Abduxêre retrò longè capita ardua ab ičtu: Immifcentque manus manibus, pugnamque laceffunt. 430 Ille pedum melior motu, fretufque juventá: Hic, membris & mole valens ; fed tarda trementi rantir. Ils s'accrochent, ils fe provoquent. Le plus jeune a les jarrets plus fouples; l'autre plus de force & plus de maffe. Mais les genoux lui tremblent, & a refpiration eft gênée. Parmi les coups qu'ils fe portent, les uns font éludés, les autres tombent avec bruit fur la poitrine & fur les flancs. Une main agile erre autour de leurs oreilles & de leurs tempes; leurs mâchoires retentiffent fous les coups. Entelle tient ferme, appuyé fur lui-même. Son œil vigilant voit venir fon adverfaire, & d'un mouvement du corps il fe dérobe à fes attaques. Darès, femblable à un général occupé du siege d'une ville, ou d'un château placé fur une éminence, voltige autour de fon ennemi, cherche fon endroit foible, & lui livre mille affauts inutiles. Entelle fe dreffe & leve les bras pour le frapper; Darès qui juge le coup, l'efquive par fon agilité. Il porte à faux, & le vieillard entraîné par fon propre poids, tombe lourdement à terre: femblable à un vieux pin, qui déraciné tombe du mont Ida ou de la montagne d'Erymanthe. Alors, Troyens & Siciliens, tous prennent part à fa chûte, fe levent & pouffent des cris. Acefte accourt le premier, & touché du malheur de fon ami, l'aide à fe relever. Cet accident ne retarda point Entelle, & ne le découragea pas. Plus furieux, il retourne au combat, & la colere augmente fes forces. Il est animé par la honte de fa chûte, & par le fouvenir qu'il a de fes anciens exploits. Il poursuit donc Darès à grands coups, & le mene battant par toute l'arêne. Il frappe de la main droite & de la gauche, fans interruption. Point de trève, point de relâche. Ainfi qu'on voit tomber la grêle fur un toit; ainfi les coups tombent fur Darès. Entelle frappe des deux mains; frappe fans ceffe: il pourfuit, il accable fon adverfaire. Enée qui ne voulut pas que le combat allât plus loin, & que la colere emportât Entelle à l'excès, mit fin à l'action, tira Darès de fes mains, le confola par fes careffes, & lui adreffa ces paroles. In 465 Infelix! quæ tanta animum dementia cœpit ? Et quà fervetis revocatum à morte Dareta. Hanc tibi, Eryx ! meliorem animam pro morte Daretis 485 Protinus Eneas celeri certare fagitta fortuné Darès, quel aveuglement eft le vôtre? N'avez-vous pas apperçu qu'Entelle étoit aidé d'un secours étranger; & qu'une divinité ennemie combattoit contre vous? Cédez au Dieu qui fe déclare en faveur d'Entelle. Ainfi parla Enée, & le combat ceffa par fon ordre. Les amis de Darès le foutinrent pour le reconduire à fon vaiffeau. A peine pouvoit-il fe traîner. Sa tête meurtrie étoit tantôt penchée fur une épaule, & tantôt fur l'autre. Il vomiffoit à grands flots un fang épais, mêlé avec les dents. En cet état, on le ramena à la flotte. On appella fes amis, & on les chargea du cafque & de l'épée deftinés au vaincu. La palme & le taureau refterent à Entelle. Alors ce vainqueur, fier du fuccès & tout glorieux du prix qu'il remportoit: fachez, Seigneur, dit-il à Enée, & vous Troyens apprenez quelles furent mes forces au tems de ma jeuneffe, & combien la mort étoit inévitable à Darès, fi vous ne l'euffiez fauvé de mes coups. Il dit, & auffi-tôt il fe place vis-àvis du taureau qui lui étoit destiné pour prix. Il éleve le bras, & fe dreffant fur fes pieds, lui décharge un coup de fon cefte entre les deux cornes. Du coup il lui fendit le crâne, & en fit voler la cervelle. Le bœuf s'ébranle, chancele & tombe lourdement à terre. Erix! puiffant Erix, dit alors Entelle, reçois une victime plus digne de t'être offerte , que celle qu'on arrache de mes mains! Puis il ajouta je renonce ici à mon art, & j'en dépofe les inftruments pour ne les reprendre jamais. Sans perdre de tems, Enée invita ceux qui voudroient tirer de l'arc, & propofa des prix aux plus adroits. Une grande troupe de gens fut employée à planter au milieu du cirque un mât du vaiffeau de Sérefte. Au haut on attacha, avec une corde, un pigeon vivant pour fervir de but. Les tenants fe préfenterent. Leurs noms furent jettés dans un cafque, pour être tirés au fort. Le premier qui fortit fut celui d'Hippocoon, fils d'Hirtacus. Le fecond fut celui Quem modo navali Mneftheus certamine victor Confequitur, viridi Mnestheus evinctus olivâ. 495 Tertius Eurytion, tuus, 6 clariffime frater, Pandare! qui quondam juffus confundere fœdus, In medios telum torfifli primus Achivos. Extremus, galeâque imâ fubfedit Aceftes, Aufus & ipfe manu juvenum tentare laborem. 500Tum validis flexos incurvant viribus arcus Pro fe quifque viri, & depromunt tela pharetris : Primaque per cælum nervo stridente fagitta Hyrtacida juvenis volucres diverberat auras. Et venit, adverfique infigitur arbore mali. 505 Intremuit malus, timuitque exterrita pennis Ales, & ingenti fonuerunt omnia plaufu. Poft acer Mneftheus adducto conftitit arcu, Alta petens, pariterque oculos, telumque tetendit. Aft ipfam miferandus avem contingere ferro 510Non valuit; nodos & vincula linea rupit, Queis innexa pedem malo pendebat ab alto. Plaudentem, nigrå figit fub nube columbam. Oftentans artem pariter, arcumque fonantem. |