Où dirai-je que j'ai voulu placer l'argent ? Ah! je vois qu'elle fait la chofe: il vaut autant Lui dire un fait duquel au moins elle fe doute. ARAMINTE. Il faudra tôt ou tard au fond quoiqu'il m'en coûte, Dire que cet argent eft pour me marier. BELISE. Tôt ou tard à ma foeur il faut me confier. à part. Que. BELISE. Ma foeur... Ma foeur, je pense la peur me faifit. La honte éteint ma voix. Pour placer un argent quand on s'eft fait des loix... ARAMINTE. Quand d'un argent commun toute feule on difpose... BELISE. On devroit avertir qu'on le prend, mais on n'ofe, Vous me le demandez, quelle eft donc vôtre of fenle ? Mais vous-même, ma foeur. ARAMINTE. Dites-moi vos fecrets. BELISE. Ouvrez-moi vôtre cœur. ARAMINTE. Eh mais... vous aurez sçû fans doute du Notaire Que j'ai pris cet argent. BELISE. Vous en aviez affaire. Vous avez eu raison de prendre votre bien; Car chacune à fon gré peut difpofer du fien. ARAMINTE. Pour le placer aillieurs j'ai crû pouvoir le prendre. BELISE. Vous n'avez là-deffus aucun compte à me rendre. J'ai pris le mien auffi. ARAMINTE. Tant mieux, ma foeur, tant mieux. Je calme là-deffus mes defirs curieux. BELISE. Vous avez bon efprit, vous n'êtes point gênante? ARAMINTE. On eft libre avec vous, que vous êtes charmante ! Helas! je ne vous ai jamais gênée en rien, ARAMINTE. Ah! vous n'aurez jamais ce foible-là ! S'il vous venoit pourtant, car la plus fage l'a, Loin de vous condamner, j'aurois la complaifance... BELISE. Ah! foyez für auffi de ma condefcendance. ARAMINTE. Parfois l'une pour l'autre il faut s'humaniser. Helas! je ferois fille à vous autorifer, ARAMINTE. Eh! mariez-vous vite, oui, j'en ferois ravies Car enfin je pourrois... BELISE. Quoi! comment ! ARAMINTE. Mais, ma foeur... BELISE Auriez-vous pû laiffer furprendre vôtre cœur ? ARAMINTE. Ma foeur, que je vous aime! Oui, nous fommes en tout vraiment fœurs en ce jour ARA MINTE.. On fçait que les bons cœurs font tous faits pour l'amour. Vous vouliez refter fille,ah ! quelle extravagance! J'admire, comme vous, avec quelle imprudence Sans doute, chere foeur, fage comme vous êtes, Vous, dont le goût eft fin, exquis, apparem ment Vous avez fait un choix avec difcernement. ARA MINTE, Vif, enjoüé, badin; c'est un jeune homme ai mable. BELISE. BELISE. Celui que j'aime eft jeune, & pourtant refpectable, Sage, grave, pofé. ARAM IN TE. Le mien toûjours en l'air. Une folidité... ARAMINTE. Brillant comme un éclair. BELISE. Qui parle rarement, mais par poids, par mefure, Le mien parle fans cefle, & parle à l'avanture BELIS E. Comme vous. Et je voy, Qu'à notre caractere avec goût vous, & moy ARAMENT E. C'est prudence. BELISE. C'eft fageffe. Le mien a les biens, la naiffance, Homnie en place, eftimé, c'est le Senechal Groux. ARA MINT E. C'est un homme connu... j'ay trouvé comme vous, Un époux noble, mais d'une noblefle antique, Un homme diftingué, c'eft le Chevalier Clique. BELIS E. On en dit du bien, & ... vos fuffrages, ma fœur, Plus que la voix publique encor luy font honneur. ARAM IN TE. Le public à nos choix doit donner des louanges, Mais nous avons d'ailleurs eû des travers étranges Ce dédit par exemple. Nos billets! BELIS F. Ouy, ce déd it d'accord, BELISE. Nos billets! C |