페이지 이미지
PDF
ePub

a

dans lequel il a évité un mot commun 5, & prefque inévitable, feulement parce qu' ne lui plaifoit pas. Mi Vaugelas emploïoit-il mieux fon temps, lui qui a été trente années à traduire QuinteCurce: encore a-t-il laiffé cet ouvrage imparfait, tout petit qu'il eft. A propos dequoi je remarquerai que de cinq ou fix différentes traductions qu'il a laiffées à la marge de fon livre, la premiere a été généralement approuvée comme la meilleure. Ses premieres pensées étoient naturelles, & les autres ont paru plus gênées & plus tirées.

Mr Péliffon dans fon Hiftoire de l'Académie, nous a donné un Panégyrique du Roy son Maître. C'eft apparemment un effai de l'éloquence Françoise: il y eft en cinq langues différentes ; chacun

a M. de Gomberville. V. Hist. Acad. Franc, b Car.

P. 50.

ibid. P. 213.

le peut lire en celle qu'il fçait, & voir en quelque maniere à quel degré de perfection l'éloquence eft parvenue chez nos voiĥins. Il eft vrai que la traduction Angloife eft pitoïablement eftropiée, & tout-à-fait différente du fens de l'Auteur. Mais à en juger par l'original, je ne crois pas que M. Péliffon ait réprésenté fon Héros avec d'auffi belles couleurs, que Pline a peint Trajan, que Ciceron * a peint Pompée & Céfar.

Les mêmes Académiciens dans cette Hiftoire & dans la Préface de leur Dictionaire, nous ont promis une Rhétorique. Nous ne la tenons pas encore. Comme ils doivent commencer par une Grammaire, s'ils y mettent à proportion autant de temps qu'au Dictionaire, il y a apparence que la Rhétorique eft réservée pour notre postérité, & que nous * Pro Lege Manil. Pro Marcel. & pro Lig,

ne la verrons pas.

Les Anglois ne fe font pas donné tant de peines que leurs voifins ; ils n'ont pas eu, comme eux, la précaution d'établir des Académies, travailler au propour grès de féloquence; mais en quelque état qu'elle foit chez eux, on ne peut pas leur reprocher d'avoir fait de vaines tentatives. Les François ont compofé fur ce fujet d'amples volumes; ils les ont fort vantés; & à peine fçai-je que Anglois en aïent fait aucun, foit que leur génie les porte à préférer l'énergie du ftile à la beauté, ou que par confiance en leur force naturelle, ils méprifent les fecours de l'art. Leurs voifins* les ont accufés d'avoir un goût d'éloquence qui n'eft pas fort agréa ble; & de commencer le plus fouvent leurs difcours par quelque

les

*V. Com. ap. Journal des Sçavans, an 65. p. 100.

Prophétie, ou par quelque histoire furprenante. Suppofé que cela fût, ce ne feroit pas tant un effet de leur incapacité, que de leur condefcendance au caractere d'un peuple trop attentif aux prophéties & aux hiftoires merveilleufes,

Depuis deux cens ans qu'on a fait cette remarque pour la premiere fois, l'éloquence a eu plufieurs révolutions; & préfentement elle est bien différente de ce qu'elle étoit. A la vérité tous ces changemens en démontrent l'incertitude,& nous portent à croire qu'elle dépend en quelque maniere du caprice, & que le fondement n'en eft ni stable, ni bien établi.

Il ne faut pas remonter bien haut, pour trouver encore de ces temps de ténèbres, pendant lefquels l'éloquence pouvoit bien être au même point qu'on dit l'avoir remarqué dans un fiècle a

veugle, où les fables étoient à la mode, & où le peuple étoit entretenu dans l'ignorance, & conduit par le récit des merveilles. Sous le regne d'Henri VIII. on s'eft appliqué aux Sciences; on a recherché la pureté de la langue Latine. Les Auteurs même, qui ont écrit en Anglois au temps d'Elifabeth, femblent avoir imité le ftile de Ciceron, foit en faifant de longues périodes, foit en jettant fouvent le verbe à la fin de la phrase. On a plutôt dégénéré, qu'on ne s'eft perfectionné dans le regne fuivant. La plupart des Ecrivains y ont eu un ftile trop recherché; rien ne plaifoit fans une mefure & une cadence bizarre de mots. Sous Charles I. les Auteurs ont quitté cette maniere d'écrire: mais ils ont inféré dans leurs difcours tant de passages Grecs & Latins, que nous aurions peine aujourd'hui à ne les

pas

« 이전계속 »