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Sur le verfet Sufcipe me, &c. Ecevez moi, Seigneur, felon vôtre parole, & je vivrai, & ne me confondez point de mon esperance.

REC

Ces paroles font d'un faint Prophete, auquel Dieu même avoit rendu ce témoignage, qu'il l'avoit trouvé felon fon cœur. Il fait neanmoins cette priere à Dieu, & lui demande qu'il le reçoive, comme fe reconnoiffant indigne de l'acceptation de Dieu, qui voit dans les ames des plus juftes la concupifcence, & la corruption naturelle, qui leur eft toûjours une occafion de trembler, quelque grace que Dieu leur ait faite.

Que fi l'on ajoûte à cette caufe generale & commune à tous, les caufes particulieres & fes propres pechés, quel fujet n'a-t-on point de craindre d'être rejetté de Dieu, fe voyant compris dans les menaces qu'il en fait dans l'Ecriture fainte, comme celle-ci : parceque tu es tiede, je te vomirai de ma bouche?

Apprehendez que cette tiedeur dans laquelle Vous avez paflé vôtre Noviciat, ne rende defagreable ou moins agreable à Dieu l'offrande que vous lui voulez faire de vôtre cœur ; priezle de vous échaufer de fon amour; vous fervant des paroles qui fe difent au faint Sacrifice de la Meffe:

Seigneur, allumez en mon cœur le feu de vôtre amour, la flamme de vôtre éternelle charité,

C

Ette

Selon vôtre parole.

Dieu nous

parole nous apprend que traite felon l'arrêt éternel & le deffein qu'il a fait de nous fauver; à quoi les ames n'ont aucune part, étant prédestinées avant leur création felon le bon plaifir de Dieu, qu'elles doivent adorer & aimer, voyant que par sa charité infinie il les a féparées de cette maffe de corruption & de damnation, qui enveloppe tous ceux qui ne font point dans l'Eglife, laquelle eft la demeure de tous ceux qui font appellés, mais qui ne font pas tous élûs, étant neceffaire pour cela non feulement d'avoir la vraye foi, inais auffi de vivre conformement à ce qu'elle enfeigne; ce qui ne fe trouve gueres aujourd'hui que dans les perfonnes feparées du monde, & retirées dans les Monafteres, où l'on regle fa vie felon l'Evangile. C'eft donc dans la vûe & la reconnoiffance que vous devez avoir de la grace que Dieu vous a faite, de vous avoir fait Chrétienne & Religieufe, que vous devez humblement efperer que vous aurez part aux promeffes de Dieu; ce qui doit rehauffer vôtre confiance en lui autant que vous avez fujet de vous défier de vous-même.

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fait neanmoins qu'aux ames aufquelles il donne le deffein & la volonté d'y correspondre.

C'eftpourquoi pour les obtenir, il faut reprefenter à Dieu le defir qu'on a de lui en rendre l'ufage, qui eft ce que fignifient ces paroles de David: Je vivrais c'eft-à-dire, je vivrai pour vous, en vous, & de vous. Je ne vivrai plus à moi-même, fuivant mes inclinations, ni pour moi-même, en recherchant mes interêts & mes fatisfactions, ni par moi-même, en agiffant par mes propres forces; je ne vivrai plus à ma propre volonté, à mon propre fens, &c. mais à l'obeiffance, à la foûmiffion, â la dépendance, & à tout ce que la grace vivante en moi m'infpirera & me fera faire.

Et ne me confondez point de mon

attente.

Notre mifere & nôtre foibleffe eft fi difproportionnée à la vie de la grace, que fans un continuel fecours de Dieu, quelque bonne volonté que nous ayons, nous venons infenfiblement à nous relâcher & à déchoir de nos premieres refolutions; enfuite dequoi, fi Dieu vient à retirer fa grace, nous tombons

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dans la confufion, c'eft-à-dire dans le peché; ce que fainte Cecile apprehendoit, lorfqu'elle ptioit Dieu, qu'il rendît fon cœur & fon corps fans tache, depeur qu'elle ne fût confondue. Que fi une telle Vierge a eu cette ap prehenfion, que ne devons-nous point craindre & par quelle voye pouvons-nons éviter malheur, finon en priant Dieu fans ceffe de nous en préserver?

ce

Elle demande à Dieu la pureté de fon cœur avant celle de fon corps, pour apprendre aux Vierges que leur pureté exterieure dépend de celle de leur cœur ; c'està-dire de la droiture de leur intention dans leurs actions, étant peu de chofe de fe maintenir dans la pénitence de la Religion en ce qui regarde le corps, fi on n'y joint la pénitence de l'efprit.

Que fi l'on a foin de conferver tous les deux, ou plûtôt de prier Dieu qu'il nous les conferve, nous aurons fujet d'efperer que Dieu nous fera fidele, & qu'il ne nous confondra point de l'efperance que nous avons en sa misericorde. Il faut remarquer que ce verset fe dit après avoir prononcé les vœux par lesquels on renonce aux trois objets de la concupifcence, pour nous apprendre que nous n'avons point de droit de demander à Dieu qu'il nous reçoive, qu'après nous être feparées de tout ce qui lui eft defagreable, & de tout ce qui nous peut porter au peché.

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PENSE'ES SUR LA PROFESS. Enfuite de cette priere, l'on fe profterne trois fois, pour reprefenter les trois immersions qui fe faifoient au Baptême, dont la Profeffion eft le renouvellement.

On demande à Dieu la vie, c'est-à-dire la vie éternelle, parcequ'il n'y peut avoir de vraie vie en la terre. On lui demande encore la grace de lui être fidele dans la fouffrance, qui eft la feule chofe qui nous ôte la crainte d'être confondues, parcequ'elle nous eft un témoignage de l'amour de Dieu, qui corrige fes enfans, & que c'eft auffi par l'affliction & par la fouffrance qu'on témoigne à Dieu qu'on l'aime gratuitement.

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