donner à fon Eglife, & tout ensemble une perpetuelle action-de-graces de ce bien-fait.

Cet Ordre devoit avoir pour objet de sa dévotion le Saint Sacrement, comme un autre memorial vivant qu'il a plû à JESUS-CHRIST d'établir, en s'enfermant lui-même en cet augufte Myftere, pour repréfenter une autre victoire plus excellente qu'il a obtenuë fur l'enfer au jour de fa paffion.

Le fecond motif de cet Ordre étoit pour réparer les infidelités & les irréverences que l'héréfie a commifes durant tout ce dernier fiécle contre le Saint Sacrement,& celles que les mauvais Chrétiens commettent tous les jours contre lui Et ce motif devoit regarder celui que JESUS a eu en inftituant ce divin Myftere, qui a été de réparer les infidelités que le monde avoit commifes durant quatre mille ans contre fon Pere, en rendant aux créatures l'adoration qui n'eft due qu'au Créateur, & de continuer comme il a fait en la croix, de l'adorer en qua lité d'hoftie & de facrifice jufques à la fin du monde au milieu des pecheurs qui le deshono

rent.

Pour cet effet, l'un des principaux devoirs des Religieufes de cet Ordre devoit être de rendre une continuelle affiftance au Saint Sacrement, partageant par ce moyen leur exercice avec les Prêtres, eux le mettant fur les Autels,

elles l'adorant d'une continuelle adoration. jour & nuit les unes après les autres.

Cet Inftitut ayant été commencé en l'année 1633. par des Religieufes de cette maifon avec peu de fonds pour l'établissement du temporcl cette confideration avec d'autres fut caufe qu'elles furent obligées de revenir cinq ans après en ce Monaftere, pendant qu'on tâcheroit à reme dier à leurs néceffités; ce qui ne s'étant pû faire, & n'étant pas à propos de fonder un Monaftere avec fi peu de fonds, ceux qui pouvoient difpofer de ce qui avoit été donné pour cette nouvelle maifon par deux perfonnes de pieté qui étoient mortes, jugerent que ce ne feroit pas aneantir leur intention, mais l'établir, que de fubftituer ce Monaftere, où depuis long-temps on rendoit les mêmes honneurs au Saint Sacrement que ces Religieufes lui devoient rendre, en la place de celui qui ne pouvoit plus fubfifter; laquelle difpofition a été approuvée & confirmée par Nôtre Saint Pere le Pape Innocent X. & par Monfeigneur l'Archevêque, & omologuée en la Cour de Parle

ment.

La grace que Dieu a faite aux ames de ce Monaftere, en les choififfant pour un Inftitut fi faint, étant fi grande, leur reconnoiffance & leurs devoirs y doivent avoir du rapport, & elles ne doivent pas les établit feulement dans les honneurs & les dévotions particulieres qu'elles rendent à la fainte Euchariftie, mais encore plus dans une difpofition fainte qui donne lieu en clics aux effets de divin Mystere, qui

A

eft le Sacrement de la mort du Fils de Dieu; ce qui les oblige de devenir les filles de la paffion de JESUS-CHRIST, & de penfer qu'étant jour & nuit au pied du faint Autel, elles y doivent être comme au pied de la croix, pour y confiderer l'obligation qu'elles ont d'être crucifiées avec leur Sauveur, ou plûtôt au-lieu de leur Sauveur, qui ne le peut être en fa perfonne, mais qui le fera jufques à la fin des ficcles en celle de fes élûs. Que fi tous les Chrétiens font obligés de mourir avec JESUS-CHRIST, combien plus des ames confacrées au faint Sacrement, qui doivent graver dans leur coeur ces paroles de faint Paul: L'amour de JESUSCHRIST nous preffe; c'est-à-dire, nous ne pouvons plus refifter à tant de motifs qu'il nous donne de nous facrifier à lui, pour honorer l'oblation continuelle qu'il fait de lui-même en ce divin myftere.

que

Qu'elles confiderent l'affiftance qu'elles doivent rendre jour & nuit au Saint Sacrement n'est pas une fimple priere comme elles en font à Dieu en d'autres temps; mais que c'est un culte fpecial qu'elles rendent à ce myftere qui a rapport à la fainte Communion,puifqu'elles doivent être en état de communier fpirituellement lorfqu'elles fe prefentent à JE SUS-CHRIST honorer fa réfidence en pour cet adorable Sacrement, dans lequel il demeu pour fe communiquer aux ames. Que fie. les ne font pas difpolées à recevoir ces divines

re

influences, elles arrêtent les effets de fon amour, & font violence à cette fontaine de graces & de benedictions, l'empêchant de répandre fes caux, en ne lui donnant point de paffage en

elles.

Qu'elles ne fe préfentent donc pas devant la fainte Euchariftie en qualité de perfonnes deftinées à lui rendre hommage, fans préparation; de-peur qu'elles ne tentent JESUS-CHRIST, & qu'il ne leur dife comme à l'Epoufe des Cantiques, Détournez vos yeux de moi, car car ils m'ont fait envoler's c'est-à-dire, vos regards vers moi n'étant pas affez purs, au-lieu de m'attirer en votre ame, ils me font éloigner de vous.

Qu'elles fe fouviennent que le Saint eft pour les Saints, & qu'elles déchéront de la grace qu'elles ont d'avoir accès à ce divin Sacrement, fi elles ne peuvent dire à JESUS-CHRIST: Confervez-moi, Seigneur, ce privilege, parceque je fuis fainte, c'eft-à-dire, parceque je me fépare de toutes les chofes qui vous déplaifent, & que je lave mes mains entre les innocens, auparavant que de m'approcher de votre faint Autel, en me purifiant par une fincere douleur de pénitence de tout ce qui vous peut dé plaire.

Qu'elles ne cherchent point tant de penfées pour s'occuper pendant le temps de leur affiftance, mais qu'elles éprougent la verité de ce que Dieu dit par un Prophete: Auparavant

que vous m'invequiez, je dirai: Me voici. Que fi cette promeffe a lieu dans toutes les prieres que l'on fait à Dieu, parcequ'il eft tout plein de bonté & de douceur à l'égard de ceux qui le prient, elle fera encore plus veritable en la perfonne de JESUS CHRIST en ce Sacrement divin, où il eft préfent d'une maniere fi particuliere & fi favorable, pour nous donner la liberté de traiter avec lui dans une humi lité toute remplie de confiance, & de lui par ler bouche à bouche comme Moyfe: confiderant que s'il a dit de lui-même, qu'il prend fes délices avec les enfans des hommes, cela nous oblige par confequent de mourir à tous les autres plaifirs, pour defirer de goûter ces douceurs divines, qui fe trouvent en lui comme dans leur fource. Qu'elles fe fervent feu lement de quelques paroles qui foient comme une effufion de la plenitude de leur cœur, en difant à JESUS-CHRIST avec faint Pierre : Seigneur, nous ne pouvons aller qu'à vou, parceque vous avez les paroles de la vie éternelle. Et avec faint Thomas: Vous êtes mon Seigneur, vous êtes mon Dieu, Et comme la Samari, taine: Donnez moi, Seigneur, votre eau di

vine.

Qu'elles confiderent que Dieu, en les faifant Chrétiennes, les a mifes en un fecond Paradis qui eft l'Eglife, ou fe trouve le fruit de vie qui eft le Saint Sacrement; & que les ayant choi. fies pour le culte de Ce myftere facré, il veut