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POUR LE SIXIEME JOUR après Noël.

DE L'EPITRE.

Lorfque nous étions encore enfans, nous demeurions affujettis aux premieres inftruc tions que la loi donnoit au monde. S. Paul aux Gal. chap. 4.

I

L y avoit du Juif au Chrétien, toute la diftance de l'enfant à l'homme formé : or, qu'arrive-t-il quand on veut infpirer aux enfans les premiers élémens de la Religion? On leur propofe des objets dont ils ne fe forment que des idées groffieres, on charge leur mémoire d'inftructions dont ils ne retiennent fouvent que la lettre, fi l'on n'a foin d'y jɔindre des réflexions qui foient à leur portée: on les accoûtume à de petites pratiques qui n'excitent en eux que des fentimens informes; du refte, ce qui les touche ordinairement, fi on les abandonne à leurs fentimens naturels, c'eft la récompenfe qu'on leur montre & la peine dont on menace leur indocilité. Tels étoient le plus fouvent les effets de cette loi qui ne conduifoit à rien de parfait, dit l'Apôtre. Ses lumieres étoient bornées, fes connoiffances obfcures; fon culte exerçoit fur-tout les fens, & fes promeffes, prifes à la lettre, n'élevoient point l'ame: on y fervoit

Dieu plus pour les bien du temps & par la crainte des châtimens, que par l'amour qui étoit foible. Mais l'Evangile apprend à l'homme à fervir Dieu pour lui-même, & d'une maniere digne de Dieu; c'eft dans l'avenir qu'on lui montre ce qu'il doit efpérer & ce qu'il doit craindre: on veut qu'il compte pour rien les biens & les maux préfens : on épure fes motifs, on régle fes fentimens, on lui apprend à fe réformer & à diminuer fans ceffe, principalement par la charité, le poids de la cupidité; on le conduit enfin jufqu'à la perfection de la juftice.

Qu'on mette donc les inftructions de Moïfe auprès de celle de Jefus-Chrift; ce font les ombres auprès du grand jour. Mais qui eft-ce aujourd'hui qui connoît bien tout le prix de cette lumiere? Avons-nous quelque empreffement de fuivre les ouvertures que le Chrif tianifme nous donne? Quelle attention faifons-nous aux vûes de juftice & de perfection qu'on découvre dans fes maximes? Le grand nombre parmi nous n'eft-il pas encore de ceux qui reffent affujettis aux élémens les plus groffiers? Et combien de Chrétiens qui ne font pas moins enfans que les Juifs! Qu'on ne s'y trompe pas: tous les amateurs du monde & des créatures n'appartiennent pas au Nouveau Teftament, dit S. Auguftin. Ne defirer que ce qu'on voit ; n'être occupé que du foin de fe rendre heureux fur la terre; ne fervir

Dieu que comme un maître févére dont on craint les châtimens, négliger de s'inftruire de toute la fainteté qu'il exige de nous, ou fe croire toujours affez inftruit; mener une vie toute conduite par les fens ; ne fe défendre que des vices groffiers; fe permettre tout ce que la lettre de la loi ne condamne pås, fans fe mettre en peine d'en pénétrer l'efprit, c'eft devenir semblable aux Juifs groffiers, & fe rendre Jesus-Chrift inutile. Y réfléchiffonsnous affez, & comprenons-nous jufqu'où fe rendent coupables ceux qui profitent fi peu de la fcience du falut?

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, PRIERE.

Uelle honte, mon Dieu! Et qu'eft devenue notre gloire ? Hélas! autrefois un fimple artisan parmi nous en savoit plus fur les fecrets de la Divinité, que le plus habile des Philofophes: on faifoit toute fon étude de la nouvelle Philofophie de l'Evangile, & la pureté des mœurs répondoit à celle des maximes: jamais le monde n'avoit rien vû de fi parfait que les Chrétiens. Aujourd'hui, c'eft prefque inutilement que la lumiere nous eft offerte, Ne nous flattons pas : une indifférence fi coupable, mérite les derniers châtimens, & nous fera rentrer dans les ténébres que nous aurons aimées. Nous ignorons, & nous ferons ignorés. Ab, Seigneur! ne permettez pas que ce malheur m'arrive jamais : ne cellez point de m'éclairer, ô Pere des lu

mieres! ouvrez de plus en plus mes yeux aux merveilles de cette loi jufte, fainte & facile, que vous nous avez donnée par votre Fils; elles font toujours plus nouvelles à qui les connoît bien mais infpirez-moi fur-tout l'amour chafte & ardent de ce que vous me révélez, afin que la ferveur de mes defirs aide encore à l'accroiffement de mes connoiffances, & que la charité me faffe de plus en plus entrer dans la vérité qui doit me mener à la justice parfaite.

DE L'EVANGILE.

Cet Enfant eft pour la perte & pour le falut de plufieurs dans Ifraël. S. Luc. chap. 2.

C

Ette différence de la destinée des hommes eft, fans contredit, de toutes les vérités de la Religion la plus terrible, & de toutes les profondeurs de Dieu la plus impénétrable à l'efprit humain : il n'eft réservé qu'à fon incompréhenfible fageffe de fçavoir les raifons de la préférence qu'il fait de ceux qu'il choifit, en les tirant de la maffe de perdition, à ceux qu'il y laiffe, & qui meurent dans la réprobation. Ces raifons, felon Saint Paul, ne peuvent être apperçûes par nos foibles lumieres ; & fa juftice comme fa miféricorde, nous font également inacceffibles dans leur profondeur: toujours Dieu & toujours également adorable dans l'une & dans l'autre. C'est le premier fentiment que la vûe de

cette

cette terrible vérité doit produire dans l'homme chrétien, en abattant pour toujours fon orgueil aux pieds du Maître fuprême qu'il a fur fa tête, & dont l'Efprit fouffle où il veut, quand il veut, & comme il veut.

Mais cette même vérité a pour chaque Chrétien en particulier, différentes faces qui ne font point contraires l'une à l'autre, & qui fe réuniffent avec fruit dans les conféquences qu'on en tire. L'Evangile qui eft notre régle, nous apprend à les tirer ces conféquences; & Jefus-Chrift ne nous propose nulle part ce profond Myftere comme un fimple objet de fpéculation qui ne tende qu'à étonner l'efprit en affligeant inutilement le cœur. La grace de notre vocation eft réelle; la confiance nous eft commandée, les promeffes nous font adreffées, les conditions font attachées aux promeffes, & Dieu ne prédeftine point la fin fans la prédeftination des moyens qui y conduisent. Quiconque renonce donc aux conditions & aux moyens, renonce néceffairement aux promeffes & au terme où elles conduifent : c'eft à quoi il faut fe fixer, & tout eft ici de pratique. Ainfi, quoiqu'il ne ne nous convienne pas & qu'il ne nous foit pas donné de connoître les décrets éternels de Dieu fur le fort des Chrétiens qui vivent dans l'Eglife, rien cependant n'eft plus fenfible dans l'exécution, que la différence de leurs mérites & celle de leur conduite : c'est l'us Tome I. K

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