BELISE Allons donc, il faut s'éxecuter. J'ay fur moy ce que j'ay retiré du Notaire, Il m'a donné de quoy terminer cetre affaire, Voyons fi par hazard je n'auray point auffi Vos billets, oüy vraiment, je crois que les voicy. GERONTE. Le marché me paroît bien facile à conclure, VALERE. ARAMINT E. Voilà ma fignature. BELISE Quarante mille francs fur mon Banquier, & dix. ARAM INTE Trente en lettres de Change,& quatorze,& puis fix. GERONTE. Je vous unis tous deux. VALER E. Quel bonheur ! ISABELLE. ARAMINT E. Je refpire Qu'avec un grand plaifir Dedit, je te déchire, ARA MINT E. Nous avons eû grand tort, Promettre à ce Neveu cent mille francs chacunc. Je viens de refufer fa demande importune ARAMINTE. Rofirons du moment. Il ne faut pas attendte, Je viens m'en réjouir pour l'amour d'Isabelle. Je viens de tout mon cœur vous en feliciter, ARA MIN TE. BELIS E. Ah! ma fœur, quel langige? VALERE. Vous allez toutes deux cafin vous marier. ARAMINTE, bas. Pour ne guére donner, ma foeur, il faut nier, BELIS E. Ce bruit eft faux. ARAMINTE. Très - faux. VALERE. Je le croy vray, mes Tantes. BELIS E. Comment! nous prenez-vous pour des extrava gantes. Nous marier, nous ! ARAMINT E. Nous ! non non il n'eft plus temps. , BELISE. Non, vous n'y penfez pas, j'a y plus de quarante ans VALERE. ARAMINTE. La difpute eft plaifante, Je croi que nous fçavons nôtre âge mieux que vous. Il raille, & les billets, ma fœur, qu'il a de nous Ne valent rien, mais rien, c'est en vain qu'il espere. BELISE. Ils ne valent rien. Mais Ifabelle, & Valere, ARA MIN TE. Ouy, nous nous attendriffous, SCENE XII. BELISE, ARAMINTE, VALERE, GERONE, ISABELLE, FRONTIN. No BRONTIN avec un manteau, une petite perruque, & un Os Amans font contens. Il faut nous divertir. Ah !c'eft vous,Chevalier,pourquoy vous traveftir? Ahi c'est le Senechal; quel eft donc ce myftere? Pourquoy n'avez-vous pas vôtre habit ordinaire a FRONTIN. Le voicy, je ne fuis que Chevalier Servant, Il eft folâtre. ARAMINTE. Quoyque Senechal, moy, je porte la livrée, Eft-il devenu fou. BELIS E. ARAMINT F. Ma fœur croit voir en vous fon amant Senechal, Cher Chevalier. BELISE. Ma fœur, nous nous entendons mal; C'est le Senechal Groux. ARAMINTE Mais vous revez, jè pense, C'est mon Chevalier Clique... Ouy, j'ay par complaifance, Mais ne pouvant en moy doubler que l'apparence, Ne pouvant eftre qu'un, je dois en confcience, Avoüer que Frontin n'eft n'y Clique, n'y Groux. BELIS E. Un maraut de Valet taite un tel perfonnage ARA MINTE. Un Valet ! BELISE. Un Valet ! GERONT E. Le party le plus fage, C'eft de nous demander là-deffùs le fecret. ISABEL I. E. Pardonnez au Neveu la rufe du Valet. Ah! ma fœur, BELIS F. ARA MINT F. Ah! ma fœur, cachons leur nôtre honte. VALERE. La peur qu'elles auront qu'on n'en fasse un bon conte Peut-être les rendra moins injuftes pour moy. En Morale Comique,il eft permis, je croy, |