Moi BELISE. , qui du Mariage abhorrois jusqu'au nom, Et qui me fuis aquis par là tant de renom. FRONTIN. Moi, le Sénéchal Groux, Cauftique Philofophe, Qui raille l'époufeur, l'infulte; l'apostrophe. BELISE. J'appelle un mariage un Dedale, un écuëil. Ma prifon des défirs, des vivans le cercuëil. Un abîme. Et voilà qu'un penchant infenfible... Vers l'abîme une pente... BELISE. Qui, douce... FRONTIN. Imperceptible. BELISE. Me mene au bord. FRONTIN. Le pied me gliffe, & m'y voilà. M'y voilà. Mais du moins le monde conviendra BELISE. Mais tout mon embarras, Monfieur le Sénéchal, Pendant que nos amours font encore fecrets, BELISE. C'eft mon intention. Je vais de mon Notaire Prendre pour ce neveu quelque fomme d'argent. Sans doute il me rendra mon Billet à l'inftant. Mais fi ma foeur decouvre... ah! le coeur me palpite. Par raifon & par honte avec foin je l'évite, Depuis que je vous vois, je n'ofe plus la voir elle fort. FRONTIN. FRONTIN. Il faut que je l'évite. Mais non ; ôrons cela: je vais l'attendre icy. Le temps preffe, tiens, prens cette perruque-cy: En nouant celle-là, jaurai l'air plus comique, Folatre, negligé, c'est le Chevalier Clique. Pour charmer une folle il faut extravaguer. i ARAMINTE prenant toutes ces paffions l'une dire, Et plaifantes. Je vais d'abord vous faire rire. Commençons par vous faire admirer ma conduite. Douceur & complaifance ont caché mes chagrins; Cependant en fecret j'efperois, mais je crains.. Au refte je reffens une joye infinie, Vous m'allez delivrer de cette tirannie De ma foeur...& de plus je hais ce neveu-là. Parlez de vôtre amour, & l'on y répondra. FRONTIN. Si je me tais, c'est parce que la foule Des mêmes paffions dont le tourbillon roule En vous, ainfi qu'en moi, m'empêche de parler; Car en vivacité j'ofe vous égaler. Trifteffe, joye, amour, haine, crainte, espe rance... Mais mon amour fur tout m'a reduit au filence; Je n'ai Į û dire un mot, parce que vous parliez. ARAMINTE. Vous êtes tout efprit, quoique vous vous taifiez; Car vôtre air, vos façons, vos regards, tout s'ex• plique: Tout en vous parle au cœur, mon cher Chevalier Clique. FRONTIN. Tout en vous étant beau, tout en moi vous ai mant, Tout en moi, tout en vous par un rapport char mant, Tout en vous, tout en moi demande mariage. ARAMINTE. Il eft vrai. Mais je crains ce Dedit qui m'engage, Et je crains encore plus cette fevere foeur, Qui croit que c'est un crime, helas ! d'avoir un cœur, Et qui fit faire au mien ce vœu d'indifference Je n'en ai que vingt-cinq, mais je ferois venu C'a, le temps étant cher pour nous, comme il doit l'être. Voyons, vite, reglons, qu'avez-vous refolu? J'ai vu, revu, reglé, déterminé, conclu: Mais à l'effentiel il faut d'abord pourvoir Avant qu'à vôtre foeur nous declarions l'affaire, Oui, j'ai tout retiré ; car c'est mon interêt Qu'avant què ma foeur fçache, helas! mon mariage , C: Dedit foit rompu: je fuis prudente & fage. Håtez-vous. Je vais voir mes illuftres parens, SCENE IX. ARAMINTE feule. Envoyons au plus vite un Laquais à Valere. vois je ma four rentre avec le Mais que Sur l'argent que j'ai pris elle va s'irriter, 5 લાલ લ SCENE X. ARAMINTE, BELISE. BELISE. Oui, ma fœur a vu monter Le Notaire. Elle va deviner le miftere. ARAMINTE. Je l'avois agitée: ah! je crains la colere. |