Bructerii.
Ampfivarii.
Valentinianenfes.

Batavi.

Batavi juniores.
Britones.

Atecotti Honoriani feniores.
Sagittarii Nervii Gallicani.
Jovii juniores Gallicani.
Mattiaci juniores Gallicani.
Afcarii Honoriani feniores.

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Abulci.

Exploratores.

Intra eafdem Gallias cum Comite & Magiftro Equitum Galliarum.

Equites Batavi feniores.
Equites Cornuti feniores.
Equites Batavi juniores.
Equites Brachati juniores.
Equites Honoriani feniores.
Equites Honoriani juniores.
Equites Armigeri feniores.
Equites Octavo-Dalmatæ.

Equites Dalmatæ Pafferentiacenfes.
Equites Primi Gallicani,
Equites Mauri alites.

Equites Conftantiaci feroces.

SUB DISPOSITIONE VIRI ILLUSTRIS

MAGISTRI OFFICIORUM IMPERII.

Fabrica in Galliis v111. Argentoratenfis Armorum omnium.

Matifconenfis Sagittaria.

Auguftodunenfis Loricaria. Sueffionenfis Scutaria, Balistaria &

Clibanaria. Remenfis Spataria. Triberorum Scutaria.

Triberorum Balistaria.

Ambianenfis Spataria & Scutaria.

SUB DISPOSITIONE VIRI ILLUSTRIS COMITIS SACRARUM LARGITIO NUM IMPERII.

Prapofiti Thefaurorum in Galliis. Præpofitus Thefaurorum per Gallias Lugdunenfes.

Præpofitus Thefaurorum Arelatenfium.

Præpofitus Thefaurorum Nemaufenfium.

Præpofitus Thefaurorum Tribero

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